>>Une rue bordée de fleurs de pêcher à l’approche du Têt
>>Les fleurs de pêcher toujours souriantes au village de Nhât Tân
Dans un jardin de pêchers à Nhât Tân. |
Lors du dernier mois de l’année lunaire 2018, Hanoï se plonge dans un froid mordant avec ses crachins. Le village des pêchers de Nhât Tân s'immerge dans l’atmosphère fébrile du Têt. Le chemin qui y amène est plus animé qu’à l’ordinaire. On se bouscule, on court, on marchande et on compare les prix.
Une villageoise détache des feuilles de pêcher. |
Les clients, Hanoïens et régionaux, s’y précipitent pour ramener chez eux un peu de cette ambiance printanière afin d’accueillir le Nouvel An lunaire en bonne et due forme.
Un métier qui requiert patience et minutie
Les artisans à un pêcher séculaire. |
En plein cœur de la capitale tumultueuse, Nhât Tân représente les caractéristiques de la campagne du Nord. Situé au bord du fleuve Rouge, le village est entouré des chemins sinueux de couleur ocre. Une région fertile, possédant des conditions favorables au développement de l’agriculture, notamment la culture des pêchers.
À Nhât Tân, on plante pour l'essentiel des pêchers dits "bích" (de couleur rose foncée) et "phai" (de couleur rose pâle). |
Selon les anciens, le métier du village n'a pas vu le jour avant 1998, mais ne cesse de s’épanouir depuis. En plus des pêchers, les villageois plantent également des fleurs de toutes sortes et autres fruitiers.
La culture et le soin des pêchers exigent des paysans une ponctualité et un respect impératif des étapes importantes. |
Si la fleur d’abricotier est emblématique du Têt dans le Sud, c’est le pêcher qui a cette faveur dans le Nord. Depuis longtemps, les fleurs de pêcher de Nhât Tân sont devenues incontournables et iconiques lors du Têt Nguyên Dan. La culture des pêchers est considérée comme son métier principal et apporte une source de revenus stables aux villageois. En 2015, le village de Nhât Tân est officiellement reconnu village de métier traditionnel.
Un pêcher fleurit précocement. |
La culture et le soin des pêchers exigent des paysans une ponctualité et un respect impératif des étapes importantes. Chaque foyer dispose de variantes propres de techniques en la matière. Pour obtenir un pêcher possédant à la fois boutons, feuilles et fleurs qui fleurissent à temps pour le Têt, ni trop tôt ni trop tard, cela demande du temps mais surtout, du savoir-faire! Bien sûr, le climat constitue l’élément prédominant. Si les températures sont élevées, les fleurs fleurissent de façon précoce (avant le Têt), et au contraire, elles ne fleuriront pas si le climat est trop froid. De ce fait, les cultivateurs doivent annuellement calculer, de manière la plus exacte possible, le calendrier avant d’ébrancher et de détacher les feuilles et tailler les arbres. Ce travail demande grande patience et méticulosité de la part des paysans.
On transporte les pêchers à vendre au marché. |
Selon les cultivateurs, "on vend une petite branche au prix de 200.000 à 400.000 dôngs. Pour ce qui est des arbres, le prix peut monter à plusieurs dizaines de millions de dôngs. La culture des pêchers demande énormément de soins à l’année tandis que nous devons attendre la fin de l’année pour la récolte. Ce n’est pas un travail de tout repos!", fait savoir un propriétaire de jardin de pêchers.
Une artisane soigne un pêcher aux fleurs "phai". |
Les pêchers se déclinent en diverses espèces, mais au village de Nhât Tân, on y cultive pour l’essentiel des pêchers dits bich (de couleur rose foncée) et phai (de couleur rose pâle). Les catégories sont toutes deux très appréciées par les consommateurs. "Chaque année, ma famille se rend à Nhât Tân pour y acheter des pêchers. Les fleurs de couleur rose foncée ou pâle sont toutes aussi séduisantes. Je privilégie plutôt les branches ou les arbres ayant une belle forme et allure", partage Ngân Huong, fonctionnaire étatique vivant à Hanoï.
Les rues recouvertes du manteau rouge printanier
Le Têt ne peut simplement pas manquer de fleurs de pêchers. |
"Le prix d’une belle branche ou d’un arbre varie vastement de 500.000 dôngs à 50 millions de dôngs. Pour pouvoir choisir le pêcher idéal, plusieurs clients se rendent ici plus d’un mois avant le Têt", fait savoir une cultivatrice de Nhât Tân. À chaque saison de Têt Nguyên Ðán, les paysans peuvent vendre plusieurs centaines de branches et arbres de pêchers.
Le village de Nhât Tân est réputé par ses pêchers séculaires de grande valeur. |
Environ deux semaines avant le Têt, les marchands de Nhât Tân transportent également des pêchers dans la rue de Lac Long Quân, arrondissement de Tây Hô à Hanoï pour la vente. La rue devient alors une destination de prédilection pour les badauds dont le regard est attiré par la palette de couleurs vives des fleurs de pêcher qui ont envahi les trottoirs.
La rue Lac Long Quân est connue également comme "marché" des plantes d’agrément du Têt. "Le Têt ne peut simplement pas manquer de fleurs de pêchers. Tous les ans, je m’y rends avec mon mari pour y acheter une branche. Je préfère la beauté des fleurs de couleur rose pâle", confie Thu Phuong, résidant à Gia Lâm, Hanoï.
Les villageois cultivent d'autres fleurs d'agrément pour le Têt. |
En outre, les pêchers de Nhât Tân sont aussi largement vendus au fameux marché aux fleurs de Quang An, celui de Quang Ba ainsi que dans le vieux quartier de Hanoï. Ils sont également délivrés aux régions éloignées pour satisfaire les amoureux des fleurs de pêcher vivant loin de la capitale.
À côté des marchés forains et des banh chung (gâteau de riz gluant farci de viande de porc et de haricot mungo), l’image des fleurs de pêcher de Nhât Tân s’attache vraisemblablement de manière étroite à la vie des Vietnamiens, nous rappelant ainsi toujours une belle tradition du pays.
Texte et photos: Thu Hà Ngô/CVN