Les enfants autistes privés d’école ?

Offrir une éducation appropriée aux enfants autistes suscite chez de nombreux parents de grandes inquiétudes. Cependant, à Hô Chi Minh-Ville notamment, l’enseignement en faveur des enfants autistes n’est vraiment pas une priorité.

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Bao Linh (4 ans) fait des progrès grâce à un suivi personnalisé.

Selon de nombreux psychologues, le nombre d’enfants autistes (EA) au Vietnam est en augmentation et bien que l’enfant autiste soit physiquement en bonne santé, il est victime de nombreux troubles du développement (troubles de la communication, du comportement, des relations sociales). Ainsi, les EA doivent être pris en charge et scolarisés dans des écoles spécialisées prévoyant des méthodes éducatives spéciales. Si le développement de ce type d’établissements est urgent, tout reste à construire ou presque.

Manque d’écoles spécialisées

Il n’existe pas vraiment de structures d’accueil pour les EA. Les parents sont ainsi face à de nombreuses difficultés face aux différents troubles du spectre autistique. Ils doivent chercher par eux-mêmes d’éventuels programmes des soins d’EA sur internet ou dans les journaux. Ils ont recours aussi aux établissements privés dont les frais de scolarité sont exhorbitants.

«C’est à l’âge de deux ans qu’on a constaté que ma petite-fille, Bao Linh, souffrait de troubles du comportement. Mais, à Tây Ninh (Sud), il n’y avait aucune école pour l’accueillir. Par conséquent, on a dû la soigner à la maison pendant plus d’un an. C’est à l’âge de trois ans que nous l’avons conduite à Hô Chi Minh-Ville pour qu’elle puisse être soignée. Nous n’avons trouvé aucune école publique appropriée aux enfants autistes. Et ma famille a été contrainte de l’inscrire dans un établissement privé spécialisé», témoigne Pham Thi Diu (57 ans, Tây Ninh).

Des enfants autistes s’amusent dans l’école spécialisée «Bin Bin».

Selon nos informations, la propriétaire de cet établissement était une enseignante formée officiellement pour enseigner aux enfants porteurs d’un handicap mais non-autistes. Elle-même mère d’EA, son enseignement était loin d’être efficace, alors que Pham Thi Diu devait débourser 9,5 millions de dôngs par mois. C’était sans compter les 3 millions de dôngs par mois supplémentaires pour bénéficier d’un enseignant à domicile et les 2,5 millions pour le logement, soit au total 15 millions de dôngs. Ceci représente une somme conséquente pour une famille paysanne. C’est ainsi que certains mois, la petite fille ne pouvait pas bénéficier de soins et de cours par manque de moyens de sa famille.

En vertu des textes sur l’éducation, il semble que les écoles maternelles et les écoles primaires publiques se doivent de recevoir des enfants atteints d’autisme léger. Pourtant, le nombre reste très limité pour diverses raisons.

Interrogée sur cette question, Mme Kim Thanh, directrice adjointe du Service de l’éducation et de la formation de Hô Chi Minh-Ville, a indiqué : «L’autisme est une maladie sociale et jusqu’à présent, aucune école ne donne la priorité aux EA. Actuellement, notre ville dispose de 26 écoles spécialisées. Par ailleurs, 500 écoles ont reçu des enfants handicapés dans le cadre de programme d’insertion. En outre, la ville possède des établissements privés réservés aux EA. Cependant, les activités d’enseignement de ces installations sont basées essentiellement sur les expériences des propriétaires, eux-mêmes parents d’EA».

Ces établissements dits spécialisés ne font pas encore l’objet d’un suivi suffisant par les agences éducatives expertes dans le domaine. Concrètement, il n’existe pas de programme d’éducation officiel pour les EA. En effet, chaque enfant a des troubles différents et a donc besoin d’un apprentissage personnalisé, d’où la difficulté d’évaluer la qualité de l’enseignement dans les EDA.

Selon le Dr. Ngô Xuân Diêp, directeur du Département de psychologie de l’Université des sciences sociales et humaines de Hô Chi Minh-Ville, on ne peut examiner actuellement que les domaines suivants : administration, équipement, sécurité alimentaire. Mais impossible de contrôler le programme éducatif des établissements et leur efficacité. D’ailleurs, on n’a pas encore d’inspecteur qualifié.

En outre, aucun EDA ne dispose d’un corps enseignant véritablement spécialisé dans cette maladie. Ce ne sont que des diplômés universitaires en maternelle, en psychologie ou en services sociaux. Actuellement, il n’existe aucune disposition qui oblige les enseignants à s’occuper d’EA.

Trouver des soutiens appropriés

Pour aider les EA à mieux s’intégrer dans la communauté, les familles, les écoles, les organismes de santé et le secteur éducatif doivent s’entendre et coopérer. Selon les spécialistes, les EA peuvent s’intégrer dans la communauté s’ils ont été détectés très jeunes (entre un an et demi et deux ans) et ont bénéficié d’interventions thérapeutiques efficaces. Pour ce faire, les parents doivent détecter le plus tôt possible les «anormalités» de leur enfant (difficultés d’interaction sociale, problèmes de communication verbale et non verbale, comportements répétitifs ou centres d’intérêts restreints voire obsessionnels). Dès la découverte de ces signes anormaux, les parents se doivent d’emmener leur enfant à l’hôpital pour voir un médecin et envisager un suivi médical.

Ngô Xuân Diêp rappelle qu’il faut avoir une coordination stricte entre les secteurs (santé-éducation) et la société (famille). En particulier, il est urgent de former plus de spécialistes sur l’autisme. Dans l’avenir, le secteur de la santé étendra le modèle «Médecin de famille» dans les communes. Ces médecins de famille devront avoir un minimum de connaissances sur cette maladie pour établir des dépistages précoces. D’un autre côté, le secteur éducatif doit former un corps enseignant qualifié dans ce domaine et dispenser des modules de formations continues. Quant aux parents, ils doivent participer activement aux traitements. Un traitement de l’autisme réussi implique de la précision, du suivi et de la patience.

Texte et photos : Quang Châu/CVN

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