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L'actrice française Aïssa Maïga prononce un discours, avant de remettre le César du meilleur espoir féminin, |
Le "tabou" Polanski
"Bonsoir, bienvenue à la cérémonie des taulards!... Euh des César. Il parait qu’il y a des gros prédateurs... Euh producteurs dans la salle. Ça tombe bien, je suis bien équipée"... En ouvrant la cérémonie, Florence Foresti n'a pas mâché ses mots à l'encontre du réalisateur Roman Polanski, qui a récolté 12 nominations.
"Il faut qu’on règle un dossier sinon on va avoir un souci pendant la cérémonie. Il y a douze moments où on va avoir un souci. Il faut qu’on règle le problème sinon ça va nous pourrir la soirée. Qu’est-ce qu’on fait avec Roro? Qu’est ce qu’on fait avec Popol ? Ne faites pas comme lui, ne faites pas les innocents vous savez très bien de qui je parle. Qu’est-ce qu’on fait avec Atchoum ?", a insisté la comédienne. "J’ai décidé qu’Atchoum n’était pas assez grand pour faire de l’ombre au cinéma français et au reste de la sélection", a ajouté Florence Foresti.
Chargé d'annoncer le lauréat du César de la meilleure adaptation, attribué à roman Polanski et Robert Harris pour J'accuse, le comédien Jean-Pierre Darroussin n'a pu s'empêcher d’écorcher les noms des lauréats.
Un effort pour la diversité
Chargée de remettre le César du meilleur espoir féminin, Aïssa Maïga a appelé à plus de diversité dans le cinéma français. "Dès que je me retrouve dans une grande réunion du métier, je ne peux pas m’empêcher de compter le nombre de noirs et de non-blancs dans la salle", a-t-elle dit.
"J’ai toujours pu compter sur les doigts d’une main le nombre de non-blancs", a-t-elle déploré.
"On a survécu au whitewashing, au blackface, aux tonnes de rôles de dealers, de femmes de ménages à l'accent bwana, on a survécu aux rôles de terroristes, à tous les rôles de filles hypersexualisées... Et en fait, on voudrait vous dire, on ne va pas laisser le cinéma français tranquille (...) La bonne nouvelle, c’est que l’inclusion ne peut se faire sans vous", a insisté l'actrice, présidente des collectifs "50/50" et "Noire n'est pas mon métier".
La sortie d'Adèle Haenel
Le César du meilleur réalisateur à Roman Polanski a été insupportable pour la comédienne Adèle Haenel qui a quitté la salle Pleyel furieuse aussitôt après l'annonce du prix.
Les actrices françaises Noémie Merlant (gauche) et Adèle Haenel, lors de la 45e cérémonie des César |
Elle a rapidement été suivie par la réalisatrice de "Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma qui n'a reçu qu'un César technique''.
"Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, +ce n’est pas si grave de violer des femmes+", avait confié cette semaine l'actrice au New York Times.
La honte, a lancé en partant la comédienne, symbole d'un nouvel élan de #MeToo en France depuis qu'elle a accusé en novembre le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements répétés" quand elle était adolescente.
La guerre à la misère de Ladj Ly
"La misère ne touche pas que les habitants des banlieues. Elle touche tout le monde. La France est un pays blessé mais c’est notre pays. Faisons en un grand pays. Le seul ennemi ce n'est pas l'autre c'est la misère", a affirmé le réalisateur récompensé par le César du meilleur film pour Les Misérables.
Le discours généreux du réalisateur aura été un des seuls moments de grâce d'une cérémonie tendue.
Avec quatre statuettes dont le César du public, Les Misérables est le grand gagnant de cette 45e édition des César.