>>Des opportunités en or pour le textile vietnamien
>>FTA Vietnam-UEEA : de belles perspectives pour le riz vietnamien
Le secteur du bois sera parmi des premiers bénéficiaires de l’ALE récemment signé entre le Vietnam et la Corée du Sud. Quelle est votre analyse ?
Jusqu’ici, l’exportation d’articles en bois vers le marché sud-coréen se faisait sans problème particulier. Hormis des critères de qualité, ce marché n’impose en effet pas de critères techniques compliqués. De plus, les partenaires sud-coréens acceptent d’avancer des fonds aux entreprises productrices et d’exportation vietnamiennes.
Une fois entré en vigueur, l’ALE Vietnam - Corée du Sud permettra de réduire les taxes douanières à 0%, soit immédiatement, soit graduellement sur une courte période (3 - 5 ans), ou sur une plus longue période (7 - 10 ans), selon les cas. La majorité des produits en bois vietnamiens exportables figurent dans les listes des produits sujets à détaxation immédiate ou graduelle sur une courte période. Par ailleurs, l’ALE Vietnam - Corée du Sud créera des opportunités pour le secteur national du bois d’attirer des investisseurs sud-coréens.
Quant à l’ALE Vietnam - l’Union économique eurasiatique (UEEA), sera-t-il également profitable à nos entreprises productrices et exportatrices d’articles en bois ?
Contrairement à l’ALE Vietnam - Corée du Sud, l’ALE Vietnam - UEEA présente plus de défis que d’opportunités pour les entreprises vietnamiennes. Les difficultés sont nombreuses. Par exemple : les produits en bois vietnamiens exportés vers la Russie, pays qui joue un rôle central dans l’UEEA, doivent s’acquitter actuellement d’une taxe douanière assez élevée, de l’ordre de 5 - 20%. Selon l’ALE, la majorité des produits vietnamiens bénéficieront d’une détaxation graduelle, mais sur une longue période.
D’autre part, les pays membres de l’UEEA viennent de débuter l’amendement de leurs lois sur l’investissement afin qu’elles soient à l’unisson. Cela prendra du temps. Ainsi, le Vietnam devra attendre longtemps avant d’investir en Russie et d’attirer des investisseurs russes. Une autre difficulté, ce sont les coûts de transport vers le marché russe, deux fois plus élevés que vers les marchés européens. Sans parler du prix d’importation qui est plus bas en Russie qu’en Union européenne.
Dans une usine de transformation des meubles en bois pour l’exportation, dans la province de Binh Duong (Sud). |
Que pensent nos entreprises de la signature de ces ALE ?
Ces derniers temps, Vifores a organisé des rencontres avec des chefs d’entreprises afin de présenter les contenus fondamentaux de ces deux ALE. La plupart d’entre eux ont exprimé leur approbation. Selon eux, la signature des ALE leur ouvrira de nouveaux marchés étrangers. Une bonne nouvelle, notamment dans l’actuelle conjoncture où des marchés traditionnels comme les États-Unis et l’EU ont tendance à se restreindre.
D’après vous, quels sont les points faibles des entreprises vietnamiennes de la filière bois ?
Le bas niveau de technologies en est un. La Corée du Sud et la Russie ont fixé des critères de qualité stricts. La Corée du Sud est demandeuse d’articles soigneusement manufacturés, qui ne sont pourtant pas un atout de notre secteur du bois. Par exemple : la Corée du Sud importe du bois combustible compressé à un prix élevé, de 150 à 160 dollars/tonne, à condition que ce produit réponde à certains critères, tels que : être fabriqué à partir d’une seule espèce de bois, fumée blanche à la combustion, pas d’odeur, cendres solubles... Des critères auxquels nos entreprises ne sont pas encore parvenues à satisfaire.
D’une manière générale, les produits exportés vers la Corée du Sud ont à répondre à un certain nombre d’exigences. En contrepartie, la Corée du Sud s’est engagée à accorder des assistances techniques à la partie vietnamienne. Dans l’immédiat, la tâche primordiale des entreprises vietnamiennes est de rehausser leur niveau technologique.
Les meubles en bois sont l’un des produits vietnamiens les plus exportés vers les pays de l'ASEAN. |
La Vifores a-t-elle un plan d’aide en leur faveur ?
Pour rehausser leur niveau technologique, les entreprises se heurtent à une grande difficulté : le manque de fonds. C’est pourquoi la Vifores a soumis au ministère des Finances et à celui de l’Agriculture et du Développement rural un projet de création d’un Fonds d’assistance aux exportations (FAE).
Ces deux ministères ont accordé leur accord de principe, en précisant que l’État va contribuer à 20% du capital d’investissement du FAE, et les 80% restants seront à la charge des entreprises. Après deux conférences avec les entreprises concernées, où les discussions sur la contribution au fonds n’ont pas abouti, la Vifores a enfin trouvé une solution qui concerne 100 à 200 entreprises exportatrices importantes.
Ces dernières sont d’accord pour alimenter le FAE via la douane : celle-ci aura pour tâche de retirer un certain pourcentage de la valeur d’exportation de ces entreprises puis de reverser la somme directement au FAE. Le consensus sur la création du FAE sera conclu en fin d’année, lors d’une conférence prévue à Hô Chi Minh-Ville.
Dans l’immédiat, la Vifores aidera les entreprises dans la recherche de marchés asiatiques au sein de l’UEEA. La Vifores compte envoyer d’ici la fin de l’année des groupes d’experts vers certains pays dont le Kazakhstan, l’Arménie... avec comme mission de cerner les goûts des clients. Avec l’espoir que ces nouveaux marchés serviront de tremplin pour la conquête du vaste marché russe.
Après l’entrée en vigueur de la loi sur l’investissement (amendée) des pays membres de l’UEEA, les entrepreneurs étrangers du secteur du bois seront invités à venir au Vietnam. Selon les prévisions, début 2016, une délégation d’experts de l’UEEA effectuera une visite au Vietnam.