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Le hameau de Thuyên, dans la province de Bac Giang, est une gigantesque casse auto à ciel ouvert. |
Surnommé l’"abattoir d’automobiles", le hameau de Thuyên, dans la province septentrionale de Bac Giang, accueille les visiteurs par une forte odeur d’huile de moteur et de caoutchouc brûlé. Ici, de nombreux cars, bus, camions et voitures sont désossés pour récupérer suspensions, moteurs et autres pièces détachées qui seront revendus. Aux odeurs désagréables s’ajoutent les bruits assourdissants des machines de découpe.
Un métier qui a fait la prospérité du hameau
Pour les ouvriers qui travaillent ici, aucune automobile n’est inutile, même celles qui sont réduites à l’état de carcasse. "Rien n’est jeté. Nous récupérons toutes les parties, mêmes les boulons et les revêtements des sièges déchirés. Tout peut être revendu", partage Lê Hiêp, un ouvrier.
Le hameau de Thuyên compte 350 foyers dont une quarantaine est engagée dans ce métier, soit 300 personnes. Autrefois, le hameau était connu pour un autre métier, la ferraillerie. Ce dernier a dominé pendant une centaine d’années jusqu’à ce que les produits deviennent rares. Certains se sont alors lancés dans l’achat de vieilles autos pour récupérer puis vendre les pièces détachées. Au fil du temps, le hameau est devenu une vaste casse automobile connue à des centaines de kilomètres à la ronde.
Grâce à ce métier, cette localité ne compte plus depuis dix ans de famille pauvre; certaines ont même fait fortune comme en témoignent les belles villas et les autos de luxe. "Depuis que ce métier s’est implanté ici, l’économie du hameau s’est nettement améliorée. Nombreux sont les foyers qui ont vu leur compte en banque grimper en flèche!", fait savoir Nguyên Van Thuân, chef du hameau.
Le chômage ne constitue pas une préoccupation pour les jeunes qui, après le bac, peuvent aller à la fac ou travailler dans la récupération de pièces d’autos comme leurs aînés, pour un salaire mensuel de 5 à 7 millions de dôngs.
Pollution, le revers de la médaille
Dix ans après ce changement de métier, le hameau de Thuyên a connu un véritable boom économique. Mais parallèlement à cette prospérité qui s’affiche, les habitants déplorent une grave dégradation de la qualité de leur environnement.
Dans le hameau, des tonnes de ferrailles et autres déchets se succèdent à perte de vue, envahissant même les ruelles. "On trouve partout des carcasses d’autos, des chambres à air et des pneus, même dans les allées. L’ambiance est suffocante, nous devons respirer à longueur de journée des odeurs d’huile, de fumées lorsque l’on brûle des déchets. Nous savons que c’est toxique mais nous devons le supporter car ce métier est notre gagne-pain", confie Nguyên Thi Thành, une habitante.
Nguyên Van Hoà, vice-président du Comité populaire de la commune de Dinh Tri, explique: "Comme les déchets sont industriels, l’organisme responsable de la gestion des déchets ne peut les traiter. Certains foyers brûlent en cachette des chiffons d’huile ou des revêtements de sièges. Nous avons choisi un terrain pour déposer les déchets, mais comme il est trop exigu, il ne peut remplir sa mission".
Autre menace qui s’ajoute aux vapeurs toxiques: les incendies. Concernant les mesures de prévention et de lutte contre ceux-ci, toujours selon Nguyên Van Hoà, "les habitants y sont indifférents". Le Comité populaire les a déjà sensibilisés à ces mesures indispensables, mais sans que des examens sur le terrain aient permis de vérifier leur bonne application.
"Nous envisageons de recruter une société ou un particulier pour prendre en charge la collecte des déchets. Les frais seront à la charge des ateliers", affirme Nguyên Van Hoà. Et d’ajouter que le Comité populaire de la commune de Dinh Tri, en coopération avec le Bureau des ressources naturelles et de l’environnement du district, va bientôt organiser des cours de protection de l’environnement, et veiller de plus près au bon respect des règles en la matière. Et de promettre que les contrevenants seront sanctionnés.