Les agneaux à Ninh Thuân ne sont pas silencieux

Dans la province de Ninh Thuân que l’on surnomme "le royaume des moutons", ces animaux constituent la seule source de subsistance des habitants. En quelques années, les éleveurs ont nettement agrandi leurs troupeaux tout en ayant eu à s’adapter à des conditions climatiques exigeantes.

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La troupe ovine de Trân Cao Hoà dans la province de Ninh Thuân (Centre) totalise un millier de bêtes.
Photo : LD/CVN

L’élevage ovin est revenu il y a une centaine d’années et demeure jusqu’à présent à Ninh Thuân. Les troupes de moutons osseux marchant dans des champs aux herbes brûlées sont devenues depuis longtemps l’emblème médiatique de cette province du Centre.

Dans la commune de Phuoc Trung, district de Bac Ai, il n’y a que des bandes de sable étendues à perte de vue et verdies par des arbustes et petites plantes. Des cactus, la plante symbolisant les terrains secs, se mettent à fleurir et couvrent la voie menant chez Trân Cao Hoà, propriétaire de la ferme la plus importante du district de Bac Ai avec plus de 1.000 moutons et brebis.

"Comme vous le savez, notre district est en saison sèche de janvier à juin. Il y a des années où il ne pleut pas pendant six mois. Alors, on ne peut cultiver aucune plante ni élever aucun animal sauf le mouton", confie ce grand homme, à la peau bronzée et coiffé d’un chapeau à bords larges faits de feuilles.

Deux types de moutons élevés

Le berger a assisté à plusieurs cours de technique d’élevage du mouton, mis en place par le Service provincial de l’agriculture et du développement rural. Selon lui, la plupart des foyers locaux élèvent deux types de moutons. L’un d’originaire de Ninh Thuân, dont la queue est plus haute que le coude de la jambe, a le pelage court et fin, qui lui permet de bien s’adapter aux conditions climatiques locales. L’autre, métis entre celui de Ninh Thuân et celui d’Australie, est élevé par la majorité des habitants. Ces moutons sont en partie plus grands et connaissent une croissance plus rapide que ceux originaire de Ninh Thuân.

La province de Ninh Thuân comptait environ 142.000 moutons en 2018.
Photo : LD/CVN

Toujours selon Trân Cao Hoà, les moutons peuvent manger beaucoup de sortes de plantes mais ils préfèrent celles de petites tailles. Chaque jour, un mouton peut manger l’équivalent de 12 à 15% de son poids, soit 5-6 kilos. En outre, les agneaux ont besoin quotidiennement de céréales. Pendant la saison des pluies, les aliments sont abondants, alors les moutons sont gros. "À la saison des pluies, il y a suffisamment de plantes tandis qu’à la saison sèche, on doit amener les bêtes dans les vallées à une dizaine de kilomètres d’ici", ajoute-t-il.

En ce qui concerne la fécondité, une brebis de 8 à 9 mois peut mettre bas une ou deux fois chaque année, chaque fois entre un et deux agneaux. En moyenne, son troupeau peut compter de 10 à 15 agneaux chaque jour, égal au nombre de moutons et brebis vendus. Ainsi son troupeau est toujours stable quantitativement.

Nomades sur place

Les éleveurs de mouton à Ninh Thuân sont surnommés "nomades sur place", car à la saison sèche, la province ressemble à un "poêle", on doit donc aller de rizière en rizière pour trouver des aliments pour les moutons. En cette période, on essaie de fournir suffisamment d’aliments de peur que les moutons meurent.

"J’ai élevé des boucs et bœufs il y a dix ans. Mais en 2013 quand la saison sèche a connu des vagues de sécheresse très brutales, mes troupes étaient presque en péril. Alors, j’ai décidé d’élever des moutons", se souvient Bùi Van Hanh, patron d’une ferme de plus de 500 moutons dans la commune de Xuân Hai, district de Ninh Hai.

Sept ans ont passé, sa troupe ovine, de dizaines de têtes au début, en compte à présent plus de 500. "En mars dernier, la chaleur a sévi gravement dans toute la province. Aucune plante n’a poussé, sauf le cactus qui a sauvé mes moutons et nous a permis de passer cette saison sèche historique", partage-t-il, ajoutant qu’il devait aller partout pour trouver la subsistance adéquate. Cette saison est considérée comme la période de vente des moutons. Chacun se vend 180.000 dôngs le kilo. Bùi Van Hanh a vendu plus de 100 moutons en novembre, gagnant plus de 400 millions de dôngs.

Selon le Département de l’élevage et de la médecine vétérinaire de Ninh Thuân, la province comptait environ 142.000 moutons en 2018, représentant plus de 90% du total du pays. En septembre 2020, le cheptel était estimé à 135.000 bêtes. Expliquant la cause de cette baisse, ledit Département fait savoir qu’en octobre, la plupart des propriétaires ont vendu leurs moutons car c’est la saison des ventes.

Selon des statistiques partielles, Ninh Thuân a vendu environ 50.000 moutons et 17.000 tonnes de viande de moutons d’août à décembre.

Mai Quynh/CVN


D’où viennent les moutons ?

Selon un document sur l’élevage ovin du Service des sciences et des technologies de la province de Ninh Thuân, le mouton a été introduit au Vietnam il y a des centaines d’années par des missionnaires venus d’Inde, du Pakistan et d’Afrique.
Aux dires des habitants locaux, le mouton est apparu dans le pays pour la première fois il y a plus de 100 ans, apporté par des Indiens par le biais de la propagande religieuse et la communauté religieuse des Cham. Cependant, un autre document dit que les moutons ont été amenés au Vietnam par des missionnaires français au profit des pratiquants sous le règne des Nguyên (1802-1945).
Nombreuses sont les localités où l’on élève des moutons, mais ceux de Ninh Thuân s’illustrent car leur viande est bonne et satisfait à la demande des consommateurs.

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