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Le chef de la diplomatie française doit présenter cette nouvelle version du texte à 13h00 heure locale (12h00 GMT).
Mardi soir 8 décembre, au terme d'une nouvelle journée de négociations intenses et difficiles, les ministres de 195 pays ont relevé en séance plénière tous les points de désaccord majeurs restant à trancher, tout en soulignant des progrès et l'atmosphère de "coopération" des travaux.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius (centre) rencontre des ONG lors de la conférence sur le climat au Bourget le 8 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous devons maintenant passer à la préparation négociée de ce qui pourra être, le moment venu, le texte final", leur a déclaré M. Fabius.
"Je compte vous présenter une version nettoyée du texte demain (mercredi) à 13h00" locales, a-t-il poursuivi, précisant : "Il s'agira d'une étape j'espère importante, mais pas encore du résultat final des négociations". "Il reste un travail considérable", a-t-il dit à la presse à l'issue de la plénière réunie au Bourget, en région parisienne.
Ce document, sur la base du projet de 48 pages élaboré la semaine dernière par les négociateurs, intégrera les recommandations émises jusqu'à mardi minuit 8 décembre par les facilitateurs des divers groupes de travail.
Il "permettra d'avoir une vision d'ensemble des équilibres à trouver", avec moins d'options entre parenthèses, a indiqué M. Fabius.
Parmi les ONG, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a exprimé son inquiétude devant ce rythme à marche forcée, craignant que "des sujets fondamentaux disparaissent".
La conférence est censée accoucher d'un pacte universel contre un réchauffement aux impacts déjà notables : sécheresses, fonte de glaciers, élévation du niveau des mers, etc. Sur la table des négociations, les dossiers épineux sont empilés, et bien connus.
Des lignes de fracture entières
La question de la répartition des efforts entre pays du Nord et du Sud, en fait partie. "Et il est très clair que les lignes de fracture restent entières" sur ce sujet, a dit mardi soir 8 décembre aux délégués le ministre de Singapour et médiateur Vivian Balakrishnan.
Le secrétaire d'État américain John Kerry (droite) s'entretient avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lors de la conférence sur le climat au Bourget le 8 décembre. |
"À ce stade, les parties ne sont pas encore prêtes à abattre leurs dernières cartes", a-t-il dit. La question des financements climatiques vers les pays du Sud aussi divise, UE et États-Unis réclamant que d'autres pays que les seuls pays industrialisés participent. Mais ceux-ci doivent assumer leurs promesses passées, répondent les pays en développement.
Le ministre indien de l'Environnement, Prakash Javadekar, s'est dit "déçu" mardi 8 décembre des engagements des pays développés, et a exigé avec ses homologues chinois, brésilien et sud-africain "une hausse substantielle" de l'aide financière promise.
Autre point dur, la révision régulière des mesures pour limiter les gaz à effet de serre, à ce stade insuffisantes pour contenir le réchauffement sous le seuil de +2° par rapport à la Révolution industrielle. La date de la première révision fait débat.
Le forum des plus vulnérables au réchauffement (43 pays) a réaffirmé son objectif de +1,5°C maximum.
Encore des points durs à résoudre
Figure de proue des pays pétroliers, l'Arabie saoudite renâcle sur la plupart des points. À ce stade des engagements nationaux, le monde file vers +3°, au-delà du supportable pour de nombreuses espèces et écosystèmes.
"Les zones de négociations sont claires. Les progrès ne sont pas significatifs, mais ce n'est pas surprenant : rien n'est acquis avant que tout soit acquis", a averti l'Américain Elliot Diringer, observateur de longue date des négociations.
Délégués et ONG ont cependant salué depuis lundi 7 décembre, "l'esprit de coopération et la volonté de compromis" générale. Le négociateur chinois Xie Zhenhua s'est dit "confiant" : "Je crois que nous pouvons trouver un accord détaillé, ambitieux, contraignant, et ne laissant personne de côté".
"Bien que nous ayons des points durs à résoudre, je suis convaincu que nous pouvons y arriver", a aussi déclaré John Kerry. Le secrétaire d'État américain a expliqué que son pays avait dû en 2014 dépenser 126 milliards de dollars pour réparer les dégâts causés par huit ouragans. Il a aussi raconté les scènes de dévastation aux Philippines après le passage du super typhon Haiyan.
"Voila ce que sera notre avenir. À moins que nous domptions ce monstre que nous avons créé", a-t-il prévenu.