>>COP21 : les participants confrontés au clivage historique Nord-Sud
"Je pense être en mesure de présenter" vendredi "ma proposition de texte final", a déclaré Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et président de la COP21, lors d'une très brève séance plénière, à 24 heures de la fin prévue de la réunion.
"Nous sommes extrêmement proches du but" et "il est temps de conclure", a-t-il lancé aux ministres et représentants des 195 pays réunis au Bourget, au nord de Paris, en leur soumettant un projet d'accord intermédiaire.
De gauche à droite, Paul Watson, patron de la Sea Shepherd Conservation Society, le Brésilien, Raoni Metuktire, l'un des grands chefs du peuple Kayapo et Gert-Peter Bruch, président de l'association Planète Amazone, le 10 décembre à la COP21 à Paris. |
Ce nouveau texte "tranche sur plusieurs options" mais "quelques points spécifiques restent entre crochets (...)" et ne sont donc toujours pas réglés. Il s'agit des "plus complexes", a dit M. Fabius, en citant "la différenciation (entre les pays développés et les autres dans les efforts à fournir, ndlr), les financements et l'ambition" de l'accord.
"Nous voulons un accord, nous sommes extrêmement proches du but, nous devons donc faire preuve de la responsabilité nécessaire pour trouver dans les heures qui viennent un terrain d'entente universel. Bref, il est temps de conclure", a-t-il ajouté.
Les ministres ont jusqu'à 23h30 (22h30 GMT) pour plancher avec leurs équipes sur le nouveau texte, avant de reprendre les tractations entre délégations.
Attendue dans l'après-midi, la présentation de ce texte, censé formuler de nouveaux compromis, avait été repoussée en soirée.
Dans les allées du centre de conférence, avant la séance plénière, l'ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko, qui s'est régulièrement exprimée au nom du groupe G77"la Chine (134 pays émergents et en développement), avait confié que Laurent Fabius avait "besoin de temps pour consulter les ministres, les uns après les autres".
Le ministre français "fait en sorte qu'il n'y ait pas de chaos" dans le processus de négociations", a-t-elle ajouté. "Il y a de la tension mais aussi de la placidité", a assuré la négociatrice.
Évolution des financements climat et données comparées. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le temps presse pour réussir à surmonter les divergences et sceller ce pacte qui a pour ambition d'empêcher des déréglements climatiques de plus en plus sévères (sécheresses, inondations, fonte accélérée des glaciers, etc.).
Six ans après l'échec de Copenhague, cet accord doit permettre d'augmenter les chances de contenir la hausse du thermomètre mondial à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
L'art de l'équilibre
La séance plénière de mercredi soir 9 décembre, au cours de laquelle les pays s'étaient exprimés à tour de rôle, avait permis de mesurer l'ampleur des désaccords persistants sur trois sujets clé : la différenciation entre les pays développés et les autres dans les efforts à fournir contre le réchauffement, l'ambition globale de l'accord, notamment quelle température retenir comme le seuil à ne pas dépasser, et bien sûr la question des financements dont doivent bénéficier les pays les plus vulnérables pour faire face aux impacts du réchauffement.
"Cela prend du temps d'intégrer les contributions de tous les pays pour trouver le bon équilibre dans le texte, c'est une tâche très délicate, c'est un art", avait commenté en début de soirée un négociateur européen pendant que les 195 pays attendaient le nouveau projet d'accord.
L'Algérien Ahmed Djoghlaf, qui a co-présidé les débats lors de la première semaine de la conférence, avait confié : "On ne pourra pas moralement, historiquement, économiquement, écologiquement, rater la dernière marche demain".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, le 10 décembre au Bourget. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les pays en développement ont réaffirmé avec force mercredi leur volonté de ne pas être mis sur le même pied que ceux du Nord, à la fois responsables historiques du réchauffement et disposant de plus de moyens pour y faire face.
Plusieurs pays en première ligne face aux impacts du réchauffement ont eux insisté pour que l'accord mentionne l'objectif d'un réchauffement maximal de 1,5°C, même si ce chiffre nécessiterait des actions drastiques pour être respecté.
Les pays se sont entendus en 2009 sur l'objectif de +2°C mais les engagements pris à ce jour placent la planète sur un réchauffement de +3°C.
Concernant les financements, les pays en développement tiennent à ce que les 100 milliards de dollars annuels promis par les pays développés à partir de 2020 soient une somme "plancher", régulièrement revue à la hausse.