Hô Chi Minh-Ville veut réutiliser ses eaux usées

À Hô Chi Minh-Ville, les ressources en eau diminuent tant en quantité qu’en qualité, la faute à une exploitation démesurée. La solution passe, outre une utilisation raisonnée, par le recyclage des eaux usées.

L’utilisation de l’eau potable dans toutes les activités sociales, sans classification, sans restriction, est irrationnelle, un gaspillage. Au lieu d’utiliser une eau de qualité médiocre pour l’arrosage, le nettoyage... la majorité des entreprises et particuliers prennent de l’eau potable. Environ 60% de l’eau potable fournie dans un but d’usage quotidien sont utilisés pour la production, la faute notamment à l’absence de toute classification.

L’usine d’eau de Thu Duc, d’une puissance de 300.000 m³/jour, fournit de l’eau potable pour les arrondissements 2, 4, 7, 8, 9 et le district de Nhà Bè.
                                                                               Photo : Hoàng Hai/VNA/CVN


Autre raison expliquant cette raréfaction de l’eau potable, la dégradation des conduites d’eau qui, n’étant pas réparées à temps en raison d’une maintenance insuffisante pour ne pas dire inexistante, fuient. Hô Chi Minh-Ville compte un réseau de 3.400 km de canalisations de toutes sortes dont 30 % surannées. À savoir que ces canalisations sont utilisées depuis plus de 30 ans.
Ainsi, la pénurie en eau potable se fait chaque jour un peu plus pressante. Précisément, dans certains arrondissements et districts tels Thu Duc, Cân Gio, Nhà Bè... les habitants n’en ont même plus. Pour leur usage quotidien, ils doivent s’en procurer par eux-mêmes, à un prix beaucoup plus élevé que le tarif réglementé par l’État. Du coup, nombre de ces habitants sont contraints d’utiliser des eaux souterraines dont la qualité est tout sauf assurée.
Actuellement, Hô Chi Minh-Ville et dix villes, provinces aux alentours utilisent de l’eau - pour l’usage courant des habitants et la production des entreprises - puisée dans les fleuves Dông Nai, Sài Gon et les rivières Tri An, Dâu Tiêng. Et cela ne va pas en s’arrangeant, puisque le débit d’eau exploité dans le fleuve Dông Nai et la rivière Tri An est passé de 33 m³/seconde à 51 m³/seconde en dix ans.
Parallèlement à la croissance démographique, le débit d’eau exploité dans les fleuves Sài Gon et Dông Nai augmentera encore, nécessairement. Or, la qualité et la quantité de l’eau que charrient les fleuves Sài Gon et Dông Nai sont inversement proportionnelles au besoin d’exploitation. Au cours de ces trois dernières années, la sécheresse, la pollution et la salinisation dans ces cours d’eau ont abouti à une situation telle que de nombreuses usines de pompage n’ont eu d’autres choix que de suspendre la récupération des eaux brutes à certains moments de la journée et de la nuit, celles-ci étant en-deçà de la qualité exigée...
Hô Chi Minh-Ville doit réduire la quantité d’eau puisée des cours d’eau d’ici à 2025, qui devra passer de 20% du volume d’eau total utilisé dans la cité à 15%. La ville doit envisager de mettre en vigueur une classification des eaux fournies conformément aux besoins et objectifs d’usage. Autre solution : le recyclage des eaux usées, une alternative crédible.
Recyclage des eaux usées, une solution viable

La réutilisation des eaux usées contribuera à diversifier les sources d’eau fournies aux habitants et aux entreprises, à réduire la pression sur les usines d’eau potable, et à économiser les ressources en eau douce. D’ailleurs, les entreprises auront un éventail de choix concernant l’eau, en fonction de l’usage auquel elle sera destinée. Ce qui aidera les établissements à réduire les tarifs pratiqués, contribuant à augmenter la compétitivité de leurs produits sur le marché. Autre avantage du recyclage des eaux usées, et pas des moindres : la diminution de la pollution.

Des rizières détruites dans la province de Soc Trang (delta du Mékong) à cause de la sécheresse et de la salinisation des sols, en mars 2013.
                                                                                Photo : Trung Hiêu/VNA/CVN


Les eaux usées recyclées serviront pour l’arrosage, les travaux d’hygiène, le refroidissement, la production industrielle et agricole... La réutilisation des eaux usées permettra à la mégapole du Sud d’économiser un million de mètres cubes par jour et de déduire 10 milliards de dôngs chaque jour sur la note de frais du traitement de l’eau pour la rendre potable. De plus, la ville rencontrera moins de difficultés concernant la fourniture en eau potable pendant les périodes de sécheresse et réduira la pression sur les cours d’eau tels Tri An, Dâu Tiêng...
Pour mettre en œuvre le recyclage des eaux usées, Hô Chi Minh-Ville doit prendre des politiques encourageant les entreprises à participer au recyclage des eaux usées. Dans cette optique, le Fonds de protection de l’environnement de Hô Chi Minh-Ville prendra la décision d’accorder des crédits à taux d’intérêt préférentiel de 6%/an, avec un terme maximum fixé à sept ans. Gageons que cela suffira à inciter les entreprises ne serait-ce qu’à respecter les règlementations en matière d’environnement.

Hoàng Hoa/CVN


Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top