"Je ne peux pas supporter de voir mon pays dans cette misère. C'est pour ça que j'étais abattu, plus que par mon problème personnel", a expliqué Giorgos Chatzifotiadis, 77 ans, joint au téléphone par un correspondant de l'AFP à Thessalonique.
Son désarroi, le matin du 3 juillet, alors qu'il se trouvait à l'extérieur d'une agence de la Banque nationale (Bng) de cette ville, avait frappé un photographe de l'AFP qui l'avait immortalisé, assis à même le sol, en larmes, son livret d'épargne et sa carte d'identité par terre, et, sur un autre cliché, levant les bras au ciel. Les images ont eu un très fort impact sur les réseaux sociaux.
Giorgos Chatzifotiadis, 77 ans, est aidé par un employé de la banque et un policier alors qu'il pleure devant l'établissement, le 3 juillet 2015 à Thessalonique. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
M. Chatzifotiadis raconte également que ce vendredi 3 juillet, il avait successivement tenté trois banques fermées pour récupérer une partie de la pension de sa femme, qui souffre de problèmes de santé. Seules quelques banques sont ouvertes cette semaine en Grèce, uniquement pour les retraités, les autres établissement étant fermés jusqu'à mardi 7 juillet dans le cadre d'un contrôle des capitaux.
Lorsqu'à la quatrième banque, ouverte celle-là, "on m'a dit que je ne pouvais obtenir l'argent, je me suis effondré", a-t-il poursuivi sans préciser la raison de ce refus.
Lui et sa femme, comme beaucoup de Grecs du Nord du pays, ont travaillé plusieurs années en Allemagne. C'est depuis ce pays, que les Grecs critiquent fréquemment pour son intransigeance à leur égard, qu'est d'ailleurs virée la retraite de sa femme.
"J'y ai travaillé très dur dans une mine de charbon et dans la fonderie", explique le septuagénaire. Aujourd'hui, "je croise mes concitoyens mendiant quelques centimes pour acheter du pain. je vois les suicides qui augmentent. Je suis une personne sensible. Je ne peux pas supporter de voir mon pays dans cette situation. L'Europe, comme la Grèce, ont fait des erreurs. Nous devons trouver une solution", plaide-t-il.
Lui n'est pas sûr d'aller voter au référendum du 5 juillet organisé par le gouvernement sur les mesures d'austérité proposées par les créanciers UE et FMI. Son bureau de vote "est à 80 km de Thessalonique". Je n'ai pas l'argent pour m'y rendre, sauf peut-être si mes enfants me prennent dans leur voiture...".