Légalisation du MMA : la boxe en pole position pour organiser la discipline en France

Un pas de plus pour la quête de légitimité des arts martiaux mixtes (MMA) en France : la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a annoncé mardi 21 janvier qu'elle souhaitait déléguer cette discipline sulfureuse mais populaire à la Fédération française de boxe (FFB), avec un joli potentiel de licences à la clé.

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Le Français Taylor Lapilus (gauche) face au Brésilien Breno Marcos lors d'un combat de MMA, le 14 décembre 2019 à Dakar.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le choix aura pris un peu plus que les 40 secondes nécessaires pour la vedette de la discipline, l'Irlandais Conor McGregor, pour terrasser son adversaire samedi 18 janvier à Las Vegas, mais le processus avance.

Un peu plus de six mois après avoir lancé un appel à manifestation d'intérêt et après avoir accepté six dossiers de fédérations candidates, Roxana Maracineanu "envisage d'accorder par arrêté ministériel la délégation de la discipline du MMA à la fédération française de boxe", a annoncé son ministère dans un communiqué.

La France est l'un des derniers pays à interdire officiellement cette discipline à l'image sulfureuse, qui allie plusieurs arts martiaux et permet coups de pied, poing, genou et coude, ainsi que coups au sol, étranglements et clés à l'intérieur d'une enceinte fermée.

Mais contrairement à l'un de ses prédécesseurs, Thierry Braillard, qui avait confirmé fin 2016 l'interdiction par décret, Roxana Maracineanu a pris acte d'une pratique qui existe de fait partout en France. Le MMA, rendu populaire par les combats de l'Ultimate Fighting Championship (UFC), compterait entre 30.000 et 50.000 pratiquants dans des clubs affiliés à diverses fédérations d'arts martiaux, où les éducateurs enseignent les techniques sans forcément inciter au jeu de massacre.

En revanche, la légalisation va permettre d'organiser des galas, une ouverture attendue avec appétit par les leaders mondiaux de ce sport, à commencer donc par la puissante UFC, valorisée à 4 milliards d'USD (3,6 milliards d'euros) lors de son rachat en 2016.

"Il y a un gros marché pour les fans de MMA en France, c'est un pays très important (...) nous espérons organiser plusieurs évènements par an en France et à Paris", avait assuré le directeur général de l'UFC, Lawrence Epstein, en juin 2019.

"Divorce pré-établi" 

Dans le processus du choix de la fédération, le code du sport prévoit encore un avis (consultatif) du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Son président, Denis Masseglia, a indiqué qu'un conseil d'administration était programmé le 29 janvier.

Ensuite, la fédération délégataire sera officiellement annoncée pour un an, avant une "nouvelle campagne de délégation (qui) débutera fin 2020 (...) pour la période 2021-2024", explique le ministère.

"Après nous être battus pendant 15 ans, ça va dans le bon sens", s'est félicité auprès de l'AFP l'un des pionniers du MMA en France, Bertrand Amoussou.

"On savait que la lutte et la boxe avaient les meilleurs dossiers. La lutte est la discipline la plus proche sportivement, mais le ministère a considéré que la boxe était la mieux structurée pour encadrer le MMA", a-t-il expliqué. De plus, "ils ont l'avantage d'avoir déjà une ligue pro et on peut imaginer des compétitions professionnelles de MMA rapidement", a-t-il plaidé. Sans compter que la fédération de lutte (FFL) connaît des difficultés financières.

Les autres candidats étaient le karaté, le kickboxing/muay-thaï, la savate-boxe française et la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

Le ministère avait fixé plusieurs critères : les conditions d'accueil de représentants du MMA dans la fédération, les règles de pratique, de technique et de sécurité, un projet de développement et de haut niveau, et un projet de solidarité du sport professionnel avec le sport amateur.

L'arrivée du MMA devrait représenter un afflux de licenciés pour la boxe, qui en comptait près de 60.000 en 2018 selon les chiffres du ministère des Sports.

"Celui qui vous dit que ce n'est pas un enjeu est un menteur", avait indiqué, sous couvert d'anonymat, le patron d'une des fédérations candidates, prévoyant un gonflement automatique des licenciés.

À terme, il s'agira aussi de prévoir des formations et des diplômes pour les éducateurs rémunérés.

Bertrand Amoussou, lui, voit plus loin. "Le but, c'est qu'on soit accompagné pour voler de nos propres ailes et avoir une fédération du MMA en France. C'est un contrat de mariage avec un contrat de divorce à l'amiable pré-établi", a-t-il prédit.

AFP/VNA/CVN

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