>>Les magasins américains désemparés face à une vague de razzias à l'approche des fêtes
>>Le Black Friday a commencé, un espoir pour les magasins en quête de clients
Le grand magasin Macy's à New York, pour le Black Friday, le 26 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sylvia Gonzalez, une consommatrice masquée rencontrée dans la file d'attente d'une bijouterie Pandora à New York, voulait par exemple "être sûre que ce Noël soit un Noël réussi" pour tous ses amis et sa famille, a-t-elle indiqué.
Cette détermination à passer des fêtes comme avant la crise sanitaire a motivé des emplettes anticipées, avant même le dîner familial de Thanksgiving, qui a eu lieu jeudi 25 novembre.
Les consommateurs américains ont déjà dépensé 76 milliards d'USD chez des détaillants en ligne depuis le début du mois de novembre, soit plus de 20% de plus que l'an dernier à la même époque, selon les données publiées vendredi 26 novembre par la société informatique Adobe.
Sans surprise, ce sont notamment les jouets qui ont été plébiscités par des "parents anxieux, de plus en plus conscients des difficultés de la chaîne d'approvisionnement".
Et justement, les ruptures de stocks ont bondi : le nombre d'articles épuisés en ligne était en hausse de 261% par rapport à il y a deux ans.
Ce problème, dû notamment aux délais dans la fabrication et l'exportation de puces électroniques, était visible dans certains magasins.
Chez Best Buy, en plein Manhattan, une étagère d'accessoires pour les appareils Apple était quasiment vide. D'autres chaînes comme Victoria's Secret ou Foot Locker manquait de certains produits phares.
"En mains propres"
Taylor Schreiner, une experte d'Adobe, s'attend à ce que plus de consommateurs commandent en ligne et paient pour la livraison express ou aillent récupérer leurs articles en personne.
"Ce n'est pas seulement parce que les gens veulent que ça arrive rapidement. Ils veulent les avoir en mains propres, pour être sûrs qu'ils ont bien le cadeau pour la personne", a-t-elle expliqué.
Pour sauver leur saison de fin d'année des ruptures de stock, les détaillants avaient pris des mesures extraordinaires, comme l'importation et le stockage d'articles plus tôt que d'habitude, la commande d'expéditions par fret aérien et, dans certains cas, l'affrètement de leurs propres navires.
File d'attente matinale pour Black Friday devant un magasin Walmart de El Paso (Texas), le 26 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Avec des résultats mitigés cependant : si les chaînes de grandes surfaces comme Walmart et Target s'en sortent avec des inventaires bien fournis, d'autres comme Gap et Nordstrom, ont déjà signalé des ventes perdues, faute de n'avoir pu obtenir à temps tous les produits souhaités.
Gap prévoit ainsi de conserver pour l'année prochaine les articles retardataires, plutôt que de devoir les solder, avait expliqué la directrice financière de l'enseigne, Katrina O'Connell, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes de Wall Street cette semaine.
"Les consommateurs cherchant à faire leurs achats plus tôt, (...) des pénuries pourraient se développer dans les dernières semaines de la saison des achats" de fêtes de fin d'année, a averti Jack Kleinhenz, économiste en chef de la NRF.
Il s'attend néanmoins à "une excellente saison" si les rayons des magasins restent bien achalandés.
New York en mode "petite ville"
Au total, les Américains pourraient en effet dépenser 10,5% de plus pendant cette période des fêtes que l'année dernière, tant dans les magasins que sur internet, selon la fédération américaine des détaillants (National Retail Federation), qui table sur un total de 859 milliards d'USD.
Les finances des ménages américains sont soutenues notamment par les aides du gouvernement, avec des crédits d'impôts pour les familles.
Un coup de pouce bienvenu alors que les prix ne cessent de grimper. L'inflation, une "priorité" pour le président américain Joe Biden, est au plus haut depuis 31 ans.
Les seuls prix de l'énergie ont flambé de 30,2% en octobre par rapport à octobre 2020, selon l'indice PCE du département du Commerce. Les prix des produits alimentaires ont eux aussi décollé.
Cela pèse sur moral des consommateurs, qui a dégringolé en novembre, d'après l'Université du Michigan qui a publié mercredi 24 novembre les résultats préliminaires de son enquête mensuelle.
Et une autre menace vient désormais s'ajouter : celle d'un nouveau variant Omicron du COVID-19, détecté en Afrique du Sud et jugé "préoccupant" par l'OMS, qui pourrait faire dérailler la reprise économique mondiale.
Le retour à une situation "normale" reste donc élusif. Chez Macy's, des affiches rappelaient aux clients de garder leurs distances et des sites de test pour le Covid étaient installés à l'extérieur.
"En 2018, c'était le New York dont nous avons tous entendus parler", a remarqué Ilke Zienteck, une touriste allemande. "Maintenant ça ressemble un peu à une petite ville".
AFP/VNA/CVN