Les mystères d'un oratorio italien exhumé de la bibliothèque de Lyon

Tombé aux oubliettes de l'Histoire comme son compositeur, un mystérieux oratorio italien, découvert dans les fonds anciens de la bibliothèque municipale de Lyon, sera joué lundi 21 mars pour la première fois depuis trois siècles.

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Le manuscrit d'un oratorio italien, découvert dans les fonds anciens de la bibliothèque municipale de Lyon, le 3 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Franck-Emmanuel Comte, directeur artistique du "Concert de l'Hostel Dieu", orchestre fondé en 1992 alors qu'il étudiait au Conservatoire de Lyon, s'est fait une spécialité de redonner vie à des œuvres inédites ou méconnues dont les partitions sont conservées dans la région.

En particulier à la Bibliothèque municipale de Lyon, dotée de riches collections des XVIIe et XVIIIe siècles, à forte tonalité italienne, héritées de l'Académie de musique de la ville créée à l'époque.

"Je hante les rayons de la bibliothèque depuis longtemps", plaisantait Franck-Emmanuel Comte en février, lors d'une conférence sur le concert à venir.

En 2017, un livret manuscrit en italien, très bien conservé, attire son attention : il ne porte ni titre, ni signature, ni trace d'une représentation passée. Sur la page de garde figurent seulement une date, 1713, et une mention, Du Manssa : le nom du compositeur?

Pour résoudre l'énigme de cet oratorio, qui traite de la Genèse, le directeur du Concert de l'Hostel Dieu fait appel à un musicologue de l'université Frédéric-II à Naples, Marco Bizzarini. Ce spécialiste du baroque remonte la piste d'un Luigi Da Mancia, né vers 1660 à Brescia.

Contemporain de Corelli ou Scarlatti, ce compositeur "était peu connu en France mais très estimé à l'époque" en Italie, et aussi en Allemagne où il fut très actif grâce à d'importants mécènes, explique l'expert.

D'après les recherches biographiques de Marco Bizzarini, le compositeur a créé cet oratorio vers 1698, dans un collège de Modène.
Photo : AFP/VNA/CVN

La comparaison de la partition lyonnaise à d'autres œuvres de Mancia révèle un style identique. Mais il ne s'agit pas d'un autographe : le manuscrit est une copie, trahie par des erreurs et l'absence de texte pour le dernier chœur.

D'après les recherches biographiques de Marco Bizzarini, le compositeur a créé cet oratorio vers 1698, dans un collège de Modène où il enseignait la musique à de jeunes nobles qui le jouèrent probablement à l'occasion du Carême, période durant laquelle on ne donnait pas d'opéras mais seulement des oratorios - sans mise en scène, ni costumes, ni décors.

Cette finalité d'ordre privé pourrait expliquer l'orchestration de l'œuvre, selon Franck-Emmanuel Comte. Consignée dans le livret, elle dispose les musiciens en deux chœurs qui se font face sur scène : de quoi contenter tous les élèves...

Autre singularité, le dialogue entre Adam et Ève est écrit pour deux voix féminines, le personnage masculin ayant la plus aigüe (soprano).

Et "il y a plein d'instruments bizarres", observe enfin le musicien lyonnais: des trompettes bouchées, une première pour l'époque, accompagnent ainsi l'entrée du personnage de la Mort et un air a été écrit pour trois violoncelles, "ce qui reste aussi unique au XVIIe siècle".

"Il Paradiso Perduto", titre choisi trois siècles plus tard, est au programme de l'Auditorium de Lyon lundi soir 21 mars avant un disque et, peut-être, une tournée.


AFP/VNA/CVN

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