>>Les villages artisanaux de Hanoï reprennent leur production
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>>Hanoï, la terre où convergent les élites des villages de métiers
Dans un village de vannerie à Hanoï. |
Photo : CTV/CVN |
Hanoï compte actuellement 1.350 villages de métiers dont 308 traditionnels. On y pratique 47 des 52 artisanats connus dans le pays, dont laque, mosaïque, broderie, tissage de la soie, céramique, bambou et rotin...
Outre leurs contributions au développement socio-économique de la ville, les villages de métiers sont considérés comme un patrimoine culturel. Cela les oblige à équilibrer la production et la préservation des valeurs traditionnelles, notamment dans l’actuel contexte difficile de la crise sanitaire.
Selon Hà Thi Vinh, présidente de l’Association des produits artisanaux et des villages de métiers de Hanoï, la ville compte le plus grand nombre de villages de métiers et d’artisans à l’échelle nationale. D’où son surnom de "terre aux centaines de métiers traditionnels".
Leur développement, qui s’accompagne de la fourniture de services d’approvisionnement en matières premières, de transport, de commerce,... a créé des emplois pour un grand nombre de travailleurs.
Ces cinq dernières années, la ville a soutenu la construction dans les entreprises de 16 modèles de démonstration technique et en a aidées 60 autres à renouveler leurs technologies et appliquer les progrès scientifiques. Résultats : certains villages de métier ont remplacé les fours à charbon par des fours à gaz dans la production de céramiques comme Bat Tràng, district de Gia Lâm. D’autres ont utilisé des machines spécialisées pour la couture du cuir comme dans la commune de Kiêu Ky, district de Gia Lâm…
Cela a contribué à augmenter la productivité, à réduire les coûts et les rejets polluants. La plupart des entreprises au sein des villages d’artisans appliquent aussi les technologies de l’information pour promouvoir, présenter, commercialiser et écouler leurs produits.
En outre, les villages de métiers ont bénéficié de programmes de conseils sur la conception des produits afin d’élargir leurs débouchés. "Ces programmes ont aidé les artisans à acquérir des compétences et idées pour produire de nombreuses nouvelles gammes de produits adaptées au goût des marchés nationaux et étrangers", fait savoir Mme Vinh.
Les défis demeurent
Le district de Thuong Tin, à Hanoï, compte 48 villages des métiers reconnus comme traditionnels. On peut citer la laque à Ha Thai, la broderie à Quât Dông, le tournage du bois dans la commune de Nhi Khê…
Actuellement, ces villages rencontrent des difficultés. Concrètement, les artisans qualifiés ne représentent plus que 30% des effectifs, alors que les produits artisanaux nécessitent une haute valeur esthétique et économique. Pour faire des produits de qualité, les travailleurs doivent être formés de manière méthodique pendant des années, et de nombreux apprentis ne sont pas assez patients pour aller jusqu’au bout.
D’après Mme Vinh, les produits des entreprises nationales sont de plus en plus en concurrence avec ceux d’autres pays. Et les frais de production sont de plus en plus élevés. Les entreprises sont également confrontées à des défis lorsqu’elles doivent constamment modifier la conception de leurs produits pour répondre aux exigences du marché.
En outre, il est difficile d’élargir les zones de production pour appliquer les progrès scientifiques, se doter d’équipements modernes. De plus, la qualité de la main-d’œuvre est encore très faible en termes de connaissances et de compétences professionnelles.
L’envergure des établissements artisanaux est encore limitée, avec des équipements et des technologies obsolètes et une faible qualité de produits qui ne répondent pas aux exigences du marché intérieur, et encore moins à celles des marchés d’exportation. Il manque encore une connexion entre les villages de métiers, les centres de présentation des produits, d’où des difficultés dans le marketing.
Développement de l’e-commerce
Des produits du village de la céramique de Bat Tràng, district de Gia Lâm, à Hanoï. |
Photo : VNA/CVN |
Pour développer l’industrie artisanale, Dô Trong Doàn, artisan du village de laque de Hà Thai, estime qu’il est nécessaire de créer des pages de commerce électronique sur les produits artisanaux, d’organiser régulièrement des foires et des promotions commerciales dans ou hors du pays, permettant aux entreprises d’échanger, de trouver des clients, des fournisseurs et des distributeurs.
Pour Pham Khac Hà, président de l’Association du village de la soie de Van Phuc à Hanoï, dans le contexte de pandémie qui impacte l’écoulement des produits, de nombreuses entreprises et établissements de production ont mis l’accent sur la vente en ligne, avec de premiers résultats encourageants.
Pour le développement durable de ces villages, les autorités à tous les échelons doivent leur réserver des politiques préférentielles en termes de fonds, de matières premières et d’écoulement…notamment dans le contexte de crise sanitaire.
Pour que les jeunes générations puissent reprendre le flambeau et préserver ainsi l’identité culturelle de leur village natal, les écoles professionnelles et les centres d’apprentissage devraient élaborer leurs propres programmes en mettant l’accent sur des produits conçus avec des machines et nécessitant des compétences professionnelles approfondies.
Les organismes compétents pourraient aussi organiser des concours de conception de produits touristiques afin de choisir les meilleurs en fonction des besoins du marché.
Les villages de métier en chiffres
On enregistre dans ces villages 2.063 compagnies par actions, 4.562 Sarl, 1.466 hommes d’affaires, 164 coopératives. Plus de 175.000 ménages producteurs et commerciaux, totalisant 739.000 travailleurs vivent grâce aux métiers artisanaux.