Les politiques mises en avant pour la croissance économique

La pandémie de coronavirus dévaste le monde entier et frappe durement les pays émergents et en développement. Ses effets se feront sentir encore longtemps, mais toutes ne seront pas nécessairement négatives. Le Vietnam en est le témoin.

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Le Vietnam est l’un des pays d’Asie du Sud-Est parmi les plus proactifs pour profiter de l’après COVID-19. L’épidémie a ralenti les projets d’investissement en cours, mais a aussi permis au pays de louer l’efficacité de son modèle de gouvernance. Selon les prévisions d’institutions financières réputées dans le monde, l’économie vietnamienne pourrait être la seule de la région à croître en 2020. Le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc est sur tous les fronts pour rouvrir l’économie depuis début mai. Lors de la réunion périodique du gouvernement du mois d’avril, il a annoncé une prévision de croissance de 5% pour 2020. Début septembre, il a demandé à tous les membres du gouvernement de prendre des mesures de gestion économique plus efficaces afin que le pays connaisse la croissance la plus élevée possible cette année.

Le Vietnam fait preuve d’un bon élan face à l’adversité.
Photo : Chi Tuong/VNA/CVN

En effet, grâce à la mise en œuvre de différentes politiques et stratégies axées sur le développement, l’indice de l’innovation du Vietnam est monté de 17 places au classement mondial, passant de la 59e en 2016 à la 42e en 2020, parmi les 131 pays et économies classés. D’après Nguyên Xuân Phuc, il s’agit d’une "réalisation importante du pays" en la matière. Le chef du gouvernement a appelé à poursuivre l’étude des politiques fiscales et monétaires pour soutenir la croissance tout en assurant la stabilité macroéconomique et le contrôle de l’inflation. Il a également ordonné aux localités d’accélérer le décaissement des investissements publics, de diminuer les taux de prêt, de stimuler les exportations, de favoriser la consommation des ménages et d’attirer les investissements sociaux. En raison du COVID-19, une plus grande attention doit être accordée à la relance de l’économie et à la stratégie numérique, à la restructuration de l’industrie manufacturière et de l’agriculture ainsi qu’au développement rural en vue d’une économie autosuffisante, moins dépendante des importations.

Selon Jacques Morisset, expert économiste principal de la Banque mondiale (BM) au Vietnam, le pays fait preuve d’un bon élan face à l’adversité et met en œuvre des réformes qui peuvent changer la donne. "Chaque crise a des opportunités et je pense que le Vietnam a toujours été très doué afin d’en tirer parti pour accélérer les réformes et avancer plus vite et mieux croître", a-t-il estimé dans une interview accordée à l’Agence Vietnamienne d’Information (VNA). "Je pense donc que la crise du COVID-19 offre une opportunité au Vietnam et nous pouvons déjà voir des améliorations et accélérations de certaines réformes", a-t-il poursuivi.

Dans sa récente étude intitulée "Global Productivity : Trends, Drivers, and Policies" (Productivité mondiale : tendances, moteurs et politiques), la BM a classé le Vietnam dans le groupe des pays émergents les plus performants aux côtés de la Chine, de l’Inde, de la Malaisie et de la Thaïlande. D’après Jacques Morisset, en une décennie, de 2010 à 2019, le Vietnam était la deuxième économie affichant le taux de croissance le plus élevé du monde, derrière la Chine. "Non seulement le Vietnam connaît une croissance très rapide, mais il crée aussi de nombreux produits et emplois", a-t-il indiqué. Et d’expliquer : "Au-delà des chiffres, je crois que si vous regardez dans le passé, le Vietnam a fait deux très bonnes choses. La première est l’agriculture et dans la première phase de développement, je parle de 1990 à 2000, le Vietnam a pu multiplier sa productivité agricole de manière significative".

Pour lui, cela a été "très important" parce que la plupart des gens travaillaient dans des fermes. "L’amélioration de la productivité agricole a une influence importante sur l’économie et vous pouvez également nourrir la population", a-t-il estimé. "La seconde est venue un peu plus tard, c’est l’ouverture de l’économie aux entreprises manufacturières et aux investissements directs étrangers (IDE). Depuis le début des années 2000, beaucoup de nouvelles entreprises sont venues s’implanter au Vietnam, créant des millions d’emplois", a-t-il ajouté. Et d’informer que de nombreux gouvernements et multinationales estiment que la crise du coronavirus donne au Vietnam l’opportunité d’attirer plus d’investisseurs étrangers.

L’expert économiste principal de la BM a noté que de nombreuses multinationales devraient se diversifier en raison de la crise, et que le Vietnam était clairement un pays capable d’accueillir plus d’IDE, ce qui représente donc la première opportunité.

Une croissance entre 2% et 3%

L’indice de l’innovation du Vietnam est monté de 17 places au classement mondial, passant de la 59e en 2016 à la 42e en 2020.

Dans le contexte de pandémie de coronavirus, le gouvernement vietnamien déploie des mesures flexibles et rapides pour minimiser ses impacts négatifs et, si possible, transformer les défis en opportunités.

Le Vietnam pourra atteindre une croissance comprise entre 2% et 3% cette année, s’il parvient à maintenir la stabilité macroéconomique au cours des quatre derniers mois de 2020. Au milieu de la sombre perspective mondiale, le pays continue d’être considéré par plusieurs institutions internationales comme faisant partie du groupe des économies à croissance positive, d’après le ministre Mai Tiên Dung, chef du bureau gouvernemental. Il a précisé qu’en août, l’indice des prix à la consommation n’avait augmenté que de 0,07% par rapport au mois précédent. Au cours des huit premiers mois de l’année, le décaissement des investissements publics a crû de 30,4%, un niveau record durant la période 2016-2020.

Les exportations ont connu une croissance de 1,6%, dépassant 174 milliards d’USD, auxquels les entreprises nationales ont contribué pour 61 milliards, soit une hausse de 15,3%. Ces chiffres sont à l’origine de l’excédent commercial de 11,9 milliards d’USD au cours de la période considérée. La crise du coronavirus continue de faire sentir ses effets sur les ventes au détail et les services, ainsi que sur les petites et moyennes entreprises. Malgré la baisse de 2% des créations d’entreprises entre janvier et août, le nombre de celles à avoir repris leurs activités a progressé de 27,9%. Selon le ministre Mai Tiên Dung, jusqu’en juillet dernier, l’État a consacré 3,8 milliards d’USD de son budget à la mise en œuvre des politiques de préférence fiscale et à la lutte contre l’épidémie de COVID-19.

Thê Linh/CVN

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