L’homme à la mâchoire d’acier

Le maître d’arts martiaux Nguyên Kim Tuân est doté d’une mâchoire exceptionnelle. Depuis six ans il détient le record national de «celui qui décortique le plus rapidement une noix de coco avec les dents».

>>L’artisan qui rêvait de relier le ciel et la terre

«Sans couteau et en peu de temps, je peux décortiquer une noix de coco par divers moyens : avec les dents, avec une main, avec deux pieds…», s’enorgueillit Nguyên Kim Tuân, 53 ans. Chose surprenante : il le fait plus rapidement que quelqu’un équipé d’un couteau. Avec les dents, il ne lui suffit que de 57 secondes s’il tient la noix de coco par la main, d’une minute et 20 secondes sans la tenir. Il peut aussi la décortiquer en 3 minutes avec une main (sans les dents et les yeux bandés) et en quatre minutes en utilisant les pieds. Il peut même plonger dans une rivière avec une noix de coco en main et ressortir quelques minutes après avec le fruit décortiqué. Avec ses dents, il enchaîne les records et les démonstrations de force. Il a vraiment les crocs, Kim Tuân.

Aucune noix de coco ne résiste à la puissante mâchoire de Nguyên Kim Tuân.
Photo : Archives/CVN

Une dentition mise à l’épreuve tout gamin

C’est en 2010, dans le programme télévisé «Les choses insolites du Vietnam», que Nguyên Kim Tuân décroche le titre honorifique de «celui qui décortique le plus rapidement une noix de coco avec les dents». Questionné sur l’origine de la phénoménale force de sa mâchoire, Kim Tuân évoque son enfance chez sa grand-mère maternelle. Dans le jardin trônait un cocotier chargé de fruits. Amateur de lait de coco et d’amande, le petit Kim Tuân allait chercher haut dans l’arbre des fruits bien que sa grand-mère le lui interdisait formellement. Pour ne pas attirer l’attention de celle-ci, il les décortiquait en silence avec ses dents (bien moins bruyant qu’un couteau !).

Avant de se produire devant la caméra il y a six ans, Kim Tuân a dû s’entraîner durant une année entière. «Chaque jour, je décortiquais au moins dix noix de coco avec les dents. Mais, c’est pour cette raison peut-être que j’ai maintenant un problème aux poumons, à cause des poussières», avoue-t-il.

Formation auprès de moines taoïstes

Originaire de la province de Dông Thap, dans le delta du Mékong (Sud), Kim Tuân a commencé à apprendre les arts martiaux à l’âge de six ans. Son père l’a envoyé à un cours donné par des moines taoïstes installés sur la montagne Thât Son. Le jeune homme a suivi avec passion diverses écoles comme celles de Thân Vo Dao, Thiêu Lâm ou Thât Son Vo Dao. Il a obtenu rapidement après la ceinture blanche. Maintes fois, il a participé dans différentes localités du Sud-Ouest à des rencontres d’arts martiaux, où il a empoché nombre de médailles d’or.

Il était à cette époque connu sous les surnoms de «Lion à la tête blonde» ou de «Coq qui sent le roussi». «Ces surnoms devaient venir de mes cheveux châtains et de mon caractère irascible. Oui, j’étais tout feu tout flamme, mais je me suis assagit», explique-t-il. Au cours de ces cinq ans d'aventures martiales, il a rivalisé de talent avec de nombreux et excellents pratiquants, et a pu remporter la plupart des combats. «J'étais un homme belliqueux. À tel point que je perdais l'appétit quand je ne me battais pas», se souvient-il.

Avec une chaîne rouillée de fer attachée à ses yeux, il peut faire avancer un cyclo avec à bord quatre personnes.

En 1985, il entre dans l’armée. Plus précisément, il devient soldat volontaire au Cambodge alors en période de reconstruction après les ravages du régime Khmer rouge. Sa passion pour les arts martiaux ne s’émousse pas, bien au contraire. Plus d’une fois, Kim Tuân s’est vêtu comme un local pour pouvoir prendre part à des concours. En 1987, sa mission internationale accomplie, il rentre au Vietnam, avec malheureusement des blessures qui le rendent invalide.

Toujours de nouveaux défis

C’est en 1993, à l’âge de 30 ans, que Kim Tuân commence à enseigner les arts martiaux aux jeunes. Une révélation. Des centaines d’élèves, venus de tous les coins du Sud, accourent auprès du maître. «Malgré mes deux divorces, j'ai trouvé la joie de vivre dans mes +quyền+ (enchaînements réglementés) et dans la passion des élèves».

Outre décortiquer en un temps record une noix de coco, Kim Tuân peux aussi couper une noix d’arec ou un durion à main nue, tirer avec les dents un camion de 5 tonnes ou 30 cyclo-pousse enchaînés transportant 60 personnes, laisser passer sur son corps un véhicule de 800 kg, s’enfoncer un couteau dans le cou… Ses tours de force provoquent des réactions passionnées autour de lui. «Je réalise cela grâce à des techniques surpuissantes. Ce n’est pas de la magie !», tient-il à souligner.

Son rêve dans un proche avenir est de devenir médecin traditionnel pour s’occuper de malades en situation de précarité. «Ma fille adorée est maintenant en terminale. Elle sera mon assistante !».


Nghia Dàn/CVN

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