COVID-19
L'Europe commence à s'ouvrir pour la saison touristique

Dosage subtil entre précautions sanitaires liées au nouveau coronavirus et nécessité économique : l'Union européenne rouvre mercredi 1er juillet de façon ciblée ses frontières en plein démarrage de la saison estivale, comme en Grèce où les charters sont de retour.

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Touristes à l'aéroport de l'île de Corfou, en Grèce, le 1er juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

Baignée par les eaux turquoises de la mer ionienne, l'île grecque de Corfou espère "rattraper le temps perdu" et a vu atterrir mercredi 1er juillet ses premiers touristes.

"C'est fantastique, on est très heureux d'être ici et de profiter du soleil (...) on attendait ce moment depuis si longtemps", s'enthousiasme Molnar Istvan, touriste hongrois débarquant à Corfou du premier vol de la journée, en provenance de Budapest, accueilli par le ministre grec du Tourisme, Haris Theocharis.

L'UE a autorisé les vols en provenance de 14 pays de tous les continents, plus ceux de Chine, à la seule condition qu'elle admette sur son sol les visiteurs "non essentiels" venant de l'UE, ce qui n'est actuellement pas le cas. Fruit de difficiles tractations, cette liste adoptée mardi 30 juin et révisable dans deux semaines est fondée "en particulier" sur des critères épidémiologiques.

Seront admis dans l'UE et l'espace Schengen les voyageurs venant d'Algérie, Australie, Canada, Géorgie, Japon, Monténégro, Maroc, Nouvelle-Zélande, Rwanda, Serbie, République de Corée, Thaïlande, Tunisie et Uruguay. En sont notamment exclus les États-Unis, pays le plus touché au monde par la pandémie avec 125.928 décès pour près de 2,6 millions de cas répertoriés, mais aussi le Brésil, la Russie, l'Inde, la Turquie et Israël notamment.

L'aéroport de Corfou affiche mercredi 1er juillet 17 vols charters d'Allemagne, d'Irlande, d'Autriche ou de Suisse notamment, que les professionnels du tourisme espèrent chargés de voyageurs.

"Il faut nous aider"

Touristes en provenance de Budapest à l'aéroport de l'île grecque de Corfou, le 1er juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au milieu des façades ocres et roses écrasées de soleil, Yannis a encore "1% d'espoir" de voir déferler les touristes dans sa boutique de souvenirs et ses 16 chambres et ainsi "rattraper le temps perdu".

"Nous sommes optimistes avec les vols arrivant" mercredi 1er juillet, explique Amelia Vlachou, qui tient une boutique de bijoux dans une ruelle ombragée de l'île : "Nous aurons des touristes, même si bien sûr ce ne sera pas comparable avec les années précédentes".

Plus de 3.200 vols internationaux ont convergé en 2019 sur Corfou, bondés surtout de Britanniques, d'Allemands, de Polonais et d'Italiens.

La contagion marque le pas en Europe, ancien épicentre de la pandémie qui poursuit son retour progressif à la normale : mercredi 1er juillet le musée du camp d'extermination du camp d'Auschwitz-Birkenau accueille à nouveau des visiteurs en Pologne, les cinémas et évenements culturels de petite taille reprennent leurs activités en Autriche... et les maisons closes rouvrent aux Pays-Bas.

Mais des foyers subsistent et inquiètent. Notamment dans la région de Lisbonne, de nouveau soumise depuis une semaine à des restrictions pour éviter les attroupements, et où 19 quartiers de la banlieue de la capitale portugaise sont reconfinés pour deux semaines à compter de mercredi 1er juillet, afin d'endiguer des contaminations quotidiennes reparties à la hausse.

Difficile toutefois pour les 700.000 habitants de ses quartiers populaires d'arrêter de travailler ou de prendre les transports en commun : "Si nous ne pouvons pas quitter le quartier, alors il faut nous aider", plaide un jeune habitant.

"Si on ne peut pas travailler, on ne peut pas payer (...) Nous avons besoin de soutien alimentaire et d'une suspension du paiement de factures", explique Iuri Fidalgo, un Portugais d'origine capverdienne vivant à la cité de Quinta do Mocho, dans la commune de Loures.

Épidémie hors contrôle

Mardi 30 juin, c'était les 600.00 habitants de l'agglomération de Leicester qui ont été reconfinés en raison d'une flambée de cas dans cette ville du centre de l'Angleterre.

Principal pays exclu de la liste de l'UE, les États-Unis, où l'épidémie flambe avec des contaminations et des décès quotidiens repartis à la hausse, notamment dans le Sud et l'Ouest du pays, dont certains États ont dû faire une pause dans le processus de déconfinement.

"Il est évident que nous n'avons pas le contrôle total actuellement", a expliqué le docteur Anthony Fauci, membre de la cellule de crise présidentielle sur le coronavirus.

Vu la gravité de la situation, le candidat démocrate à la Maison Blanche, Joe Biden, 77 ans, a renoncé à organiser des meetings pour la présidentielle de novembre, contrairement à son rival républicain Donald Trump.

Dans les quartiers défavorisés de Miami, dans l'État de Floride (Sud-Est) où le gouverneur refuse d'imposer le port du masque malgré la flambée de contaminations, des équipes de volontaires distribuent des kits avec matériel de protection, gel désinfectant et brochure explicative aux habitants.

"Nous avons des masques !" crient-ils, avant d'expliquer à ceux qui s'approchent, comment le mettre correctement.

Bien que figurant sur la liste de l'UE, son voisin canadien, dont le Premier ministre Justin Trudeau a dit craindre une "deuxième vague" épidémique "qui pourrait frapper très fort" a prolongé jusqu'au 31 juillet l'interdiction d'entrée des étrangers, sauf - paradoxalement - des Américains, et jusqu'au 31 août la quarantaine obligatoire à l'arrivée dans le pays.

Sur le continent, la situation reste également inquiétante en Amérique latine et dans les Caraïbes, où le bilan pourrait dépasser 400.000 morts dans les trois mois si des mesures sanitaires plus strictes ne sont pas prises, selon l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS). En Colombie, notamment, de plus en plus de jeunes sont hospitalisés en unité de soins intensifs (USI).

AFP/VNA/CVN

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