>>Le sort de Dilma Rousseff entre les mains des députés
Les députés brésiliens ont âprement débattu vendredi 15 avril du bien fondé de la destitution de la présidente Dilma Rousseff, à l'entame d'une session marathon de trois jours qui sera sanctionnée dimanche 17 avril par un vote crucial. Ces débats houleux ont ouvert l'un des chapitres les plus dramatiques de l'histoire de la jeune démocratie brésilienne, ébranlée simultanément par un séisme politique majeur, un gigantesque scandale de corruption et la pire récession économique depuis des décennies. Pendant ces longues heures de diatribes enflammées, les députés du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir et d'autres partis de gauche ont accusé leur rivaux de fomenter un "scandaleux coup d'État" pour s'emparer d'un pouvoir qu'ils n'ont pas su conquérir dans les urnes en 2014. C'est Dilma Rousseff qui a "escroqué les Brésiliens" en leur mentant sur la gravité de la situation économique, ont rétorqué les élus conservateurs, qui arboraient des écharpes aux couleurs vert et jaune nationales. Mme Rousseff est accusée d'avoir sciemment maquillé les comptes publics pour minimiser l'ampleur des déficits publics en 2014, année de sa réélection, et début 2015. Son défenseur, l'avocat général du Brésil José Eduardo Cardozo, a réitéré que ces tours de passe-passe budgétaires ne constituaient pas un "crime de responsabilité". "Sans crimes de responsabilité, ce n'est pas une destitution, mais un coup d'État", a-t-il martelé dans l'hémicycle provoquant le tumulte. "Les trucages budgétaires" de la présidente ne sont pas de "simples infractions administratives mais un crime contre la Patrie", a asséné Miguel Reale Junior, l'un des juristes ayant rédigé la demande de destitution de Mme Rousseff. "Il y a eu un coup (d'Etat), oui! Quand on a caché que le pays était en faillite, quand on a masqué la situation budgétaire du pays et que l'on a continué à faire d'immenses dépenses publiques !", a-t-il insisté.
AFP/VNA/CVN