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Sonny Nguyên, co-fondateur de la chaîne 7 Leaves Café, dans la rue Garden Grove du quartier Little Saigon (États-Unis). |
L’un des plus beaux souvenirs d’enfance de Sonny Nguyên, copropriétaire de la chaîne de boissons 7 Leaves Café, est lorsqu’il se rendait dans des restaurants dans le quartier Little Saigon (Petit Saïgon) avec ses parents.
“Environ une fois par mois, on sortait avec ma famille au Little Saigon pour y manger et on choisissait presque toujours le +pho+ (soupe de nouilles à la viande de bœuf ou de poulet), partage Sonny Nguyên, 38 ans. C’était pour moi une très grande joie et une super expérience, j’en garde un excellent souvenir”, se souvient-il.
À l’époque, Little Saigon comprenait seulement quelques restaurants qui proposaient des plats authentiquement vietnamiens, servis principalement aux Vietnamiens arrivés aux États-Unis “en manque” de leurs plats natals, introuvables de ce côté-ci du globe.
Little quartier devenu grand
Au fil du temps, après plusieurs décennies, le quartier s’est métamorphosé avec ses nombreux restaurants et autres cafés, les uns contre les autres. La cuisine fusion y est reine. Petite parenthèse, qu’est-ce que la cuisine fusion ? C’est une tendance. Il s’agit d’un mélange entre les cultures et les cuisines. Cela peut vouloir dire préparer des produits locaux selon une technique culinaire inhérente à une autre culture, rendant l’origine de ce plat indistincte.
On peut y trouver par exemple des churros (originaires d’Espagne), des donuts (d’Amérique du Nord) et des tacos (du Mexique) préparés à la manière asiatique. “Tout a complètement changé, commente Sonny Nguyên. Le Little Saigon d’aujourd’hui est le fruit des efforts de jeunes Viêt kiêu (Vietnamiens résidant à l’étranger) aux États-Unis. Inspirés des caractéristiques des cuisines du monde, on y fait de merveilleux plats et boissons”.
Lui-même a également contribué au développement de Little Saigon. En effet, 7 Leaves Café est réputé pour ses deux breuvages : le thé au lait au haricot mungo et le café au lait glacé. Ce dernier, dont la recette est modifiée, est très populaire car il ressemble au frappuccino (boisson à base de café, de lait et de glace pilée, popularisée par la chaîne Starbucks).
Lieu de rendez-vous cosmopolite
Little Saigon a diversifié le goût des habitants du comté d’Orange. |
Photo : VNE/CVN |
Selon la professeur Linda Trinh Vo, spécialiste de la culture des Américains d’origine asiatique à l’université de Californie à Irvine (University of California, Irvine ; communément appelée UC Irvine), ledit quartier n’est plus un lieu où se réunissent seulement les Vietnamiens qui sont à peine arrivés aux États-Unis et qui ne maîtrisent pas l’anglais. “Little Saigon attire actuellement des gens de toutes parts. Il est devenu un centre phare de création gastronomique”, commente la spécialiste.
Le quartier est fréquenté par non seulement des Asiatiques de souche, mais encore des Afro-Américains et des Latino-Américains, entre autres. “Environ 80-90% de notre clientèle n’est pas Asiatique !”, fait savoir Loan Nguyên, patron de la chaîne The Loop, réputée pour ses churros de style fusion. De fait, des plats vietnamiens sont devenus populaires. “Little Saigon a diversifié le goût des habitants du comté d’Orange. Aujourd’hui, la réputation du +bánh mì+ n’est plus à faire grâce à certains restaurants du quartier”, ajoute-t-elle.
Toujours selon Linda Trinh Vo, les jeunes Viêt kiêu vivant aux États-Unis ont grandi dans la diversité culturelle et ont donc toujours été au contact de différentes cuisines. La pratique des réseaux sociaux en matière de publicité a également bénéficié au quartier. Dynamique et en effervescence, Little Saigon est devenu le “must-go” à la mode des amoureux de la cuisine fusion asiatique.
Hop Pham, co-fondateur du restaurant Dos Chinos, dont le menu se base sur un mélange des cuisines vietnamienne et mexicaine, raconte : “Quand j’étais enfant, j’avais des amis mexicains. Ils m’ont servi un plat à base d’une sorte de cactus. J’ai d’abord pensé que c’était une blague, que ce n’était pas comestible. Ce truc était bourré d’épines ! Et pourtant, j’ai complètement changé d’avis après y avoir gouté. C’était franchement délicieux”, partage-t-il. À Dos Chinos, on peut ainsi savourer des tacos mexicains dont la farce est confectionnée “à la vietnamienne”.
De plus en plus de Viêt kiêu y viennent pour tenter leur chance, certains d’entre eux ont même quitté un travail rémunérateur, pour y monter leur business. “Au-delà du prix bas de location et de la réussite prometteuse, la raison principale qui les pousse à ouvrir des restaurants et des cafés à Little Saigon réside dans la volonté de contribuer à la communauté vietnamienne locale”, déclare Tam Nguyên, ancien président de la Chambre de Commerce des Américains d’origine vietnamienne du comté d’Orange.
“Nous voudrions maintenir et développer des activités et services commerciaux à Little Saigon, afin que le quartier soit toujours un point de repère culturel et culinaire pour les prochaines générations”, confie-t-il.
Trong Kha - Mai Quynh/CVN