L'Espagne et le Portugal frappés par la sécheresse en plein hiver

"Je n'ai jamais vu ça!", se désole Carlos Perdigao, 76 ans, qui vient régulièrement pêcher sur les rives du fleuve Zêzere, entouré de larges bandes de terre jaune craquelée en raison de la sécheresse qui frappe la péninsule ibérique cet hiver.

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L'église d'un village englouti par un barrage hydraulique émerge, en raison de la sécheresse qui frappe l'Espagne, le 10 février 2022 à Vilanova de Sau.
Photo : AFP/VNA/CVN

Devant lui, les ruines de Vilar, ancien village de pierre englouti par le fleuve après la construction d'un grand barrage il y a près de 70 ans, ont émergé depuis quelques semaines et sont à nouveau visibles en raison du niveau très bas des eaux.

La baisse du niveau du Zêzere, qui serpente au milieu des montagnes recouvertes d'eucalyptus et de mimosas dans cette région du centre du Portugal, est vue comme une nouvelle menace par les habitants, déjà durement frappés par les incendies meurtriers de 2017, qui avaient fait plus d'une centaine de morts.

L'Espagne, comme le Portugal voisin, est frappée cet hiver par une aridité précoce et extrême en raison de la faible pluviométrie enregistrée en janvier, mois qui est déjà considéré comme le deuxième le plus sec depuis l'an 2000 dans la péninsule ibérique, selon les agences météorologiques des deux pays.

Cette sécheresse est exceptionnelle par "son intensité, son ampleur et sa durée", indique Ricardo Deus, climatologue de l'Institut portugais de la Mer et de l'Atmosphère (IPMA).

Et en Espagne, "en janvier, il n'a plu que le quart de ce qu'il aurait dû pleuvoir à cette période", explique Ruben del Campo, porte-parole de l'AEMET, l'agence météorologique espagnole, à l'AFPTV.

Agriculteurs et éleveurs inquiets 

Photo : AFP/VNA/CVN

Cette situation inhabituelle a déjà amené le gouvernement portugais à prendre des mesures d'urgence. Dans un pays où près de 30% de l'énergie consommée est d'origine hydraulique, les autorités ont été contraintes début février d'annoncer la suspension de la production hydroélectrique de cinq barrages pour "préserver les volumes nécessaires à l'approvisionnement public".

De l'autre côté de la frontière, le ministre de l'Agriculture espagnol, Luis Planas, a fait part mercredi 9 février de sa "préoccupation" face à cette situation, assurant que le gouvernement pr"les mesures nécessaires en fonction de l'évolution de la situation".endrait

Les niveaux des réservoirs d'eau, dont l'apport est indispensable à l'agriculture, se situent actuellement à moins de 45% de leur capacité en Espagne, d'après les autorités de ce pays, les régions les plus touchées étant l'Andalousie (sud) et la Catalogne (Nord-Est).

Cette faible pluviométrie, qui dure depuis la fin de l'année dernière, inquiète les agriculteurs et les éleveurs des deux pays.

"Regardez! L'herbe ne pousse pas pour nourrir les bêtes", se désespère Antonio Estevao, un producteur de fromage possédant un cheptel d'une trentaine de chèvres à Portela do Fojo Machio, commune située à quelques kilomètres de Pampilhosa da Serra, dans le centre du Portugal.

"S'il ne pleut pas dans les prochains jours, ça va être très compliqué", soupire cet homme devant des pâturages à la végétation rase.

"Pour nous, c'est une catastrophe", lance Henrique Fernandes Marques, le maire de ce village d'environ 400 habitants, devant une piscine flottante dressée sur les berges du fleuve et qui repose désormais sur un sol asséché depuis quelques jours, menaçant également les efforts pour développer le tourisme dans cette région de l'intérieur du pays.

Pas d'amélioration en vue 

Vue éarienne du réservoir d'eau de La Baells à Cercs, en Espagne, le 10 février 2022.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'alternance entre les années de sécheresse et les années pluvieuses est normale dans le sud de l’Europe, mais "on observe un pourcentage d'années pluvieuses en baisse dernièrement", souligne Filipe Duarte Santos, chercheur à la faculté de Sciences de Lisbonne et spécialiste de l'environnement, qui pointe du doigt le réchauffement climatique.

Ces sécheresses sont "l'une des conséquences les plus graves du changement climatique", explique-t-il. D'après lui, "tant que l'on n'aura pas fortement réduit les émissions globales de gaz à effet de serre, le problème continuera de se poser".

Avec le réchauffement climatique, l'intensité et la fréquence des épisodes de sécheresse, qui menacent notamment la sécurité alimentaire des populations, risquent encore d'augmenter, même si le monde parvient à limiter la hausse des températures à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Et la situation ne devrait pas s'améliorer dans les prochains jours, puisque les prévisions météorologiques des deux pays font état de précipitations en dessous des moyennes de saison.

Confronté à cette réalité, le gouvernement portugais a annoncé jeudi 9 février qu'il allait renforcer sa coopération avec l'Espagne pour lutter contre la sécheresse dans la péninsule.


AFP/VNA/CVN

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