L’érosion menace les côtes vietnamiennes

La vie de milliers d’habitants du Nord au Sud est menacée par l’érosion côtière. Un phénomène naturel certes, mais qui s’est aggravé ces dernières décennies sous la pression des activités anthropiques.

«Ces 30 dernières années, l’érosion du littoral au Vietnam a évolué de manière très compliquée et grave», a estimé Lê Van Công, vice-directeur du Centre d’océanographie (relevant du Département général de la mer et des îles, ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement).

Tout le long du littoral vietnamien, les effets de l’érosion côtière varient d’une localité à l’autre. Le long du littoral Nord, de la ville de Mong Cai (province de Quang Ninh) au district de Kim Son (province de Ninh Binh), il y a cinq sections particulièrement touchées par ce phénomène (depuis 1930) : Cat Hai, Bang La (ville de Hai Phong), Thuy Xuân (province de Thai Binh), Xuân Thuy, Hai Hâu (province de Nam Dinh).

La forêt de protection à l’estuaire Sào Luoi (province de Cà Mau) est menacée par l’érosion.

Dans 14 provinces littorales du Centre, l’érosion s’accentue de plus en plus, notamment depuis 1990. Les provinces les plus touchées sont Hà Tinh, Nghê An, Thanh Hoa, Thua Thiên Huê. La province de Thua Thiên Huê compte 30 km de littoral érodés, dont 10 km gravement touchés, avec des impacts sur la vie de 1.200 familles de dix communes.

Le delta du Mékong (Sud) qui ne connaissait que l’alluvionnement, fait face aujourd’hui à l’érosion. Les localités les plus touchées sont le district de Cân Gio (Hô Chi Minh-Ville), les provinces de Trà Vinh et Cà Mau.

Expliquant l’érosion du littoral vietnamien, le vice-directeur du Centre d’océanographie, Lê Van Công, a cité «l’évolution anormale de différents typhons dans le contexte de changement climatique et de l’élévation du niveau de la mer».

L’érosion est aussi amplifiée par l’exploitation du milieu marin et du littoral, la destruction des mangroves, les extractions de granulats qui modifient les stocks sédimentaires. Par ailleurs, la construction de barrages sur les fleuves réduit parfois considérablement les apports sédimentaires vers le littoral qui ne compensent alors plus l’érosion. Enfin, les eaux usées d’usines, de zones industrielles, d’agglomérations rejetées sans traitement contribuent aussi à détruire les écosystèmes et à accentuer le phénomène.

L’érosion du littoral cause la destruction de digues et de quais, des inondations catastrophiques, la salinisation de terres agricoles... au détriment de la sécurité alimentaire et du développement socio-économique.

Lutter à tout prix contre l’érosion côtière

Les conséquences de l’érosion littorale rendent incontournable l’intensification des mesures pour lutter contre ce phénomène. Cela relève de la responsabilité des autorités, des organismes concernés mais aussi de chaque citoyen.

Chaque année, la province de Cà Mau (extrême-Sud) investit des centaines de milliards de dôngs dans la construction et consolidation des quais et digues pour lutter contre l’érosion.
Photo : Kim Hà/VNA/CVN

Actuellement, le pays déploie une série de projets de différents échelons pour déterminer l’état des lieux et surtout les causes de l’érosion dans les zones les plus touchées. À partir des résultats, des mesures seront avancées le plus tôt possible. La gestion et la lutte contre l’érosion littorale constituent l’une des tâches centrales du programme national de prévention et d’atténuation des séquelles des calamités naturelles du Département général de la mer et des îles.

Expert de l’Organe de coordination pour les mers de l’Asie occidentale (COBSEA), Reynaldo Molina a souligné que le Vietnam manquait d’une stratégie de prévention et de lutte contre ce phénomène. Il a également fait remarquer qu’il était nécessaire d’établir un réseau de politiques de gestion de l’érosion côtière. «Le Vietnam doit concevoir une coordination entre ministères, branches centrales et localités, améliorer les infrastructures, perfectionner les capacités et compétence du personnel chargé des travaux de prévention, de lutte et d’atténuation des séquelles des calamités naturelles», a insisté Reynaldo Molina.

L’avis de cet expert du COBSEA est partagé par des spécialistes vietnamiens. Selon eux, il faut prendre des mesures du niveau national au niveau local, directes et indirectes, adaptées à chaque tronçon. Car d’un lieu à l’autre, l’origine et les effets de l’érosion peuvent être forts différents. Il faut faire grand cas des mesures de sensibilisation des habitants locaux afin qu’ils comprennent la nécessité de respecter les lois sur les digues, sur la protection de l’environnement, sur la protection et le développement des forêts, des ressources en eau.

Les spécialistes ont également jugé important de créer un réseau d’observatoires chargé du suivi de l’érosion, impliquant des instituts scientifiques et des unités techniques locales. Il faut élaborer ou réviser les plans de protection des digues, des quais, des côtes et lutter contre l’exploitation sauvage des ressources naturelles dans les zones littorales.

Thu Trang/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top