Le cinéma vietnamien à la lumière de son histoire

Il y a 60 ans, le 15 mars 1953, le Président Hô Chi Minh a signé un décret créant l’entreprise d’État de cinématographie et de photographie du Vietnam, au sein du ministère de la Propagande, une première pour un gouvernement central. Chronologie d'une production calquée sur l'histoire du pays.

Les premiers films sur la révolution au Vietnam ont été réalisés en 1946, en zone de guerre Viêt Bac (Nord) et au Sud. Aujourd'hui, ils sont devenus des témoins historiques sur pellicule de cette période ô combien marquante pour le pays : Trân Môc Hóa (La victoire de Môc Hoa), Chiên dich Cao-Bac-Lang (La campagne de Cao-Bac-Lang), Chiên dich La Ban-Câu Kè (La campagne de La Ban-Câu Kè), Chiên thang Dông Khê (La victoire de Dông Khê), ou encore Chiên thang Tây Bac (La victoire de Tây Bac).

Ces films sont rattachés avec le nom de quelques réalisateurs connus tels Nguyên Hông Nghi, Tiên Loi, Pham Van Khoa, Phan Nghiêm, Hoàng Thai, Vu Pham Tu, Pham Trong Quy (Nord), Mai Lôc, Khuong Mê, Nguyên Thê Doàn ou Lê Minh Hiên (Sud).

Pendant la guerre du Vietnam

Chi Tu Hâu

Pendant les années de guerre, le cinéma faisait partie intégrante de la vie quotidienne des Vietnamiens. Chaque film était ressenti comme une bouffée d'oxygène, un moyen de transcender les difficultés. Une série de documentaires a alors été produite. Une dizaine d’entre eux ont remporté des grands prix lors de festivals internationaux. Pour ne citer qu'eux : Dâu song ngọn gio (Face aux tempêtes), Du kích Cu Chi (Résistants de Cu Chi), Trân dia mat duong (Combattre pour la route), Luy thep Vinh Linh (Vinh Linh, forteresse d’acier), Nhung nguoi san thu trên nui Dac Sao (Les chasseurs de Dac Sao), Làng nho ven sông Trà (Le petit hameau de la rivière Trà).

Chung môt dong sông (De l'autre côté de la rive), réalisé en 1959 est le premier film révolutionnaire national sorti au cinéma. La même année, l’atelier du film de fiction du Vietnam voit le jour.

À l'époque, chaque film de fiction était considéré comme une sorte d'œuvre exemplaire. On se souvient de Chim vành khuyên (Le zostérops), Chi Tu Hâu (Jeune femme de Bai Sao), Vo chông A Phu (L'Époux A Phu), Vi tuyên 17 ngày và dêm (Le 17e parallèle de jour et nuit) et Em be Hà Nôi (Petite fille de Hanoi) et Duong vê quê me (Le chemin qui me ramène chez ma mère). Outre ces films sur la guerre, la construction identitaire de la région du Nord était l'objet de nombreux autres long-métrages, dont Chuyên vo chông anh Luc (L'histoire de M. Luc et sa femme) et Dên hen lai lên (Revenir au rendez-vous).

Le 9 novembre 1959 est inauguré le premier atelier de film d’animation. Cet évènement est considéré comme la naissance du genre au Vietnam. C'est ainsi qu'est produit en juin 1960 le film Dang doi thang cao (Une juste punition pour le renard). Le cinéma d’animation vietnamien connait son apogée dans les années qui suivent, de 1965 à 1975.

L'après-guerre

Une scène du film Bao gio cho dên thang Muoi

Après la réunification en 1975, le sujet de la guerre est remplacé par ceux de la vie quotidienne et de la société. Ainsi sont sortis : Chuyên xe bao tap (Voyage dans la tempête), Xa và gân (Lointain et proche), Nhung nguoi da gap (Les rencontres d'autrefois), Vê noi gio cat (Le retour du pays des vents et du sable). La vie des Saïgonnais est quant à elle mise en exergue dans Môi tinh dâu (Premier amour) et Tôi lôi cuôi cùng (Dernière faute).

Par ailleurs, des œuvres littéraires réalistes et critiques comme Chi Dâu (Madame Dâu), Làng Vu Dại ngày ay (Ce jour-là au village de Vu Dai) sont à ce moment là adaptés pour des films.

À partir de 1979, on commence à réaborder le thème de la guerre mais sous d'autres angles. Plusieurs films sont donc réalisés : Canh dông hoang (Terre dévastée), Me vang nhà (Maman n’est pas à la maison), Chuyên cô tich cho tuôi 17 (Vieux conte pour adolescent) et Bao giờ cho đến tháng Mười (Quand viendra le 10e mois).

Enfin, deux documentaires voient le jour avec succès : Hà Nôi trong mat ai (Hanoi, un certain regard) et Duong dây lên sông Dà (Ligne à haute tension).

Période du Renouveau

Une scène du film Doi Cat, qui a remporté le prix du "Meilleur film" au 45e Festival d'Asie-Pacifique en 2000 à Hanoi

Depuis les années 80, certains films de fiction sont réalisés différemment, et sont bien reçus par les cinéphiles. Ce sont Cô gai trên sông (Fille de la rivière), Ganh xiêc rong (Troupe de cirque ambulant) ou encore Tuong vê huu (Un général à la retraite). Ils sont devenus des symboles du cinéma vietnamien de l'époque.

Le sujet de la guerre continue toutefois à être exploité. On peut citer par exemple Luoi dao (Couteau), Nga ba Dông Lôc (Carrefour de Dông Lôc), Hà Nôi 12 ngay dêm (Hanoi, 12 jours et 12 nuits). Et le thème de l'après-guerre est montré dans Doi cat (Vies de sable), Ai xuôi van ly (Un très long voyage), Bên không chông (Le port des femmes sans maris)...

Certains courts métrages tels que Tro lai Ngu Thuy (Retour à Ngu Thuy), Tiêng vi câm o My Lai (Cri du violon à My Lai), Chi Nam khùng (Mme Nam) et Chôn quê (Pays natal) remportent un prix dans des festivals des films d’Asie-Pacifique.

Après une longue absence, les films d’animation sont relancés, avec notamment Xe dap (Bicyclette) et Su tich cai nha sàn (Légende d’une maison sur pilotis).

Le film Ao lua Hà Dông du réalisateur vietnamien d'outre-mer Luu Huynh

Ces dix dernières années, de nombreux films ont été réalisées par des Vietnamiens d'outre-mer. Il s’agit de Thoi xa vang (Temps révolu), Mùa len trâu (Gardien des buffles), Ao lua Hà Dông (Robe en soie de Hà Dông), Dong mau anh hùng (Rebelle), et Sài Gòn nhât thuc (L'éclipse de Saigon).

Certains longs métrages ont particulièrement été appréciés des cinéphiles et des critiques comme Trang noi day giêng (La Lune au fond du puits), Choi voi (À la dérive) et Dung dôt (Ne le brûle pas).

Hoàng Phuong/CVN

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