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Au Vietnam, le nom de famille Nguyên est le plus populaire et le plus nombreux. |
Photo: CTV/CVN |
Pour abréger un nom, on pourrait s’adresser à M. Louis Simon, Français, par "M. Simon"; à Mme Elizabeth Hodgkin, Anglaise, par "Mrs. Hodgkin"… Il n’y a pas moyen de se tromper, on n’a qu’à choisir le nom de famille qui est le nom particulier d’une personne.
Mais quelle est la règle pour les noms vietnamiens, par exemple Lê Lam, Trân Van Ba, Nguyên Thi Bang Tâm…? L’ordre des noms est inversé: le nom de famille précède le prénom. Mais dans les noms de plus de deux syllabes, le nom de famille peut comprendre la ou les deux syllabes initiales. Le prénom peut avoir la ou les deux syllabes terminales.
Nom complet d’un Vietnamien
À une conférence internationale, le président, un Japonais, s’est adressé à Nguyên Huu Phu, Vietnamien, en l’appelant par son nom de famille: "Mr. Nguyên". M. Phu n’a même pas bougé, ne se croyant pas interpellé, sûr que Mr. Nguyên était une autre personne.
Le nom d’un Vietnamien comprend le nom du clan familial (tính ou ho) et le nom particulier de l’individu. Ces deux éléments peuvent être ou non reliés par une particule intercalaire, souvent Thi pour la femme et Van pour l’homme (Thi = famille, exprimait un souhait de progéniture abondance, Van = littérature, un souhait de réussite aux concours littéraires). Ainsi, Lê Lam (Lê: clan familial - cf, Lam: nom particulier - np), Trân Van Ba (Trân: cf, Van: particule intercalaire - pi, Ba: np), Nguyên Khoa Diêu Hông (Nguyên Khoa: cf, Diêu Hông: np).
Un nom vietnamien est généralement composé de trois mots, mais aussi de deux, quatre ou cinq syllabes distincts. |
Photo: ST/CVN |
Le nombre de clans familiaux ne doit pas dépasser 300. Le plus fréquent est Nguyên: les rois Trân (1225-1400) ont obligé tous les membres de la famille des rois Lý de la dynastie antérieure à adopter le nom patronymique Nguyên. C’est le grand-père ou le père qui donnait le nom particulier en prenant des objets concrets (plantes, fleurs, fruits, animaux…) ou des notions abstraies (année de naissance, vertus morales…).
Il était interdit de donner un nom porté par les parents, les ascendants, les membres de la famille royale, les génies. On évitait de prononcer ces noms tabous. Le candidat qui écrivait un des noms (ou simplement son homonyme) de la famille royale était rejeté et puni sévèrement.
Autrefois, de sa naissance à sa mort, un Vietnamien pouvait avoir une dizaine de noms. Comme il n’existait pas encore d’actes de naissance, le nouveau-né ne recevait pas tout de suite un nom. On l’appelait par un sobriquet insignifiant, parfois laid et obscène pour écarter la convoitise des esprits malins. Par exemple: thang cu/cò (verge), cái him (vagin), thang/con đo (Le ou La Rouge) (le terme sino-vietnamien Xích tu - enfant rouge - signifie "Nouveau-né").
Quand il avait 2 ou 3 ans, on lui donnait un nom familier (tên tuc), souvent quelconque, qui deviendrait après sa mort un nom d’invocation culturelle (tên cúng com - nom pour invoquer le mort à revenir prendre l’offrande de riz culturelle). À l’âge adulte, variable selon les circonstances (scolarité, mariage…), l’individu (souvent mâle) obtenait un nom officiel (tên bô = nom inscrit au registre communal).
Dans certains cas, le nom familier était considéré comme un nom officiel. Les gens distingués se donnaient un pseudonyme (tên hiêu) fait de deux idéogrammes chinois évoquant un nom géographique ou une qualité morale. Par exemple: Tan Ðà = mont Tan et fleuve Ðà (du lieu de naissance du porteur du nom), Bach Vân cu si = l’ermite de l’asile du Nuage Blanc.
Un post-nom littéraire (tên chu, tên tu), laudatif, explicitait en idéogrammes chinois le contenu du nom officiel. Le mort recevait un nom posthume (tên thuy) résumant sa vie. Son nom familier devenait aussi un nom posthume et interdit (tên húy, tên hèm).
Notons pour terminer que les noms religieux des bonzes commencent avec le mot Thích (transcription phonétique de Çakya) et que ceux des bonzesses débutent avec le mot Ðàm ou le mot Diêu.
(1995)