Espagne
L'économie de la Catalogne secouée par l'incertitude sur l'indépendance

L'onde d'inquiétude suscitée par une éventuelle déclaration d'indépendance de la Catalogne mardi 10 octobre se propage à son économie, affectant petites entreprises et épargnants, après avoir poussé banques et grandes entreprises à délocaliser leur siège social.

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Le président catalan Carles Puigdemont au siège de la "Generalitat", le gouvernement catalan, le 6 octobre à Barcelone.
Le président catalan Carles Puigdemont au siège de la "Generalitat", le gouvernement catalan, le 6 octobre à Barcelone. Photo : AFP/VNA/CVN

Une pléiade de sociétés ont déjà décidé de transférer leur siège social ailleurs, telles Caixabank -la troisième banque d'Espagne-, Banco Sabadell -la cinquième- ou la compagnie énergétique Gas Natural.
Et cette fuite a continué en début de semaine: le gestionnaire d'autoroutes Abertis a annoncé le transfert de son siège à Madrid, "du fait de l'insécurité juridique générée par la situation politique actuelle en Catalogne", de même que Cellnex Telecom et le groupe immobilier Colonial.
Une seule des sept compagnies basées en Catalogne et cotées au principal indice de la Bourse de Madrid a décidé de rester pour l'instant : le groupe médical Grifols.
"La Catalogne représente presque 20% de l'économie espagnole (PIB), 22% de l'industrie, 25% des exportations espagnoles et 40% des grandes entreprises de plus de 200 salariés", énumère Jesus Castillo, économiste Espagne pour la banque internationale Natixis.
À Barcelone beaucoup redoutent que la majorité séparatiste impose une déclaration unilatérale d'indépendance, à l'issue d'une cruciale séance du Parlement catalan mardi 10 octobre.
Des PME assurent en sentir déjà l'effet : "Un client nous a appelés, il était intéressé par notre gestion, mais quand on lui a dit qu'on était basé à Barcelone, ça a posé problème", assure à l'AFP Maria Hinojosa, employée d'un cabinet de conseil financier sur l'avenue Diagonal, dans un des principaux quartiers d'affaires de Barcelone.

Le nouveau siège social de Caixabank à Valence, le 7 octobre.
Le nouveau siège social de Caixabank à Valence, le 7 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Bien sûr qu'on est touché : il y a une diminution de l'appétit pour l'achat d'appartements, maintenant les gens réfléchissent à deux fois avant d'investir, ils attendent de voir", constate Pedro Gomez, d'une agence immobilière barcelonaise.
Épargnants nerveux
La principale organisation patronale catalane, Foment del Treball, a assuré lundi 9 octobre que "de nombreux clients des fonds d'épargne et d'investissement transféraient leurs comptes hors de Catalogne".
Pour elle, la voie indépendantiste conduit la Catalogne "au discrédit national et international et peut-être à l'insolvabilité économique".
Dans son communiqué alarmiste, l'organisation patronale assure que des investissements dans le secteur industriel ont été suspendus et que les réservations touristiques sont moitié moindres qu'habituellement.
Pensant à Banco Popular, rachetée en juin quand elle était au bord de la faillite, des clients des banques catalanes "ont déjà transféré leur argent" ailleurs, explique aussi Juan Fernando Robles, économiste à l'Université d'enseignement à distance de Madrid. "Il y a eu des virements de Catalogne vers d'autres succursales de la même banque hors de la région, mais aussi des transferts vers d'autres entités", ajoute-t-il.
"Cela fait partie du conflit politique, cet effet psychologique qu'il peut y avoir sur la population", constate Xavier Cuadras, professeur d'économie à l'Université Pompeu Fabra de Barcelone.
"Caixabank et Sabadell ont préféré partir parce que le soutien de l'État espagnol, et derrière de l'Union européenne, était plus sûr" en cas de besoin de recapitalisation, explique Éric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management à Paris, insistant sur l'idée que leurs clients n'ont maintenant plus de raison d'avoir peur.

AFP/VNA/CVN

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