L'exportation de main-d’œuvre dans l'œil des politiques

L'envoi de main-d'œuvre à l'étranger pose certains problèmes dont la migration de travail illégale. Une question qui inquiète députés et gestionnaires du secteur.

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Le Vietnam coopère avec 50 marchés dans l’envoi de main-d’œuvre.
Photo : Anh Tuân/CVN

La gestion de l’exportation de main-d’œuvre vietnamienne à l’étran-ger préoccupe les députés. Lors d’un récent entretien avec la presse en marge de la 8e session de l’Assemblée nationale à Hanoï, Trân Van Lâm, chef adjoint de la délégation parlementaire de la province de Bac Giang (Nord), a informé que le pays s’est associé avec 50 marchés dans l’exportation de main-d’œuvre. Les travailleurs partent à l’étranger selon la voie officielle via une entreprise intermédiaire autorisée par le gouvernement. Cependant, une partie d’entre eux, une fois sur place, rompent le contrat et cherchent à franchir illégalement les frontières dans l’espoir de gagner mieux leur vie dans un pays tiers.

"Pour limiter ce phénomène, je pense qu’il est important que les institutions officielles continuent les négociations en vue de l’établissement de la coopération dans l’envoi de main-d’œuvre vers des marchés attractifs".

La prudence est mère de sureté

Selon M. Lâm, les entreprises d’envoi de main-d’œuvre à l’étranger devront désormais bien saisir les besoins des travailleurs pour trouver les marchés adaptés. Concernant les travailleurs, il les appelle "à la prudence et à ne pas précipiter les départs à tout prix" en recourant à "la voie non officielle" qui fait référence au réseau d’organisations des passeurs de frontières illégaux et aux entreprises malhonnêtes.

Le député Trân Dinh Gia, président de l’Association des paysans de la province de Hà Tinh (Centre), reconnaît les difficultés dans la gestion de la migration des travailleurs vietnamiens. "C’est un problème difficile à gérer car dans la plupart des cas, le travailleur quitte le Vietnam avec un visa de travail ou de touriste pour aller à l’étranger, analyse-t-il. Une fois arrivé, il cherche à rompre le contrat de travail et s’enfuir pour soit trouver un emploi clandestin ailleurs, soit franchir les frontières pour entrer dans un autre pays. De ce fait, les autorités vietnamiennes peinent à identifier le début de leur migration illégale".

Selon M. Gia, pour minimiser ce phénomène, il faut renforcer la sensibilisation. Le moyen le plus efficace serait de se rapprocher des ex-travailleurs qui ont connu des années de travail clandestin. Ainsi, ils pourraient comprendre la dureté de leur quotidien et ce que cela induit d’être privé de ses droits les plus fondamentaux.

Responsabilité et conscience

Citant l’affaire des 39 travailleurs vietnamiens décédés en Angleterre, le député Lê Thanh Vân, permanent de la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale, affirme que cette histoire est "un avertissement pour ceux qui ont l’intention de s’exporter via la voie non officielle". À travers cette tragédie, on reconnaît que la gestion des citoyens dans plusieurs localités est négligée.

Il existe un réseau illégal de passeurs de frontières à échelle internationale. Les organismes chargés de la protection juridique n’ont pas encore découvert les intermédiaires qui racolent les travailleurs. Par ailleurs, les collectivités socio-politiques dans ces localités ont également leur part de responsabilité car elles fournissent peu d’informations aux travailleurs pour qu’ils puissent faire un choix éclairé concernant leur départ.

À ce sujet, Bùi Sy Loi, vice-président de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, insiste sur "la prise de conscience des travailleurs". "L’exportation de main-d’œuvre est l’une des solutions du gouvernement vietnamien pour aider les travailleurs à trouver des emplois hors du pays. Et je veux souligner l’importance de leur prise de conscience. Généralement, ils partent dans l’unique but de gagner beaucoup d’argent. Néanmoins, ils ont une vision très vague de leur vie dans ces pays lointains, sans imaginer une seconde les risques qu’ils encourent".

Renforcer la sécurité

Pour sa part, Trân Thi Diêu Thuy, présidente de la Fédération du travail de Hô Chi Minh-Ville, affirme qu’il faut favoriser l’envoi des travailleurs par la voie officielle. "L’exportation de main-d’œuvre est régie par la loi sur les travailleurs vietnamiens se rendant à l’étranger sous contrat. Cependant, à travers la supervision syndicale, cette loi a montré de nombreuses limites et elle n’est plus en accord avec l’actuelle situation".

Dans un centre de formation de travailleurs vietnamiens pour le marché japonais à Hô Chi Minh-Ville.
Photo : vnexpress.net/CVN

En effet, il existe des réseaux d’envoi de personnes à l’étranger dont les activités ne sont pas conformes à la loi. "De la part des travailleurs, du fait du manque d’informations officielles, certains font appel à des intermédiaires. Poussés par le désir de gagner de l’argent rapidement, ils acceptent de s’engager dans la voie non officielle bien qu’ils soient conscients des risques. Je pense qu’il est temps de renforcer les contrôles et l’inspection des services de l’exportation de main-d’œuvre à l’étranger", conseille-t-elle.

Nguyên Gia Liêm, directeur adjoint du Département de la gestion des travailleurs à l’étranger (ministère du Travail, des Invalides de guerres et des Affaires sociales), a recommandé que les travailleurs qui souhaitent aller à l’étranger suivent la voie officielle pour assurer leur sécurité. Une migration de travail légale doit répondre à des critères par la signature de contrats de travail avec l’employeur, l’inscription de travailler à l’étranger auprès d’une agence de gestion du travail au Vietnam, et l’obtention d’un visa et d’un permis de travail légal auprès du pays d’accueil.

D’après Chang-hee Lee, directeur de l’Organisation internationale du travail (OIT) au Vietnam, le travail à l’étranger via les canaux non officiels expose les travailleurs aux risques suivants : maltraitance, surexploitation et privation de leurs droits à l’étranger. Selon lui, une étude récente de l’OIT et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) montre que les travailleurs ont peu de contrôle sur le succès ou l’échec dans leur processus de migration. Cela nécessite des efforts importants afin d’assurer une migration sûre, légale qui garantisse leurs droits.

"Lorsque les droits des travailleurs migrants sont respectés et que leurs expatriations sont sécurisées, eux, leur famille et la société peuvent tirer profit des envois de devises", affirme-t-il.


Linh Thao/CVN

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