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Malgré les difficultés, l’économie vietnamienne a obtenu des résultats positifs au premier trimestre 2019. Le produit intérieur brut (PIB) a connu une hausse de 6,79%. De bonne augure pour concrétiser l’objectif d’une croissance de 6,8% en 2019, a informé Nguyên Bich Lâm, directeur de l’Office général des statistiques (ministère du Plan et de l’Investissement). L’aquaculture, la transformation, la fabrication et la consommation des ménages sont demeurées les moteurs de la croissance. L’industrie et la construction ont bondi de 8,63%, contribuant à hauteur de 51,2% à la croissance du PIB. Le secteur tertiaire a augmenté de 6,5%, représentant 43,9% de la progression du PIB, a-t-il indiqué. Celui de l’agriculture, de la sylviculture et de l’aquaculture a crû de 2,68%, comptant pour 4,9% de la croissance, a-t-il poursuivi.
Cependant, l’élevage porcin s’est trouvé confronté à plusieurs difficultés depuis que le pays a officiellement signalé l’apparition de la peste porcine africaine (PPA) dans 529 communes, 96 districts de 23 provinces et villes à compter jusqu’au 27 mars, avec 82.200 porcs abattus. Avec 3,4 millions de ménages d’élevage porcin, ce dernier représente 52% de la valeur du secteur de l’élevage et 11,7% de celui de l’agriculture, de la sylviculture et de l’aquaculture.
Nguyên Bich Lâm a également évoqué un relèvement des tarifs de l’électricité de 8,36%, annoncé le 20 mars par le ministère de l’Industrie et du Commerce. Cette hausse se traduit par un accroissement de l’indice des prix à la production (IPP) d’environ 0,17% et de l’indice des prix à la consommation (IPC) de quelque 0,29%, et une baisse du PIB d’environ 0,22%.
Augmentation record des IDE
D’après un récent rapport du Département de l’investissement étranger, relevant du ministère du Plan et de l’Investissement, lors du premier trimestre, l’investissement direct étranger (IDE) a enregistré un record en valeur par rapport à la même période de ces trois dernières années. Ainsi, jusqu’au 20 mars, le Vietnam a attiré 10,8 milliards de dollars d’IDE, en progression de 86,2% en glissement annuel, contre 4,03 milliards en 2016, 7,71 en 2017 et 5,8 en 2018.
Plus précisément, entre le 1er janvier et le 20 mars, le pays a délivré une licence à 785 nouveaux projets, cumulant 3,82 milliards de dollars de capitaux enregistrés, en hausse de 80,1% sur un an. Dans le même temps, 279 projets opérationnels ont relevé leur investissement initial de 1,3 milliard de dollars, en baisse de 40,2%. En outre, les investisseurs étrangers ont versé des capitaux dans 1.653 projets d’entreprises vietnamiennes pour un total de 5,68 milliards de dollars, soit trois fois plus qu’à la même période de 2018. Par ailleurs, les projets d’IDE ont décaissé 4,12 milliards de dollars, +6,2% en glissement annuel.
Selon ce rapport, ces fonds étrangers sont allés dans 18 secteurs. L’industrie manufac-turière est en tête, comme à l’accoutumée, avec 8,4 milliards de dollars (soit 77,7% du total), devant l’immobilier avec 778,2 millions (7,2%) et les activités technoscientifiques avec 383,2 millions (3,5%). Hong Kong (Chine) a dépassé la République de Corée et le Japon pour devenir le plus grand investisseur au Vietnam au 1er trimestre avec 4,4 milliards de dollars (40,7% du total). Elle a devancé Singapour avec 1,46 milliard (13,5%), suivi par la Chine et le Japon, respective-ment un milliard et 700 millions. Avec un fonds total inscrit de 4,15 milliards de dollars, représentant 38,4% des capitaux enregistrés, Hanoï est la première localité en termes de capitaux. Suivent Hô Chi Minh-Ville avec 1,57 milliard (14,5%) et Binh Duong (Sud), avec 625,6 millions (5,8%).
Tirer profit des tensions commerciales
D’après la Commission nationale de surveillance financière (NFSC), la croissance du PIB du Vietnam a atteint 7,08% en 2018, sa meilleure performance depuis une décennie, un taux supérieur à l’objectif du gouvernement.
Malgré les difficultés, l’économie vietnamienne a obtenu des résultats positifs au premier trimestre 2019. |
Le Plan de développement socio-économique de 2019, approuvé par l’Assemblée nationale de la XIVe législature, prévoit une croissance économique de 6,6% à 6,8%. Il fixe aussi pour objectif une hausse de l’IPC d’environ 4%.
Le Vietnam devrait connaître une croissance de 6,8% en 2019 et de 6,7% en 2020, selon le Rapport sur les perspectives de développement en Asie (Asian Development Outlook 2019) rendu public le 3 avril par la Banque asiatique de développement (BAD). Selon Eric Sidgwick, directeur national de la BAD au Vietnam, l’économie nationale a enregistré une croissance élevée en 2018 en raison de la forte hausse des exportations et de la demande intérieure. Il est probable que cette progression sera maintenue dans les temps à venir, grâce à l’industrie manufacturière, aux IDE et à la demande intérieure, ainsi qu’aux réformes pour améliorer l’environnement des affaires et encourager les investissements privés.
Concernant l’inflation, la BAD prévoit un taux moyen de 3,5% cette année et de 3,8% l’année suivante. Cependant, la BAD n’oublie pas de citer les risques qui demeurent. Plusieurs partenaires commerciaux importants du Vietnam voient leur croissance se ralentir. À l’intérieur du pays, la lenteur de la réforme des entreprises publiques pourra être un obstacle à la croissance. Le rapport insiste sur l’importance du renforcement de l’intégration des entreprises privées vietnamiennes aux chaînes de valeur mondiales pour la croissance à long terme du pays. L’amélioration de l’accès aux services financiers des entreprises, surtout des PME, et de leurs compétences est une mesure importante, leur permettant d’appliquer mieux les nouvelles technologies et d’augmenter la valeur de leurs produits. Selon le rapport, si le conflit commercial sino-américain se prolonge, le Vietnam pourra bénéficier d’avantages grâce à la délocalisation de nombreuses usines de Chine vers les pays voisins. Cela pourrait faire augmenter de 2,0 points son PIB à moyen ou long termes.
“En dépit de la guerre commerciale à laquelle se livrent les grandes puissances mondiales, le Vietnam devrait être en mesure de maintenir à l’identique son niveau de croissance. Les mesures mises en place par le gouvernement, à savoir le soutien du secteur privé, le renouvellement du modèle de croissance ou encore l’amélioration de l’environnement de l’investissement et des affaires, sont toutes bénéfiques à l’économie”, a estimé Truong Van Phuoc, président par intérim de la NFSC. D’après lui, pour garantir un même niveau de croissance qu’en 2018, le Vietnam devrait savoir tirer parti des tensions et turbulences commerciales mondiales.
Aujourd’hui, de très nombreuses multinationales délocalisent leur production hors de Chine afin d’échapper aux contrecoups de la guerre commerciale sino-américaine. L’occasion pour le Vietnam de saisir ces nouvelles opportunités et d’accueillir de nouveaux investisseurs. L’entrée en vigueur récente de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) et la signature prochaine de l’Accord de libre-échange Vietnam - Union européenne (EVFTA) devraient également avoir des effets positifs sur la croissance nationale.
Thê Linh/CVN