Les femmes vietnamiennes face à l’histoire

Le 8 mars célèbre toutes les femmes. Une occasion pour rappeler leurs impacts, mais aussi leurs empreintes dans le monde au fil de l’histoire. Dans un pays en pleine mutation, les femmes vietnamiennes doivent conjuguer entre le poids du passé, les défis du présent et leur futur.

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Le rôle des femmes vietnamiennes est de plus en plus affirmé dans divers domaines.

Le 8 mars pourrait être une date comme les autres. Mais elle est la seule journée qui symbolise et célèbre le rôle souvent mésestimé et méconnu des femmes dans la société, et aussi dans l’histoire. Par son passé à la fois riche et mouvementé, le Vietnam et particulièrement les Vietnamiennes ont dû faire face à de nombreux défis. Et doivent encore en 2016 gérer certaines conséquences, comme celles de la Guerre du Vietnam, les effets nocifs de l’agent orange sur la santé et l’environnement, ou encore les problèmes sociaux liés à la reconstruction et à l’évolution de la technologie.

Les conséquences de la guerre du Vietnam

Au-delà de l’impact politique, la guerre du Vietnam a laissé des traces dans la mémoire collective des Vietnamiennes, choquées par son ampleur et ses conséquences, dont l’usage d’armes modernes pour l’époque et d’agents chimiques. Difficile en effet d’oublier la fameuse photo de la petite Kim, nue, courrant pour échapper à l’explosion de napalm. De 1961 à 1975, ce sont près de 80 millions de litres d’agent orange qui ont été déversés dans le Centre et le Sud du Vietnam, faisant de cet épandage l’écocide le plus important du XXe siècle. Selon un recensement de la VAVA (Association vietnamienne des victimes de l’agent orange) le Vietnam compte actuellement entre deux et trois millions de victimes, dont 10% des enfants. Mais il paraît impossible de chiffrer exactement les victimes du passé, du présent, et encore moins celles à venir. La faute à de nombreuses pathologies qui tardent encore à être attribuées aux dioxines.

Aujourd’hui, les troisième et quatrième générations de victimes sont toujours en lutte pour la reconnaissance des responsabilités des firmes américaines comme Monsanto et Dow Chemical. Un petit espoir vient cependant de France. Le 16 avril 2015, le procès entre Trân Tô Nga, victime franco-vietnamienne de l’agent orange, et une vingtaine de sociétés chimiques américaines fournisseurs de l’armée américaine s’était ouvert au tribunal d’Evry. Une procédure rendue possible suite au vote par le Parlement français d’une loi en 2013 qui autorise toute victime française d’un tort commis à l’étranger par un étranger de porter plainte devant les tribunaux français.

Présentes dans les luttes et le savoir

La presse et la littérature au Vietnam ont dépeint les luttes des femmes, et ce depuis des villages éloignés des mégalopoles tels que Hanoi, Huê ou Hô Chi Minh-Ville. Des livres et des films ont abondamment relayé ces combats menés par des jeunes et des étudiants prenant le maquis, ou partagé des chroniques de femmes ouvrières et paysannes à la tête de la résistance contre les américains. Ce sont des fragments de l’Histoire, où elles ont pris le pouvoir et remplacé les hommes partis à la guerre.

Mais en 2016, leur place est maintenant tout autre. Les femmes vietnamiennes ont évolué vers des domaines révélateurs des sciences de l’éducation, de la physique (notamment la nano technologie), des mathématiques et se sont vues décerner plusieurs prix et médailles.

Pourtant, ellles doivent faire face à de nombreux défis.
Photo : Phuong Hoa/VNA/CVN

En particulier, le consul général de France à Hô Chi Minh-Ville a remis le 18 décembre 2014 les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur à Bùi Trân Phuong, rectrice de l’université Hoa Sen, pour ses contributions à la promotion des relations franco-vietnamiennes dans le domaine culturel, éducatif et dans la coopération universitaire. Toujours la même année, à l’occasion d’une exposition au Musée des ao dài, de nombreuses représentantes féminines de la communauté diplomatique, scientifique et artistique ont retracé les contributions majeures des femmes dans les domaines de la politique et de la société au cours du XXe siècle. On pouvait entre autres compter sur la présence des ministres Nguyên Thi Dinh et Nguyên Thi Binh, de la diplomate Tôn Nu Thi Ninh, de l’artiste Trà Giang, ou encore de la docteure Nguyên Thi Ngoc Phuong qui a longuement travaillé sur la question de l’agent orange.

Des perspectives encore fragiles

En outre des conséquences du passé, les Vietnamiennes doivent également affronter les défis du présent, et notamment la violence à leur encontre. Face aux problèmes sociaux liés à la reconstruction du pays, une campagne de prévention et de lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles s’est organisée sur le terrain, et organisée par le Centre de recherche sur la famille et le développement communautaire, le Centre pour les femmes et le développement et enfin le Club Honda Dream II.

Le pays prend sa place dans le concert des nations, offrant de nouvelles perspectives pour les femmes vietnamiennes. Mais leur montée reste fragilisée par une société encore remplie de tabous et d’écueil à leur égard, notamment dans les domaines de la politique, des sciences et de la technologie.

Le 8 mars est l’occasion de remettre les femmes du Vietnam à l’honneur pour leurs contributions importantes dans tous les domaines permettant à la société d’être plus égalitaire et agissant dans un souci de justice, et de vérité.

Nguyên Dac Nhu Mai
(Apfsv)/CVN

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