Le public a ainsi la rare occasion de pouvoir découvrir - voire pour certains élus, de redécouvrir - près de 200 documents et objets sur le bouddhisme au Vietnam allant du début de notre ère à la dynastie des Nguyên (1802-1945), en passant, entre autres, par celles des Ly (1009-1225), des Trân (1225-1400) et des Lê postérieurs (1533-1789), outre l’épisode des Tây Son (1778-1802).
Inauguration de l’exposition sur les patrimoines culturels du bouddhisme vietnamien au Musée de l’histoire nationale, fin février à Hanoi. |
Tableaux, statues, pièces de décoration architecturale de lieux de culte tels que tours, pagodes, objets cultuels, instruments de musique, stèles commémoratives et funéraires... constituent un vaste tableau de la richesse du bouddhisme au Vietnam. Certaines pièces sont très rarement présentées aux visiteurs, notamment le tambour de bronze Canh Thinh - datant de 1800 - qui est l'un des onze trésors nationaux de la vaste collection du Musée de l'histoire nationale, reconnue en octobre dernier par le gouvernement.
Cette exposition montre au public que le bouddhisme est arrivé précocement au Vietnam. Durant ses près de 2.000 ans de présence, il a donné au pays nombre d’éminents patrimoines matériels comme immatériels d’une indéniable spiritualité. L’inventaire prendrait beaucoup de temps, mais l’on peut citer de très nombreuses pagodes telles que, pour le Nord seulement, celles Dam ou Phât Tích dans la province de Bac Ninh, ou encore la tour Binh Son dans la province de Phú Tho, d’innombrables statues, peintures, bas reliefs et panneaux, sentences parallèles, objets de culte, instruments de musique, tablettes de bois et autres écrits bouddhiques, témoignant de valeurs intellectuelles, morales, rituelles et musicales influencées par la culture vietnamienne, comme des intenses échanges culturels entre les pays de la région.
La statue de Bouddha Sakyamuni en bois doré et rouge foncé, au XVIIe-XVIIIe siècle dans la province de Hung Yên et une lampe - objet de culte - en forme de lotus, en céramique à émail blanc. Photo : BTLS/CVN
À partir de la dynastie des Dinh (968-980), puis de celles des Lê antérieurs (980-1009) et des Ly (1009-1225), le bouddhisme s’est progressivement affirmé pour finalement devenir la religion nationale sous celle des Trân, dont l’empereur Trân Nhân Tông fut le créateur de l'école Dhyana du Trúc Lâm, ouvrant ainsi l’une des plus grandes pages de l’histoire du bouddhisme au Vietnam.
Patrimoines imprégnés de l’identité vietnamienne
Sous les dynasties des Ly et Trân, le pays possédait quatre grands objets et lieu de culte célèbres dans tout le pays : la tour Bao Thiên construite en 1057, la cloche Quy Diên coulée en 1080, l’urne Phô Minh sculptée en 1262 et la statue du Boddhisattva Maitreya, considéré comme le successeur historique du Bouddha çakyamuni. Malheureusement, tous ont été détruits au XVe siècle lors de l’invasion chinoise des Ming.
Ces patrimoines sont fortement imprégnés de l'identité vietnamienne, se caractérisant d’abord par la recherche de la simplicité, de l’harmonie, de l’humilité et de leur synergie naturelle avec l'espace temporel comme spirituel du pays. Il s’agit donc d’un évènement, encore que ce qui y est exposé ne représente qu’une infime partie des fonds du Musée de l'histoire nationale. Ce dernier a cherché à révéler au public le plus typique et le plus distingué de ce vaste et riche patrimoine du bouddhisme vietnamien au coeur de la culture nationale. Une exposition à ne pas manquer donc, d’ici la fin du mois d'août.
Diêu An/CVN