Législatives en Australie: les conservateurs au pouvoir créent la surprise

La coalition conservatrice du Premier ministre australien Scott Morrison a créé samedi 18 mai la surprise en remportant une victoire "miracle" aux législatives, obligeant le leader travailliste Bill Shorten, longtemps donné favori, à reconnaître sa cinglante défaite.

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Le Premier ministre australien Scott Morrison et sa femme Jenny votent lors des législatives, le 18 mai à Sydney.

"J'ai toujours cru aux miracles. Comme l'Australie est formidable!", a lancé Scott Morrison à ses partisans réunis à Sydney, saluant les "Australiens silencieux".

"Il est clair que le Parti travailliste ne sera pas en mesure de former le prochain gouvernement", a déclaré à Melbourne le candidat battu à ses partisans incrédules. Il a annoncé qu'il démissionnerait de son poste de chef du parti et a appelé son rival "pour le féliciter".

La coalition menée par le Premier ministre sortant, le libéral-conservateur et climato-sceptique Scott Morrison, avait un peu plus tôt été donnée gagnante par la télévision publique ABC. La chaîne n'était toutefois pas en mesure de dire s'il serait en position de diriger un gouvernement majoritaire ou minoritaire.

Ces résultats sont une énorme surprise et un désaveu retentissant pour les instituts de sondage, qui avant le scrutin donnaient vainqueur, avec une légère avance, le travailliste Bill Shorten, sensible à la thématique environnementale.

Quelque 17 millions d'électeurs devaient choisir leurs représentants, sur cette île-continent où le vote est obligatoire.

Les premiers résultats montrent un électorat fracturé, avec de petits partis populistes et d'extrême droite en mesure de jouer un rôle. Comme Clive Palmer, un millionnaire qui n'est pas sans rappeler Donald Trump avec son slogan "Make Australia Great", qui a dépensé sans compter et saturé l'espace médiatique.

Pour Anthony Ching, un sympathisant du camp libéral, les résultats sont "incroyables": "Tout le monde s'attendait à notre défaite".

Le Premier ministre, qui avait pris le pouvoir en août après un "putsch" interne à son parti, revient de loin.

Il s'est trouvé presque seul à défendre son bilan. Plusieurs de ses ministres ont refusé de s'impliquer quand d'autres ont été maintenus à distance pour ne pas desservir la cause.

Mais il s'est lancé dans une campagne négative et a bénéficié du soutien des médias conservateurs du magnat Rupert Murdoch. Il s'est surtout adressé aux électeurs les plus âgés et aisés, inquiets des projets travaillistes de supprimer diverses niches fiscales pour financer des dépenses en faveur de l'éducation, de la santé et du climat.

Pour les libéraux, c'est la douche froide. "Ça me brise le cœur", a lâché Jango Rust, une sympathisante de 19 ans, au QG de campagne des travaillistes à Melbourne. Julie Nelson, 67 ans, accusait le Premier ministre d'avoir "fait campagne sur la peur".

Même si les derniers sondages laissaient entendre que son avance s'était réduite, Bill Shorten, un ancien syndicaliste, était donné favori pour devenir le sixième Premier ministre en une décennie.

"Si le peuple australien votait pour arrêter le chaos et pour une action contre le changement climatique, nous serions prêts à nous mettre au travail dès demain", disait-il samedi matin 18 mai en votant à Melbourne.

Quant à M. Morrison, il s'était montré prudent, après avoir voté dans la banlieue de Sydney: "Je ne tiens pour acquis le soutien de personne dans ce pays".

Le climat comme enjeu

Le réchauffement climatique a largement pesé dans la campagne, après un été austral marqué par des inondations historiques et des canicules record qui ont alimenté des feux de forêts dévastateurs.

Le Parti travailliste a affiché des ambitions dans l'énergie renouvelable, tandis que les Libéraux refusent de mettre en péril l'économie du charbon. Ceux-ci ont du coup mis l'accent sur le coût financier du programme de l'opposition.

Dans les campagnes, les fermiers frappés par la sécheresse réclament des mesures, et dans les banlieues aisées, les électeurs de centre-droit s'ouvrent aussi à l'écologie. Mais cela n'a pas suffi pour que l'opposition l'emporte.

À Sydney, l'ancien Premier ministre Tony Abbott - qui par le passé s'est illustré en qualifiant le réchauffement climatique de "connerie absolue" - a perdu le siège qu'il occupait depuis un quart de siècle.

La campagne aura été violente, avec des candidats agressés et d'autres qui ont jeté l'éponge après des débordements racistes ou sexistes sur les réseaux sociaux. Vendredi 17 mai, un homme de 62 ans a été arrêté et accusé d'avoir enfoncé un tire-bouchon dans le ventre d'une personne portant des banderoles électorales.

La fin de campagne a été marquée par le décès jeudi 16 mai, à 89 ans, du dirigeant travailliste Bob Hawke, qui dirigea le gouvernement australien de 1983 à 1991. Immensément populaire jusqu'à sa mort, l'ex-leader syndicaliste avait la culture du consensus plutôt que de la confrontation.

AFP/VNA/CVN

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