>>Londres et l'Italie se reconfinent pour éviter un rebond de l'épidémie
Le Palais Chigi, siège du gouvernement italien, illuminé aux couleurs du drapeau national, le 12 janvier à Rome. |
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"Le Conseil des ministres a validé le #RecoveryPlan, le plus grand plan d'investissement jamais engagé en Italie", s'est félicité le ministre de l'Économie, Roberto Gualtieri, sur son compte Twitter.
Ce "Recovery plan" qui doit encore passer au Parlement pourrait toutefois sonner le glas de l'alliance gouvernementale entre des partis de centre gauche (Parti démocrate/PD et Italia Viva/IV) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème).
Le patron d'Italia Viva, l'ex-président du Conseil Matteo Renzi, s'était engagé à ne pas torpiller l'adoption du plan, et ainsi ne pas retarder l'arrivée des fonds européens. Mais il avait posé des conditions sur son contenu, qu'il juge insatisfaites et menace donc de sortir du gouvernement les deux ministres de son petit parti.
"Nous prendrons une décision demain matin et demain après-midi 13 janvier nous l'annoncerons de façon totalement libre lors d'une conférence de presse" fixée à 16h30 GMT, a indiqué M. Renzi sur la chaîne de télévision RAI3 mardi soir 12 janvier.
Les deux ministres d'IV, Teresa Bellanova (agriculture) et Elena Bonetti (famille), se sont abstenues lors du vote sur le plan de relance.
"Il n'y a plus de majorité", devait titrer mercredi 13 janvier le grand quotidien La Repubblica.
M. Renzi reproche au chef de l'exécutif, Giuseppe Conte (indépendant), d'avoir arbitré au détriment de l'investissement et des réformes structurelles. Il réclamait également que le pays fasse appel au Mécanisme européen de stabilité (MES), dispositif dont le but est d'aider les pays de la zone euro en difficulté.
Il a fustigé "un gouvernement qui dilapide l'argent de [ses] enfants".
Giuseppe Conte a pourtant accepté de revoir sa copie. Il a plus que doublé les fonds alloués à la santé et relevé la part des investissements, qui atteint désormais 70%, contre 21% pour les incitations fiscales et autres bonus. "Il manque le MES", a martelé M. Renzi.
"Partie de poker"
Plusieurs options sont à présent sur la table: démission des deux ministres d'Italia Viva, remaniement ou nouveau président du Conseil.
Sans l'appui des 18 élus d'Italia Viva au Sénat, Giuseppe Conte perdrait sa majorité de 166 sièges sur 315 et l'Italie devrait alors retourner aux urnes.
Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, lors de sa conférence de presse de fin d'année, le 30 décembre 2020 à Rome. |
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Un scénario catastrophe pour M. Conte qui n'est toutefois pas privilégié par les experts.
Car ni Italia Viva, crédité de 3% des intentions de vote dans les sondages, ni les autres membres de la coalition n'ont intérêt à se saborder, l'opposition de droite et d'extrême droite étant assurée de remporter des législatives anticipées.
"Conte est fini. La droite est prête", a lancé mardi soir 12 janvier le chef de la Lega (extrême droite), Matteo Salvini, en embuscade.
Vers un remaniement
Giuseppe Conte juge qu'il lui sera "impossible de refaire un nouvel exécutif avec le soutien d'IV" en cas de retrait de ses ministres, selon une source. Mais il n'aura pas forcément le choix des armes.
Un remaniement, avec une montée en puissance de ministres désignés par Italia Viva, est considérée comme la sortie de crise la plus probable. Elle dépend toutefois de la volonté de MM. Conte et Renzi de surmonter leurs différends.
Plusieurs ténors de la majorité ont appelé les chefs de parti à la responsabilité alors que l'Italie, qui déplore près de 80.000 morts depuis le début de la pandémie de COVID-19, se mobilise pour accélérer son programme de vaccination de masse.
"En pleine pandémie, une crise serait vraiment incompréhensible et dangereuse", a tonné le ministre de l'Economie (PD), Roberto Gualtieri.
Première bénéficiaire du méga-plan de 750 milliards d'euros adopté à l'été 2020 par les dirigeants européens, l'Italie est très attendue sur ses projets qu'elle doit soumettre à Bruxelles d'ici fin avril, à l'instar des autres pays en attente de fonds.
L'Italie suscite des inquiétudes car le pays a été accusé dans le passé d'utiliser à mauvais escient les fonds européens.
"L'Italie aura un rôle déterminant dans le succès ou l'échec" de cette première expérience de dette commune de l'Union européenne, avait prévenu dès le mois d'août le commissaire européen à l'Économie, et ancien chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni.
Et le plan de relance risque d'alourdir la dette colossale de Rome, qui devrait atteindre 158% du PIB, le deuxième ratio plus élevé dans la zone euro derrière Athènes.
AFP/VNA/CVN