L'ex-présidente du Malawi de retour au pays, malgré la menace d'une arrestation

L'ancienne présidente du Malawi, Joyce Banda, doit rentrer samedi 28 avril dans son pays malgré les menaces d'arrestation qui pèsent sur elle en raison d'un gigantesque scandale de corruption à l'origine de son départ précipité en exil il y a près de quatre ans.

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L'ex-présidente du Malawi, Joyce Banda, à New York, le 20 septembre 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

Deuxième femme de l'histoire à diriger un pays africain, Mme Banda, 68 ans, est attendue à 12h00 locales (10h00 GMT) à l'aéroport international de Blantyre, la capitale économique malawite, à bord d'un vol en provenance de Johannesburg en Afrique du Sud.

Sitôt arrivée, l'ex-chef de l'État doit immédiatement se rendre à son domicile de Domasi (centre), à 80 km de là, a indiqué son porte-parole Andekunye Chanthunya. Les raisons du retour de Joyce Banda, toujours officiellement à la tête du Parti populaire (PP, opposition), restent encore mystérieuses mais il intervient à un an des élections générales prévues en mai 2019. "Nous en saurons plus sur ses intentions lorsqu'elle prendra la parole dimanche lors d'une réunion politique", a précisé à l'AFP M. Chanthunya.

"Elle reste à la tête du PP. La question de sa candidature à l'élection présidentielle sera tranchée le moment venu mais nous devrions avoir (dimanche) une petite idée de son état d'esprit", a ajouté ce proche.

Mme Banda fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en 2017 par la police malawite en raison des charges qui pèsent sur elle dans l'affaire dite "Cashgate", qui avait secoué le pays en 2013 et précipité sa défaite électorale en 2014.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de la police, James Kaledzera, s'est refusé à indiquer si l'ancienne présidente sera arrêtée à sa descente d'avion samedi 28 avril. Mais il a précisé que le mandat d'arrêt était toujours valide. Plus tôt cette année, le Bureau anticorruption (ACB) du Malawi a toutefois fait savoir qu'il ne disposait pas de charges solides contre Joyce Banda. Le scandale du "Cashgate" a éclaté en 2013, lorsqu'un audit international a révélé que 30 millions de dollars avaient été siphonnés des caisses du pays au profit de dizaines de fonctionnaires, hommes d'affaires et de dirigeants politiques.

Corruption

De nombreux partenaires étrangers avaient alors suspendu leur aide, d'un montant annuel de 150 millions de dollars, une catastrophe pour ce petit pays pauvre et enclavé d'Afrique australe dont 40% du budget dépend de leur soutien financier. Ce scandale a largement contribué à la défaite de Joyce Banda à la présidentielle de 2014, remportée par son ex-allié l'actuel président Peter Mutharika qui a promis d'éradiquer la corruption. La Banque mondiale n'a repris son aide au Malawi qu'en mai 2017 par le biais d'un prêt de 80 millions de dollars.

Pour la première fois depuis 2011, des milliers de manifestants sont descendus vendredi dans les rues du Malawi pour dénoncer la corruption du gouvernement Mutharika. Joyce Banda est devenue la première femme présidente du Malawi en 2012 à la mort de Bingu wa Mutharika, le frère de son successeur, dont elle était la vice-présidente.

Depuis son départ du pays après sa défaite électorale deux ans plus tard, elle a partagé son temps entre les États-Unis, l'Afrique du Sud et le Royaume-Uni. Son retour au pays a déjà été annoncé plusieurs fois mais a été à chaque fois reporté.

Ces derniers jours, les médias locaux ont évoqué un possible accord politique entre elle et Peter Mutharika en vue des prochaines élections générales. L'analyste politique Henry Chingaipe doute toutefois du rôle que Joyce Banda pourrait être amenée à y jouer.

"Si elle revient juste pour passer sa retraite chez elle, OK", a-t-il commenté à l'AFP. "Mais si elle a l'intention de se présenter à la présidentielle, il faut relever que son parti est en piteux état", a ajouté M. Chingaipe, "son exil a largement fait chuter sa cote de confiance".


AFP/VNA/CVN

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