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Un homme joue avec son chien, le 24 janvier dans un parc près de Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce soir-là, le mari de Sarah a découvert que le local où ils gardaient leurs chiens avait été forcé. Sept animaux avaient disparu. "Un chien a été abandonné à deux kilomètres de là, mais ils ont pris les six autres", raconte Sarah, encore bouleversée. Un mois plus tard, l'un des animaux, une femelle springer anglais, a été découvert par un passant.
"Elle avait une sale blessure dans le dos, ils avaient essayé de retirer sa puce électronique", décrit-elle. Sans succès, ce qui a permis à un vétérinaire de retrouver Sarah, qui vit dans un village tranquille de la région de Port Talbot, au Pays de Galles. Le vol de chiens est devenu un fléau au Royaume-Uni.
Sur le site internet DogLost, Wayne May aide des propriétaires éplorés à retrouver leurs animaux perdus ou volés. Il a constaté une hausse d'environ 250% des vols de chiens depuis le début de la pandémie. "Je fais ça depuis 30 ans et 2020 a été la pire année", explique-t-i. "C'est une pandémie en soi, en plein essor".
Déjà férus de toutous, les Britanniques sont de plus nombreux à rechercher un compagnon à quatre pattes. Ils cherchent à surmonter la solitude et l'angoisse liées aux durs et longs confinements qui se sont succédés dans le pays, plus durement touchés en Europe avec plus de 110.000 morts. Les prix sont montés en flèche, attirant les convoitises.
Amendes "dérisoires"
Selon des chiffres du site d'annonces Pets4Homes, qui a épluché environ 150.000 annonces, le prix moyen demandé de mars à septembre 2020 pour un chien était de 1.883 livres (2.140 euros), contre 888 livres (environ 1.000 euros), soit plus de deux fois moins, au cours de la même période l'année précédente.
Le prix de certains chiots de races très demandées comme les bouledogues ou les cavapoo (croisement entre le caniche et le cavalier king charles), peut atteindre 4.000 livres (4.500 euros). Tout le monde veut son toutou. Pour preuve, la section "animaux de compagnie" du site internet de RSCPA, une association de défense des animaux bien connue dans le pays, a accumulé 40 millions de vues entre fin mars et fin décembre dernier, contre 27 millions de vues la même période en 2019.
"Parce qu'il y a eu une demande tellement énorme, en particulier pour les chiots, nous avons vu des gens essayer de répondre à cette demande en agissant illégalement", déplore Sam Gaines, une des responsables de RSPCA interrogée par l'AFP. "Nous avons vu par exemple une augmentation du nombre de chiots venant de l'étranger et nous avons d'énormes inquiétudes sur la façon dont les chiots sont élevés hors du Royaume-Uni, et les très longs voyages qu'ils doivent endurer pour arriver dans ce pays", poursuit-elle.
En dehors des filières organisées, des voleurs s'intéressent aux chiens qu'ils peuvent facilement subtiliser. "Avant la pandémie ce que nous voyions, c'était du vol d'opportunité, un très petit pourcentage était constitué de gangs criminels ou de vols spécifiquement ciblés. Cependant, tout a changé l'année dernière", dit Wayne May qui collabore avec la police britannique. Pour lui, seul un durcissement des sanctions pourra décourager les voleurs.
"C'est plus lucratif d'être voleur de chiens que d'être dealer de drogue maintenant au Royaume-Uni. Si on vous attrape en train de voler un chien, vous risquez une amende dérisoire de 200, 250 livres. Et les gangs criminels sont prêts à courir le risque pour un montant si dérisoire", expose-t-il. En attendant, chez Sarah, quatre patterdale terriers et un border terrier manquent toujours à l'appel. Leur maîtresse angoisse : "Après avoir vu les blessures de mon spaniel, je suis encore plus inquiète pour les (autres) chiens".
AFP/VNA/CVN