Les cloches de la cathédrale Notre-Dame de Saïgon

Léon Bollée est une fonderie de cloches de renommée mondiale. Elles sont nombreuses à résonner dans les cathédrales, notamment celle de Notre-Dame de Saïgon. Noël approchant, c’est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur l’histoire des cloches et le génie de la fonderie française.

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Deux parmi les six cloches que compte Notre-Dame de Saïgon, celles qui ont été produites il y a plus d’un siècle par Léon Bollée.

Les cloches occupent depuis fort longtemps une place importante dans l’histoire de la chrétienté. Mais que sait-on de leur histoire? Les cloches et leur industrie sont en effet fort peu connues. Leur origine se perd dans les méandres du temps. Les premières cloches métalliques remontent sans doute à l’âge du bronze, et c’est en Asie que l’on retrouve les premières traces d’utilisation des cloches, il y a 4.000 ans.

Les saintiers, un savoir-faire unique

Les saintiers sont en France les fondeurs de cloches. À l’instar des compagnons, ils ont été longtemps itinérants, et ont connu une importante activité au Moyen-âge quand ont été bâties de nombreuses cathédrales et églises dans le monde chrétien. Leur métier est hérité d’une très vieille tradition et les modes de fabrication sont restés jusqu’à la fin du XIXe siècle à peu près les mêmes. Le nombre et le poids des cloches sont le plus souvent fonction de la taille de l’édifice qui les accueille ou de son importance territoriale.

Rappelons que la plus grosse cloche actuellement en France - la Savoyarde - est à Paris, à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, et pèse 19 tonnes. Mais la plus grosse cloche en France, au XVIe siècle à Mende (en Lozère), baptisée la «Non Pareille», pesait 25 tonnes avant d’être malheureusement détruite comme beaucoup d’autres, pour être fondue et transformée en canons.

Les saintiers sont aujourd’hui en France au nombre de cinq. Parmi eux : Dominique Bollée, héritier d’un savoir-faire de la célèbre fabrique Bollée depuis 1715. C’est dans plus de 60 clochers de cathédrales dans le monde que résonnent les cloches Bollée, parmi lesquelles en France : Orléans, Le Mans, Amiens, Chartres, Tours, Reims, Rennes, Bordeaux... et à l’étranger : Dakar, Yamoussoukro, Ottawa, Buffalo, Canton, Yokohama, Nagasaki, Bangkok, et en particulier au Vietnam à Hô Chi Minh-Ville et Vinh.

Curieusement, se sont les clochers de la cathédrale Notre-Dame de Saïgon (ancien nom de Hô Chi Minh-Ville) qui abritent les plus belles cloches produites à la fin du XIXe siècle par la célèbre fonderie. Au nombre de six, elles représentent au total 26 tonnes de bronze, dont la plus grosse, pèse 7 tonnes. Le bourdon de la cathédrale Notre-Dame de Saïgon est l’un des trois plus gros fabriqués par la maison Bollée à la fin du XIXe siècle. Les deux autres sont en France, à Bordeaux (8 tonnes) et à Rennes (6 tonnes).

La cathédrale Notre-Dame de Saïgon la nuit de Noël.
Photo : Quang Nhut/VNA/CVN

En dehors de l’aspect prestigieux de son poids, l’intérêt de la cloche réside dans la qualité et la portée du son qu’elle permet d’obtenir. Lorsque à plusieurs, elles constituent un carillon, alors elles doivent posséder chacune leur note avec précision. La cloche est un véritable instrument de musique et de façon étonnante, les cloches vont nous rapprocher des mathématiques. La note d’une cloche est d’abord conditionnée par son poids, sa forme et ses dimensions, en particulier son diamètre et des calculs complexes sont alors nécessaires pour pouvoir établir avec précision les plans de fabrication.

Et c’est Amédée Bollée, un ancêtre de la famille Bollée qui, en 1866, découvrit le premier la méthode d’analyse harmonique qui allait permettre de déterminer très exactement par les calculs l’amélioration des tracés pour la fabrication des cloches et la retouche du timbre par tournage. Les cloches se calculent et à l’époque d’Amédée Bollée, les calculs se font à la main, avec les nombreux risques d’erreurs que cela implique.

Léon Bollée, inventeur et ingénieur de génie

Léon Bollée est encore très jeune, à peine 15 ans, quand il imagine, pour aider son père, une machine permettant de réaliser les calculs des cloches. Et la machine qu’il va fabriquer est étonnante. Elle effectue directement, c’est-à-dire beaucoup plus rapidement que les autres les multiplications et les racines carrées. Vers la fin du XIXe siècle, la compétition est mondiale dans le domaine des machines à calculer. C’est un Français, Thomas de Colmar, qui avait inventé et commercialisé la première machine à calculer en 1840 : l’arithmomètre, mais l’invention de Léon Bollée est révolutionnaire.

À 19 ans, en 1889, cette machine qu’il présente à Paris lors de l’exposition universelle internationale obtient le premier prix. Il devra attendre sa majorité pour recevoir l’insigne de la légion d’honneur. On ne peut s’empêcher de rappeler que Pascal invente la première machine à calculer, lui aussi, à 19 ans, dans le but d’aider son père à collecter les impôts. Mais si Léon Bollée invente et perfectionne un certain nombre de machines à calculer, son génie inventif le poussera à innover dans de nombreux autres domaines, notamment celui de l’automobile. C’est la maison Bollée qui fabrique en France les premières voitures à la fin du XIXe siècle. Léon Bollée terminera sa carrière en collaborant aux premiers moteurs d’avion au début du XXe siècle, avant de mourir prématurément en 1932.


Michel Mouyssinat/CVN

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