L’industrie sucrière cherche à mieux s’adapter aux enjeux d’aujourd’hui

Après 2018, le droit de douane sur le sucre au sein de l’ASEAN sera supprimé totalement. Cela entraînera une forte pression sur cette industrie vietnamienne.

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Le Vietnam exporte du sucre de toutes catégories vers 28 marchés dans le monde. Ses principaux débouchés sont la Chine, la Russie, les États-Unis, la République de Corée, le Royaume-Uni, l’Australie, la Suède, l’Allemagne et les Pays-Bas.

Le Vietnam est actuellement le 14e producteur mondial de canne à sucre et de sucre de canne.
Photo : VNA/CVN

Le pays compte une quarantaine d’usines de transformation de canne à sucre, d’une capacité totale d’environ 150.000 tonnes par jour. Il est actuellement le 14e producteur mondial de canne à sucre et de sucre de canne. Cette filière contribue à 0,5% du PIB national. Cependant, elle doit faire face à de nombreux défis.

Selon Pham Quôc Doanh, président de l’Association de la canne à sucre du Vietnam, l’industrie nationale de transformation de la canne à sucre est approvisionnée par environ 300.000 ha de cultures. Les usines présentent encore des faiblesses malgré l’augmentation considérable de leur rentabilité. Alors que le pays s’intègre profondément à l’économie régionale et mondiale, son secteur du sucre se trouve devant de grands défis en termes de coûts de production et de vente, de productivité, ainsi que de rendement des cultures. Les difficultés seront énormes car à l’horizon 2025, il ne restera plus que 15 sucreries, contre une quarantaine actuellement, à cause des produits importés, a prévu Pham Quôc Doanh.

Parmi ces défis, on peut noter la relative faiblesse du rendement de la production nationale de canne à sucre, qui est de seulement 64 tonnes par hectare, contre une moyenne mondiale de 70 tonnes. Il s’agit aussi des cultures sporadiques, sans mécanisation ni application de nouvelles technologies, ou encore du risque constant de manque de main-d’œuvre chez les usines de transformation.

En outre, le prix de revient du sucre du Vietnam est plus élevé par rapport aux autres producteurs mondiaux. Il est de 50 dollars la tonne contre 30 en Thaïlande, 18-20 en Australie, et 16 dollars au Brésil, le meilleur dans le monde.

Après 2018, le tarif douanier concernant le sucre sera ramené à 0%, contre 30% à l’heure actuelle, au sein de l’ASEAN dans le cadre de l’Accord de commerce des marchandises de l’ASEAN (ATIGA), ce qui entraînera une forte pression sur l’industrie sucrière vietnamienne.

La restructuration est impérative

Ces dernières années, cette filière a dû affronter des problèmes persistants comme le manque de matières premières, de mauvaises récoltes… La poursuite de la restructuration est une urgence pour ce secteur, notamment la création de vastes zones de culture, la fourniture aux cultivateurs de plants à rendement élevé, l’application de nouvelles techniques culturales et la mécanisation de la culture. Mais "le plus difficile est le remembrement des cultures pour former de vastes zones de production. C’est un défi pour le secteur du sucre, mais aussi, plus généralement, pour l’agriculture nationale", a renchéri Pham Quôc Doanh.

L’industrie sucrière s’active pour améliorer sa compétitivité, mais fait face à maintes difficultés.
Photo : Duc Tam/VNA/CVN

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural élabore actuellement un plan de réaménagement de l’industrie sucrière pour 2020 et sa vision pour 2030, avec la révision de plusieurs textes concernant l’essor du secteur. Il étudie également la possibilité de créer un Fonds de développement de la canne à sucre. Selon ce plan, en 2030, la production annuelle nationale devrait atteindre 40 millions de tonnes de canne à sucre, pour 4,5 millions de tonnes de sucre. Dans plusieurs autres pays, les usines de transformation de canne à sucre sont très rentables, car elles fabriquent des produits dérivés tels que alcool industriel, électricité, papier, engrais, etc. Au Vietnam, ces dernières années, beaucoup d’usines ont créé des chaînes de production d’électricité, d’éthanol et d’engrais biologiques en employant la bagasse, ce qui leur a permis de développer leur chiffre d’affaires. Toutefois, "l’investissement dans les produits dérivés n’est pas encore encouragé et nous avons besoin du soutien des ministères et services concernés", a indiqué Pham Quôc Doanh.

Dans le contexte d’intégration de plus en plus profonde à l’international, l’égalité est-elle assurée lorsque les produits des entreprises nationales doivent concurrencer ceux importés, en bénéficiant de politiques d’assistance et d’encouragement du gouvernement. Nul doute qu’il s’agit là de défis non seulement pour la filière de la canne à sucre, mais aussi pour les 33.000 paysans concernés. Hormis les efforts des entreprises nationales, la mise en place de politiques et de mécanismes adéquats constitue une priorité ainsi qu’une condition préalable pour améliorer la compétitivité ainsi qu’accélérer la croissance de ce secteur national.

Thê Linh/CVN

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