>>Changements climatiques: les impacts sur l'économie nationale
>>Clôture de la conférence de l’ASEM sur le climat et le développement à Cân Tho
Faute d’eau, 6.000 des 21.000 ha de terres cultivables de Ninh Thuân (Centre) ne peuvent être cultivés. |
Photo: Công Thu/VNA/CVN |
Ces dernières années, les paysans des provinces côtières du Centre méridional et du delta du Mékong doivent constamment faire face à la sécheresse et aux inondations.
De lourds dégâts dans l’agriculture
Dans la province de Ninh Thuân (Centre méridional), la canicule qui fait rage a déjà tué de nombreux moutons. Beaucoup de fermiers ont dû vendre les bêtes restantes, souvent très maigres, pour éviter plus de pertes. Ils font maintenant face à des pénuries.
Dans la commune de Phuoc Trung, district de Bac Ai, les plantes sont asséchées par le soleil brûlant. Trân Công Hoà, domicilié dans le village de Dông Day, élève un millier de moutons. Malheureusement, des centaines sont morts récemment. Chaque jour, il doit les amener à travers une forêt sèche sur plus de 10 km pour trouver des pâturages et de l’eau.
"Ma famille a planté deux hectares d’herbes et creusé un étang près de notre ferme. Mais les herbes ont été détruites et l’eau s’évapore. Les moutons sont de plus en plus faibles. Auparavant, une brebis était vendue 3 millions de dôngs contre 600.000 aujourd’hui. La plupart des éleveurs subissent de lourdes pertes", s’est plaint M. Hoà.
Depuis 2016, Ninh Thuân subit des dommages en termes de production et d’élevage. Selon la météorologie provinciale, si les crues de mousson n’arrivent pas, de nombreuses régions de la province seront frappées par une sévère sécheresse.
Les chiffres du Service provincial de l’agriculture et du développement rural montrent que plus de 10.000 personnes sont sévèrement victimes du manque d’eau. Ninh Thuân dispose de plus de 21.000 ha de terres cultivables, mais faute d’eau, 6.000 ha ne peuvent être cultivés.
Les autorités locales ont demandé à tous les échelons et branches de sensibiliser les habitants sur l’application de nombreuses mesures pour s’adapter au dérèglement climatique. Il faut notamment modifier les techniques de production et de travail, et abandonner certaines cultures traditionnelles pour se tourner vers des cultures et des élevages appréciables et à plus fort rendement. Il faut également mettre l’accent sur les nouvelles technologies pour améliorer la compétitivité et la qualité des produits.
Binh Thuân (Centre méridional) est une province qui a aussi connu des précipitations annuelles moyennes inférieures à la moyenne nationale. Ce manque d’eau a influé gravement son développement socio-économique.
Ces dernières années, le phénomène El Niño, d’une vigueur exceptionnelle, a fait augmenter les températures et se raréfier les pluies, causant des ravages plus importants sur la vie et l’agriculture du Centre et du Sud du pays.
Pendant la saison sèche de 2016, le stockage de l’eau dans les réservoirs de la région était d’environ 100 millions de mètres cubes, soit 46% de leur capacité normale.
Le niveau des eaux souterraines a aussi sérieusement baissé. Plus de 142.500 habitants manquent d’eau.
Dans le district de Hàm Tân, les villageois doivent acheter de l’eau pour la vie quotidienne à un prix de 100.000 dôngs/m3.
La sécheresse record en 2016 a provoqué une perte
de plus de 15.700 milliards de dôngs en termes de production
de richesses dans l’ensemble des provinces du Sud du Vietnam
------------------------
Lors des années 2015-2016, Binh Thuân a décaissé plus de 187 milliards de dôngs de son budget pour soutenir les localités sinistrées.
Faute d’eau, la province a dû reconvertir, lors de la campagne d’hiver-printemps 2017-2018, 1.772 ha de rizières peu productives. Un certain nombre de modèles d’"agriculture intelligente" adaptée à la nouvelle donne climatique ont été déployés.
Ouvrages hydrauliques multi-fonctions
Dans le delta du Mékong, les incursions d’eau salée, la pénurie d’eau douce, l’érosion et, maintenant, l’affaissement des sols sont aussi des risques majeurs. En effet, en 2016, le phénomène de salinisation des sols a été noté jusqu’à 100 km à l’intérieur des terres. Il s’agit de la plus grave vague de salinisation depuis un siècle, qui a gravement affecté la production agricole de 11 des 13 provinces du delta du Mékong.
De plus, la sécheresse record en 2016 a provoqué une perte de plus de 15.700 milliards de dôngs en termes de production de richesses dans l’ensemble des provinces du Sud du Vietnam, sans compter les graves conséquences de la salinisation, difficile à surmonter rapidement.
Les ouvrages anti-sel et les réservoirs sont nécessaires et urgents. Cependant, faute d’investissements et d’un plan convenable, il y a eu des différends entre localités voisines dans les provinces de Bac Liêu et Soc Trang. Ainsi, chaque année, pendant la saison sèche, le district de Hông Dân (Bac Liêu) a besoin d’eau salée pour 23.000 ha réservés à la production de crevettes-riz et 2.000 ha de crevettes d’eau saumâtre, tandis que Soc Trang a besoin d’eau douce pour produire environ 18.700 ha de riz de haute qualité. La production de crevettes-riz de Bac Liêu a influé sur la riziculture de Soc Trang.
"Ici, le modèle d’élevage des crevettes dans les rizières est irremplaçable. Il nous a permis de nous enrichir. Mais ce modèle de production a besoin d’eau salée et cela a influé sur la production de riz de la région voisine. C’est pour cette raison que le ministère de l’Agriculture et du Développement rural devrait mettre en chantier un ouvrage de réglementation des eaux salée et douce sur le canal Quan Lô - Phung Hiêp", a informé Huynh Van Pho, un paysan du district de Hông Dân, qui dispose de 4 ha pour la production de riz-crevettes.
Selon l’Institut d’aménagement des ouvrages hydrauliques du Sud, il y a des dizaines d’années, les ouvrages hydrauliques ne servaient que la riziculture. Mais dans ce contexte de changements climatiques, les ouvrages multi-fonctions s’avèrent très nécessaires.
Huong Linh/CVN