Les femmes peuvent-elles faire le travail des hommes ?

Deux ans après le début du COVID-19, les êtres humains doivent faire face à la vague de contaminations nécessitant des mesures pour limiter la propagation des variants plus dangereux. Selon une étude, la pandémie a fait perdre 36 ans à l’égalité entre les femmes et les hommes.

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Hà Nhi et les bénévoles de l’équipe d’ambulance gratuite de Nhât Tâm.
Photo : TN/CVN

La crise sanitaire a multiplié la charge des femmes entre le travail et les responsabilités de la maison, avec les tâches ménagères, la garde des enfants et les soins aux personnes âgées qui leur incombent de manière disproportionnée, sans compter l’exacerbation de la violence domestique et des viols. Pourtant, il y a une jeune femme vietnamienne qui a démenti l’idée sur l’augmentation de la vulnérabilité des femmes et a confirmé qu’elles peuvent non seulement faire le travail des hommes mais même arriver à de meilleurs résultats. C’est Hà Nhi, 25 ans, la seule conductrice volontaire de voitures emmenant des patients (F0) et des cas contacts direct avec le F0 (F1) aux lieux de confinement à Hô Chi Minh-Ville.

Membre de force en première en ligne

Avant la vague de contaminations au COVID-19, Hà Nhi travaillait dans le domaine de la beauté, concrètement du tatouage esthétique. Les retombées économiques et la politique de distanciation sociale du gouvernement ont affecté ses revenus. Toutefois, quand Hô Chi Minh-Ville a gravement été frappée par la pandémie de coronavirus et atteint un sommet de 7.000 infections enregistrées chaque jour, la jeune femme n’a pas hésité à s’inscrire à une organisation volontaire appelée Nhât Tâm qui mène des activités pour soutenir des patients et des médecins dans des emplacements les plus brûlants de la ville.

Dans un premier temps, dénuée de connaissances médicales, Hà Nhi a été chargée des tâches de cuisine. Après, par manque de conducteurs de l’équipe, elle a décidé de devenir la seule conductrice volontaire pour emmener des F0 et F1 aux hôpitaux ou lieux de confinement. "Si tout le monde a peur et s’inquiète, personne ne le fera. Je pense simplement que je dois essayer autant que possible pour aider les autorités de la ville à juguler l’épidémie rapidement car il y a beaucoup de personnes qui ont besoin de moi. Je continuerai à faire ce travail jusqu’à ce que la ville soit complètement débarrassée du coronavirus", a déclaré Hà Nhi.

Depuis juin, Hà Nhi conduit sans relâche, faisant parfois jusqu’à 14 ou 15 trajets chaque jour. Elle termine généralement son travail à minuit, 01h00 parfois 02h00 du matin. Contrairement à plusieurs de ses collègues masculins qui ont abandonné du fait des conditions de travail difficiles, Hà Nhi a su surmonter les obstacles avec résistance, enthousiasme et amour pour la ville la plus peuplée du pays. Cependant, il y a eu un accident qui a effrayé cette brave femme. Le 11 juillet, pour la première fois après plusieurs jours de volontariat en tant que chauffeur, Hà Nhi s’est sentie impuissante.

Ces jeunes femmes contre le COVID-19

"C’était le dernier trajet de la journée, il y avait cinq cas confirmés positifs au COVID-19, toutes Japonaises. L’une d’elles a commencé à s’étouffer mais il n’y avait ni infirmière ni médecin dans la voiture et le réservoir d’oxygène ne pouvait pas être utilisé. Après avoir appelé le service de santé du quartier, j’ai immédiatement conduit la patiente à l’hôpital de Thu Duc. En chemin, les autres patientes dans la voiture avaient également très peur pour la survie de leur amie. Elles n’arrêtaient pas de frapper à la porte pour me demander de l’aider, mais je ne connaissais aucun mot japonais... À ce moment-là, je me suis sentie impuissante, j’ai fondu en larmes et je n’ai pu qu’essayer d’emmener la patiente à l’hôpital le plus rapidement possible. Environ 15 minutes plus tard à l’hôpital, heureusement, la patiente a été prise en charge par les médecins", a partagé Hà Nhi.

Huê Nguyên a travaillé continuellement en état de l’absence d’air lors de son volontariat dans la zone épidémique de Bac Giang en mai 2021
Photo : TN/CVN

Hà Nhi n’est pas la seule jeune femme participant aux forces en première ligne pour "éteindre le feu" causé par l’explosion de la pandémie au Vietnam. Il y a de nombreuses jeunes femmes courageuses dans ce combat ardu. Nous nous rappellerons tous notamment de l’humour de cette jeune étudiante en médecine durant l’épidémie à Bac Giang (Nord) en 2021, qui avait écrit les mots suivants sur son équipement de protection "Facebook : Huê Nguyên, célibataire". Nombreux sont ceux qui ont écrit des phrases similaires, pour donner le sourire aux patients et motiver les médecins travaillant sans interruption dans une chaleur de près de 40oC.

Parmi ces phrases on pouvait lire notamment "Équipe de chasse du coronavirus" ou encore "La fatigue est juste un sentiment". Si les femmes médecins mariées se consacrant à la lutte contre la "tempête" de COVID-19 acceptent de quitter temporairement famille et enfants suivant le slogan "Patient d’abord, famille après", les filles nées entre 1990 et 2010 ont affirmé leur place très importante dans ce combat d’une autre façon, avec enthousiasme, vivacité sans oublier la résilience, commune à toutes les femmes vietnamiennes face à des conditions de travail très difficiles.

Dans le contexte où la santé, le bien-être social et économique des femmes pâtissent lourdement de la pandémie, celles-ci ont contribué à l’endiguement d’un autre "virus", celui de l’inégalité des sexes. Ainsi, on peut sans conteste avoir confiance en l’avenir, où la pandémie sera jugulée et les disparités entre les genres seront comblées grâce à la volonté de ces jeunes femmes vietnamiennes.

Giap Thi Hoàng Trà/CVN
(Prix de l'ambassade de Belgique du Concours "Jeunes Reporters Francophones 2021")

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