Le Zimbabwe cherche des alliés favorables au commerce international d'ivoire

Le Zimbabwe, qui compte un quart des éléphants africains et une des rares populations en hausse dans le monde, tente cette semaine de trouver des alliés pour obtenir la légalisation du commerce international d'ivoire, interdit depuis plus de 30 ans.

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Un garde des parcs nationaux au milieu du stock de défenses d'éléphants en ivoire à Harare, au Zimbabwe, le 16 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le pays a invité les représentants de quinze pays à une conférence dans sa plus grande réserve, à Hwange (Ouest), située à la frontière avec le Botswana et exemple de réussite en matière de protection des éléphants. Ici, quelque 50.000 spécimens se partagent 14.600 km² de végétation. Le parc naturel est grand comme la moitié de la Belgique mais les pachydermes, ayant besoin de vastes étendues pour se nourrir, y sont trop nombreux.

Cette surpopulation entraîne des incidents de plus en plus fréquents : 60 personnes ont été tuées par des éléphants au Zimbabwe depuis le début de l'année contre 72 sur toute l'année dernière, selon le gouvernement. Les éléphants se sont mis à errer hors des réserves. En janvier, une femme et son bébé sont morts piétinés dans le Sud-Est. Le pays compte environ 100.000 de ces grands mammifères terrestres, près du double de la capacité de ses parcs, selon les défenseurs de l'environnement.

Contrairement à d'autres régions où les braconniers ont exterminé l'espèce, principalement pour l'ivoire, le Zimbabwe voit sa population augmenter de 5% par an. L'Afrique australe regroupe 70% des éléphants du continent.

"Signal dangereux"

Certains pays se plaignent des coûts pour sécuriser d'énormes stocks d'ivoire acquis par morts naturelles ou confiscations, arguant que leur vente pourrait financer la conservation ou l'envoi de pachydermes dans des pays où ils sont en déclin. Les ventes internationales d'ivoire sont interdites depuis 1989 par la Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Des ventes exceptionnelles ont été autorisées en 1999 et 2008.

"Il est difficile de trouver un juste milieu", affirme le ministre du Tourisme et de l'Environnement, Mangaliso Ndhlovu. Certaines populations locales se demandent "pourquoi les éléphants sont prioritaires sur leur propre vie", avance-t-il dans un communiqué. La semaine dernière, le Zimbabwe a demandé le soutien des pays européens pour la vente de son stock d'une valeur de 600 millions d’USD.

Il y a trois ans, avec le Botswana et la Namibie, le pays plongé dans une grave crise économique avait déjà réclamé un droit de commerce, mais cette demande avait été rejetée par la CITES à Genève. Pour Frank Pope, de l'ONG Save The Elephants à Nairobi, le commerce encourage automatiquement le braconnage. "L'expérience l'a cruellement montré, tout commerce d'ivoire crée une pression insoutenable sur la population d'éléphants sauvages", dit-il.

La conférence, qui devait se poursuivre jusqu'à jeudi 26 mai, réunit des pays en faveur de la légalisation comme la Chine et le Japon, où l'ivoire est très prisé. Les Seychelles et Madagascar, qui n'ont pas d'éléphants sur leur territoire, sont aussi représentés. Le Kenya et la Tanzanie en revanche, qui sont opposés à une telle mesure, n'ont pas été conviés.

Une cinquantaine d'organisations de lutte contre le commerce international de l'ivoire ont signé une déclaration condamnant toute décision allant à l'encontre de la protection d'une espèce en voie d'extinction dans certaines parties du monde.

"La conférence envoie un signal dangereux aux braconniers et organisations criminelles, laissant penser que les éléphants sont des marchandises et que le commerce de l'ivoire pourrait reprendre, ce qui aggraverait la menace sur l'espèce", ont-elles mis en garde.


AFP/VNA/CVN

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