Les Argentins font le plein d'achats avant la valse des étiquettes

"Entre lundi et mercredi, nos ventes ont progressé de 15% à 20%". En Argentine, où les marchés se sont affolés cette semaine après le revers électoral de Mauricio Macri, les consommateurs font le plein d'achats avant une hausse des prix attendue dans les prochains jours.

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Un rayon d'un supermarché de Buenos Aires, le 15 août.
Photo: AFP/VNA/CVN

C'est un phénomène bien connu des Argentins, les soubresauts politiques ont un impact direct sur leur portefeuille. Depuis la lourde défaite dimanche aux primaires du président sortant, le peso a plongé de plus de 20% et la Bourse de plus de 30%. Logiquement, cela devrait entraîner une valse des étiquettes. Le libéral Mauricio Macri, qui brigue un nouveau mandat et a obtenu 32% des suffrages, a été sèchement battu par Alberto Fernandez, un péroniste modéré, et sa colistière Cristina Kirchner, l'ancienne présidente de centre-gauche inculpée dans plusieurs affaires de corruption, qui ont réalisé un score de 47%.

Il ne s'agissait que d'un test électoral. Si un tel résultat se confirmait lors du scrutin du 27 octobre prochain, M. Fernandez, 60 ans, serait proclamé vainqueur dès le premier tour: selon la loi électorale, pour être élu, il faut obtenir au moins 45% des suffrages ou 40% et une avance de 10 points sur le deuxième. "Ça nous a pris de court", confie Juan Manuel Bujia, gérant commercial de la chaîne d'électroménager Rodo, qui emploie 400 personnes dans six magasins. "On a eu pas mal de monde qui est venu acheter pour anticiper les hausses, sachant que les prix sont inférieurs à ceux de la semaine ou du mois qui vient", explique-t-il.

Ses fournisseurs ont déjà appliqué une augmentation de 10% aux appareils argentins et de 15% pour les importés. "On essaye de le répercuter le moins possible", assure ce responsable. L'économie argentine connaît une des inflations les plus élevées au monde (25,1% entre janvier et juillet, 54,4% sur les 12 derniers mois), une baisse de la consommation, des fermetures de commerces et une augmentation de la pauvreté (32% en 2018) et du chômage (10,1% cette année).

Liste des prix

"Depuis lundi 12 août, nous avons reçu des appels des fournisseurs nous prévenant que d'ici la fin de cette semaine ou la semaine prochaine, nous devrions recevoir une liste des prix en hausse", explique Juan Pablo Quiroga, responsable des relations institutionnelles de la chaîne américaine de supermarchés Walmart, qui compte 92 succursales en Argentine.

Des clients à la caisse d'un supermarché Walmart à Buenos Aires, le 15 août.
Photo: AFP/VNA/CVN

À la sortie du Walmart de la rue Constituyentes, où les prix n'ont pas encore été modifiés, les clients ressortent avec des chariots pleins. "Entre lundi et mercredi, nos ventes ont progressé en volume de 15 à 20%. Cela nous arrive lorsqu'il y a une fluctuation du marché des changes et que les gens cherchent à prendre de vitesse la hausse des prix. Beaucoup ont privilégié les produits de première nécessité, comme l'huile, le sucre, la farine, le maté (infusion) et les produits laitiers", explique-t-il.

Malgré une hausse de 10 à 15% en moyenne attendue chez les fournisseurs, il n'y a pas de "panique générale", relativise-t-il. D'autres commerçants, notamment ceux en ligne, préfèrent suspendre les ventes jusqu'à ce que la monnaie argentine ne soit stabilisée. Hausse du salaire minimum, primes ponctuelles et réductions d'impôts: cherchant à "donner un coup de pouce" aux Argentins, le chef de l'État a annoncé une série de mesures en faveur du pouvoir d'achat.

Il a également supprimé la TVA de 21% sur les produits de première nécessité, une demande de longue date des classes les plus populaires. En revanche, l'équilibre budgétaire promis au Fonds monétaire internationale (FMI) en échange d'un prêt de 57 milliards de dollars pourrait en être affecté. Parmi les produits concernés par cette mesure, figure la farine, dont le prix avait déjà grimpé lundi 12 août. "Je payais 820 pesos le sac de farine de 50 kilos et ils me l'ont envoyée (du moulin) à 1.100 pesos, soit 30% plus cher. C'est pareil pour le beurre, la margarine, la levure, elles ont augmenté de 15% à 30%", déclare Gabriel Fernandez, vice-président de l'association de boulangers de Buenos Aires.

AFP/VNA/CVN

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