Libye: des forces de l'homme fort de l'est aux portes de Tripoli

Des forces de l'homme fort de l'est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, s'approchent de la capitale Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA), suscitant de fortes craintes d'un embrasement militaire dans ce pays divisé.

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Capture d'écran d'une vidéo diffusée le 4 avril sur la page Facebook du "bureau des médias" de l'Armée nationale libyenne.

Deux autorités se disputent depuis des années le pouvoir dans ce pays en proie au chaos: à l'Ouest, le GNA dirigé par Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 par un accord parrainé par l'ONU et basé à Tripoli; à l'Est, une autorité rivale contrôlée par l'Armée nationale libyenne (ANL), autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar.
Jeudi soir 4 avril, des forces de l'ANL ont pris position sur un barrage de sécurité à 27 km à l'entrée ouest de la capitale libyenne Tripoli, selon un journaliste de l'AFP.
Au moins une quinzaine de pick-ups armés de canons anti-aériens et des dizaines d'hommes en uniformes militaires ont pris position à ce point de contrôle connu sous le nom de "pont 27".
Le commandant des opérations militaires de l'ANL dans la région ouest, le général Abdessalem al-Hassi, a confirmé à l'AFP que ses forces s'étaient emparées du barrage sans combat.
Plus tôt, le maréchal Khalifa Haftar a ordonné à ses forces d'"avancer" en direction de Tripoli. "L'heure a sonné", a déclaré le maréchal, ordonnant aux troupes qui lui sont loyales "d'avancer" sur Tripoli dans un message sonore, promettant d'épargner les civils, les "institutions de l'
État" et les ressortissants étrangers.
Les forces de l'ANL sont "aux portes de la capitale", a affirmé en soirée le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l'ANL.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres (gauche), et Ghassan Salame, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, à Tripoli le 4 avril.
Photo: AFP/VNA/CVN

Du côté du GNA, le Premier ministre Fayez al-Sarraj a donné mercredi soir 3 avril l'ordre à ses troupes de se tenir prêtes pour "faire face à toute menace".
De puissants groupes armés de la ville de Misrata (ouest), loyaux au GNA, se sont dits jeudi 4 avril "prêts (...) à stopper l'avancée maudite" des pro-Haftar, demandant à M. Sarraj de donner ses "ordres sans délai".
Jeudi soir, la Force de protection de Tripoli, une coalition de milices tripolitaines pro-GNA, a annoncé de son côté sur sa page Facebook le lancement d'une opération anti-Haftar.
Réunion d'urgence 
Dans un communiqué commun, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé jeudi 5 avril "toutes les parties" libyennes à faire baisser "immédiatement les tensions".
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence vendredi 5 avril à 19h00 GMT, à la demande du Royaume-Uni, pour discuter de la situation libyenne, ont indiqué des diplomates.
"La voie des conflits armés risque d'alimenter une escalade de violence destinée à éloigner, au lieu de rapprocher, un parcours de paix et de stabilité auquel le peuple libyen a pleinement droit", a réagi le président du Conseil italien Giuseppe Conte.
Le général Mesmari a annoncé mercredi 3 avril la préparation d'une offensive pour "purger l'ouest" libyen "des terroristes et des mercenaires", sans identifier davantage ces cibles.
Jeudi 4 avril à l'aube, une colonne de véhicules armés de l'ANL est arrivée au sud de Gharyan, où l'armée du maréchal Haftar a déjà obtenu le ralliement d'un important groupe armé local, selon des images de médias pro-Haftar.
Le général Abdessalem al-Hassi a assuré à l'AFP que ses forces étaient entrées sans combattre dans Gharyan, ville située à 100 kilomètres au sud de Tripoli. Une information toutefois démentie en matinée par au moins quatre sources locales contactées par l'AFP.
Outre l'est libyen, le maréchal Haftar contrôle déjà des pans du sud du pays, vaste région désertique. En janvier, il y avait lancé une offensive pour "purger" cette zone "des groupes terroristes et criminels" et de groupes rebelles tchadiens.
Sebha, chef-lieu du Sud, ainsi qu'un des plus importants champs pétroliers du pays, à al-Charara, sont passés sous son contrôle.

AFP/VNA/CVN

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