Les sanctions américaines ternissent les fragiles relations entre l'UE et l'Iran

Le président des États-Unis, Donald Trump, a intensifié sa pression sur le gouvernement iranien après la réinstauration de sanctions sévères sur Téhéran, tout en creusant le désaccord avec l'Union européenne (UE) sur l'accord historique qui avait été conclu sur le nucléaire iranien.

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Le président des États-Unis, Donald Trump.
Photo: AFP/VNA/CVN

Mardi 7 août, Washington a remis en vigueur des sanctions strictes sur Téhéran, qu'il accuse de continuer à rechercher l'arme atomique, ce que dément l'accusé.

Dans un message publié sur Twitter après l'adoption de nouvelles sanctions, le président Trump a mis en garde la communauté internationale: "Quiconque faisant des affaires avec l'Iran ne fera pas d'affaires avec les États-Unis".

Cette mesure a aggravé les tensions sur les relations fragilisées entre Bruxelles et Washington, déjà mises à mal par les mesures de représailles tarifaires, et par des différends sur le budget de l'OTAN et sur l'immigration.

"Ce sont les États-Unis, ou leur département du Trésor, qui imposent lourdement leur emprise sur le monde pour dire aux gens avec qui ils doivent commercer ou non", a commenté le docteur Michael Axworthy, auteur de Revolutionary Iran et conférencier à l'Université d'Exeter.

Le nouveau programme de sanctions interdit à l'Iran d'utiliser le dollar américain ainsi que de commercer des métaux, des produits automobiles ou du charbon. Les entreprises américaines achetant des pistaches, des tapis persans ou du caviar auprès de l'Iran peuvent également perdre leur licence.

Le gouvernement iranien s'est également vu interdire l'achat de nouveaux avions pour remplacer les appareils vieillissants et souvent dangereux de sa flotte civile. L'entreprise Boeing a dû abandonner des projets de vente d'avions de ligne à l'Iran représentant plus de 16 milliards de dollars américains.

"Il est certain que les sanctions américaines laissent à l'Iran des avions de transport de passagers parmi les plus vieux au monde", a estimé l'analyste aéronautique Alex Macheras.

Les 14 compagnies aériennes commerciales enregistrées en Iran utilisent des avions à réaction vieillissants et fragilisés pour le transport des passagers, selon M. Macheras.

"Tandis que les appareils âgés d'Occident restent sûrs, grâce à une maintenance constante, à des mises à jour du logiciel de poste de pilotage, ou à des améliorations structurelles, ce n'est tout simplement pas le cas en Iran, où la maintenance indispensable ne peut être réalisée, car les pièces détachées contiennent plus de 10% de contenu technologique américain, et nécessitent donc des licences d'exportation du Trésor des États-Unis", a-t-il expliqué.

L'Europe désapprouve ouvertement ces nouvelles sanctions, tandis que le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France espèrent maintenir l'Accord sur le nucléaire, avec ou sans participation des États-Unis. Un communiqué de l'UE indique que préserver cet accord est "une question de respect des accords internationaux et une question de sécurité internationale".

"Cet accord a certes l'air très fragile, mais tous les signataires, à l'exception des États-Unis, sont très désireux de le sauvegarder, ce qui est précieux. Mais bien sûr, l'accord entre l'Iran et les États-Unis en était probablement l'aspect le plus important", a ajouté M. Axworthy.

Bruxelles s'est également déclaré prêt à soutenir les entreprises européennes. Alistair Burt, secrétaire britannique pour le Moyen-Orient, a déclaré que Washington n'avait pas pris la bonne décision en imposant des sanctions économiques sur Téhéran.

"Je dois dire qu'il est bon de voir un ministre britannique, Alistair Burt, se dresser et affirmer que nous n'accepterons pas cela, et défendre les entreprises qui veulent commercer avec l'Iran", a dit M. Axworthy.

Toutefois, les pressions de Washington sur les pays étrangers pour qu'ils réduisent leurs importations de pétrole d'Iran d'ici à novembre pourraient entraîner un impact terrible de ces sanctions sur une économie fragile et sur le public.

"La majorité des Iraniens ne font pas de politique et veulent juste subvenir à leurs besoins quotidiens et à ceux de leur famille", a déclaré le docteur Ali Bakeer, analyste politique spécialisé dans l'Iran. "Toutefois, c'est devenu presque impossible pour eux car l'inflation du pays monte en flèche tandis que le rial iranien plonge face au dollar, sans parler des indicateurs du chômage qui grimpent depuis si longtemps", a-t-il indiqué.

"Les Iraniens endureront le retour des sanctions"

Une photo fournie par la présidence iranienne montre le président Hassan Rohani donnant une interview le 6 août à la télévision iranienne à Téhéran.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le retrait de cet accord conclu en 2015 était une promesse de campagne majeure de Donald Trump, qui l'avait qualifié à plusieurs reprises de "plus mauvais accord jamais conclu".

Le président iranien Hassan Rohani a qualifié ces sanctions de "guerre psychologique" visant à semer la discorde entre les Iraniens. M. Rohani a déclaré lundi 6 août que les Iraniens feraient en sorte que les États-Unis regrettent d'avoir réinstauré leurs sanctions sur la république islamique.

"Grâce à leur unité et à leur solidarité, les Iraniens endureront le retour des sanctions", a dit M. Rohani. "M. Trump apprendra que ce type de pression n'a pas fait céder les Iraniens par le passé et n'y parviendra jamais à l'avenir".


AFP/VNA/CVN

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