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Lee Se-dol, champion du monde du jeu de go, lors d’une conférence de presse tenue le 8 mars à Séoul. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Lee Se-dol est à 32 ans l’un des plus grands joueurs de l’histoire moderne de ce jeu ultra complexe vieux de 3.000 ans. De mercredi 9 mars à lundi 14 mars, il affrontera le logiciel AlphaGo lors d’une série de cinq parties.
En octobre à Londres, AlphaGo avait battu à plates coutures, par 5 à 0, le champion d’Europe du jeu de go, Fan Hui, joueur professionnel chinois installé en France.
Ce combat devrait être suivi par des dizaines de millions d’amateurs en Asie, de même que par les spécialistes de l’IA.
La complexité du jeu de Go, qui offre davantage de configurations possibles qu’il y a d’atomes dans l’univers, signifie que l’intuition et la créativité sont essentielles pour gagner à très haut niveau.
Le mois dernier, Lee avait assuré qu’il sortirait vainqueur 5 à 0, au pire 4 à 1, expliquant que le niveau de performance démontré par AlphaGo contre Fan était "loin d’être suffisant".
Mardi 8 mars, le grand maître avait l’air moins sûr de lui. Des séances de briefing sur les fonctions du programme informatique lui ont fait prendre conscience qu’AlphaGo pouvait être "bien plus efficace" que ce qu’il pensait au départ.
Le champion d’échecs mondial, Garry Kasparov, lors d’un combat contre l’ordinateur Deep Blue le 7 mai 1997 à New York. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Jeu d’origine chinoise, le go se joue à deux, avec des pions (pierres) noirs et blancs que l’on place sur les intersections d’un plateau quadrillé ("goban"). Le but du jeu est d’occuper le plus d’espace possible, en bloquant peu à peu les pions de l’adversaire et en les capturant.
Les équipes de Google ont associé des méthodes d’IA avancées avec des réseaux comportant des millions de connexions neuronales.
Mais AlphaGo est capable d’éliminer les millions de coups dont un humain sait d’instinct qu’ils seraient stupides.
"Aujourd’hui, je sais comment son algorithme a réussi à réduire le nombre de choix possibles. J’ai le sentiment qu’AlphaGo peut dans une certaine mesure imiter l’intuition humaine", a-t-il dit.
"À présent, je crois que je ne pourrais peut-être pas vaincre AlphaGo avec une marge aussi importante que 5-0. Je dois être un peu plus stressé".
Jusqu’alors, le match le plus célèbre entre l’IA et l’homme était celui qui avait opposé en 1997 le supercalculateur Deep Blue d’IBM et le champion du monde russe d’échecs Garry Kasparov, lequel avait été battu.
Les pierres du Go sont indifférenciées mais le jeu est considéré comme plus complexe que les échecs car elles peuvent être posées n’importe où sur la grille de 19 lignes sur 19.
"Je pense que l’IA va à terme battre les humains au Go et qu’il s’agit de la conséquence inévitable du changement", a ajouté le champion sud-coréen. "Mais les robots ne comprendront jamais la beauté du jeu comme nous, les humains, la comprenons".