Les constructeurs automobiles allemands premières victimes des guerres commerciales

Les conflits commerciaux de plus en plus nombreux mettent au défi le secteur automobile allemand, au moment où ce fleuron du pays est déjà mis à mal par son retard sur la voiture du futur.

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Une chaîne de montage du constructeur automobile allemand Volkswagen, le 1er mars à Wolfsburg, en Allemagne.

Les constructeurs allemands ont "prouvé par le passé leur aptitude à très bien s'adapter aux évolutions de l'environnement", note Dirk Schumacher, analyste de Natixis. "Mais le grand nombre de défis différents frappant en même temps le secteur rend la situation actuelle inhabituelle".
Déstabilisés en fin d'année 2018 par les nouvelles normes anti-pollution WLTP, qui ont entraîné des retards de livraison et fait chuter les immatriculations européennes, les constructeurs allemands entrent fragilisés dans une année 2019 pleine d'incertitudes.
"Les effets du conflit commercial entre les
États-Unis et la Chine se font de plus en plus sentir", a reconnu dimanche 3 mars Herbert Diess, patron de Volkswagen, dans un entretien au magazine allemand Automobilwoche. Et le président américain Donald Trump a agité de nouvelles menaces en évoquant des droits de douanes américains sur les importations européennes.
Tensions sino-américaines
Le conflit sino-américain a poussé Daimler, fabricant des Mercedes-Benz, et son rival BMW à revoir à la baisse leurs prévisions de résultats annuels.
Le bénéfice net de Daimler a chuté de 29% en 2018. BMW doit présenter son bilan annuel fin mars mais a fait état au troisième trimestre de "graves distorsions de la demande sur plusieurs marchés", en raison des "conflits commerciaux internationaux".
Les groupes allemands sont les plus gros exportateurs de voitures des
États-Unis vers la Chine. "Plus de la moitié des 750.000 voitures que nous produisons aux États-Unis sont destinées à l'export", martèle Bernhard Mattes, président de la fédération des constructeurs allemands (VDA).
"Les constructeurs premium allemands sont particulièrement mondialisés" et "tout conflit commercial a un impact très négatif" sur leurs activités, indique Stefan Bratzel, directeur du Center of Automotive Management, basé en Allemagne.
Le chiffre d'affaires des constructeurs allemands a reculé (-0,2%) en 2018, pour la première fois depuis 2009, selon les analystes de EY.
Incertitudes
Les taxes sur les importations de voitures européennes évoquées par Donald Trump menacent particulièrement l'Allemagne.
Les véhicules allemands ont représenté en 2017 près de 45% des exportations européennes de voitures vers les
États-Unis.
Sur le long terme, des droits de douane supplémentaires de 25% pourraient diviser par deux le volume des livraisons de véhicules "made in Germany" aux
États-Unis, selon l'Institut Ifo.
Au salon de Genève, le patron de Daimler, Dieter Zetsche, a affirmé que "des discussions bonnes et très constructives" étaient en cours avec l'administration américaine, ce qui "réduit la probabilité de nouveaux droits de douane".
"Nous avons des discussions intensives avec l'administration américaine", a également indiqué le patron de BMW, Harald Krüger. "Nous allons continuer de dire clairement au gouvernement que des taxes douanières ne sont pas une bonne chose", a-t-il expliqué.

À cela s'ajoutent les incertitudes sur le Brexit, programmé en principe pour fin mars. Une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sans accord négocié, synonyme de barrières douanières, serait un cataclysme pour l'automobile allemande. La Grande-Bretagne représente son premier marché d'exportation en volume dans le monde.
Croissance menacée
Le poids du secteur en Allemagne est tel que ses difficultés se reflètent immédiatement dans les performances macroéconomiques du pays.
Fin 2018, l'Allemagne a échappé de justesse à la récession, voyant son économie stagner au dernier trimestre après un recul de 0,2% entre juillet et septembre.
Mais si de nouvelles taxes américaines devaient entrer en vigueur, "la croissance allemande, déjà précaire, pourrait s'arrêter", estime Charlotte Heck-Parsch, de la banque BayernLB.
"Si tout va dans le mauvais sens, ce sera très dur à encaisser, même pour nous", a déclaré Herbert Diess à propos des menaces douanières et d'un Brexit "dur".
Ces risques arrivent au plus mauvais moment. L'industrie automobile allemande prévoit des investissements massifs pour rattraper son retard sur la concurrence américaine et chinoise dans le développement de la voiture électrique et autonome du futur.
Sur trois ans, quelque 58 milliards d'euros d'investissements dans la voiture électrique connectée et autonome pèseront dans les comptes des entreprises.
Les défis seront d'autant plus durs à relever que l'économie mondiale s'essouffle: la VDA s'attend pour 2019 a une stagnation du marché automobile "si les questions commerciales et politiques", dont le Brexit, "sont résolues de manière constructive". D'autres experts tablent déjà sur une baisse.

AFP/VNA/CVN

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