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Rien n’illustre mieux l’extraordinaire décolage écono-mique du Vietnam que son agriculture. Au milieu des années 1980, en pleine déroute de la collectivisation, le pays était au bord de la famine. Vingt ans plus tard, le Brésil, jusqu’alors premier exportateur mondial de café robusta, était détrôné par le Vietnam. Les paysans vietnamiens sont en effet devenus de redoutables concurrents concernant toutes sortes de produits allant des noix de cajou au poivre en passant par le café et le caoutchouc.
En 2019, le secteur agricole national vise un chiffre d’affaires à l’exportation de 42 à 43 milliards de dollars. |
En 2018, selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR), le secteur agricole a contribué à hauteur de 8,7% à la croissance de l’économie nationale. Le secteur agro-sylvicole et aquatique a enregistré une croissance de 3,76%, la plus forte depuis sept ans, pour atteindre un record de plus de 40 milliards de dollars à l’exportation. Il convient de mentionner que, même si le volume d’exportation n’a pas augmenté, la valeur des produits a cru considérablement. Le Vietnam occupe la 2e place en Asie du Sud-Est en matière d’exportation de produits agricoles. Le MADR fait de son mieux pour approvisionner en aliments sains 100 millions de Vietnamiens, améliorer les conditions de vie de la population et augmenter la valeur des exportations.
D’après le vice-ministre de l’Agriculture et du Dévelop-pement rural, Hà Công Tuân, le secteur agricole vietnamien vise une croissance annuelle mini-male de 3% et une productivité augmentant de 3,5% par an d’ici 2020. Il s’efforcera d’atteindre 42-43 milliards de dollars d’ex-portation d’ici deux ans.
Doper l’industrie de transformation
Le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a fixé l’objectif de faire du Vietnam l’une des 15 puissances agricoles et l’un des 10 plus grands transformateurs agricoles du monde d’ici 10 ans.
Les produits agricoles vietnamiens sont présents dans près de 200 pays et territoires à travers le monde. La restructuration de l’agriculture dans la bonne direction au cours de l’année écoulée a permis de créer des milliers de chaînes de lien entre producteurs, transformateurs et consommateurs. Des données montrent que les usines de transformation modernes peu-vent permettre de traiter tous les produits des agriculteurs et de les optimiser de 50% à 80%. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Nguyên Xuân Cuong, a affirmé que le développement d’usines de transformation devrait constituer une avancée décisive pour que les agriculteurs puissent vivre et s’enrichir.
Le riz du Vietnam est vendu sur 150 marchés à travers le monde. |
Photo: Vu Sinh/VNA/CVN |
Sur 2 millions d’hectares, les agriculteurs produisent annuel-lement environ 26 millions de tonnes de légumes et fruits. Cependant, le volume transformé n’est que d’environ un million de tonnes, les 25 millions restants devant être vendus frais ou exportés bruts. Avec l’investissement dans les usines de traitement, le taux de produits agricoles transformés pourra augmenter rapidement dans les deux années à venir. À noter que les usines construites ont décidé de former une chaîne fermée allant de la production, de l’élevage à la transformation, à l’exportation, permettant aux agriculteurs d’augmenter leurs revenus et d’améliorer la valeur des produits.
Avec ses avantages pédoclimatiques, si le Vietnam construit environ 200 usines de traitement d’une capacité de 50.000 à 150.000 tonnes par an d’ici 2030, le chiffre d’affaires des fruits et légumes exportés pourra annuellement atteindre
15 milliards de dollars. Le problème est d’avoir une véritable politique d’investissement pour promouvoir ce secteur. Il est nécessaire aussi de changer radicalement de stratégie indus-trielle, ce qui signifie que les services et l’industrie doivent s’articuler autour de l’agriculture, en s’appuyant sur cette force pour élever le pays. Selon de nombreux experts, avec une forte détermination de changer et une volonté d’agir, dix ans seraient suffisants pour que le Vietnam devienne un centre mondial de transformation de produits agricoles.
Le MADR vient d’annoncer une liste des 13 produits clés pour le Vietnam: riz, café, caoutchouc, noix de cajou, poivre, thé, légumes et fruits, manioc et produits dérivés, porc, viande et œufs, poisson tra (pangasius), crevettes, bois et produits en bois.
Imposer le label rizicole
Afin de doper les exportations de riz, le logo de la marque “riz du Vietnam“ a été récemment dévoilé. On peut y voir un épi de riz avec des feuilles en forme de chim lac (oiseau légendaire). La phrase “Viet Nam Rice” est écrite sur le logo vert de forme ovale. Le Vietnam a déposé une demande d’enregistrement international de la marque auprès du système de Madrid, un système construit sur la base du protocole et de l’arrangement de Madrid d’avril 2017. Avec 62 pays signataires, ces accords ont pour but de mettre en place un régime de protection internationale des marques, labels et appellations. Une fois que la demande aura été traitée par tous les membres du système de Madrid, le MARD collaborera avec les agences et les entreprises concernées pour adopter les réglementations relatives à l’utilisation du logo sur le marché mondial. En plus de marquer la présence du riz vietnamien sur le marché mondial, ces dispositions encourageront les entreprises et les agriculteurs à investir dans une production de meilleure qualité. Le riz correspond à environ 80% des exportations nationales de céréales.
En dépit d’une urbanisation et d’une industrialisation rapides, la superficie consacrée à la riziculture représente encore environ 60% de la superficie totale des cultures et la production de riz fait vivre environ 9 millions de foyers paysans. Après une trentaine d’années de Renouveau, d’un pays importateur de vivres, le Vietnam est devenu un des trois premiers exportateurs mondiaux de riz avec une production annuelle moyenne de 5 à 6 millions de tonnes. Il en exporte vers 150 pays et territoires. Outre une poignée de marchés traditionnels - les Philippines, l’Indonésie, la Malaisie, Cuba, la Chine et plusieurs pays africains -, le riz vietnamien compte bien se faire une place en Europe, en Amérique et en Océanie.
En plus de créer un envi-ronnement favorable à la production et au commerce du riz, le gouvernement vietnamien s’est également fixé comme objectif de renforcer les liens entre la production et le marché national et international. Outre les avantages découlant de la tendance à l’intégration par le Vietnam du marché mondial, la production de riz a été, est et sera affectée par les impacts croissants des changements climatiques, de l’urbanisation, des instabilités socio-politiques dans de nombreuses régions du monde et des maladies végétales émergentes.
Le Vietnam joue un rôle de plus en plus important dans la coordination avec les organisations partenaires, les pays importateurs et expor-tateurs de riz et est devenu en cela un garant de la sécurité alimentaire mondiale. Le gouvernement a adopté l’an dernier une stratégie de développement des marchés pour le riz vietnamien pour la période 2017-2020 avec une vision 2030, avec pour objectif de réduire progressivement le volume tout en stabilisant et augmentant la valeur des exportations.