"Le Vietnam joue un rôle très actif dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel"

À l'occasion du 20e anniversaire de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (18 avril), Tim Curtis, secrétaire de cette Convention 2003 de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a accordé une interview à l’Agence Vietnamienne d’Information sur les réalisations du monde et du Vietnam.

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Tim Curtis, secrétaire de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.
Photo : VNA/CVN

L’année 2023 marque le 20e de la signature de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Pourriez-vous parler des réalisations dans le monde après 20 ans de mise en œuvre de cet engagement ?

La Convention existe depuis 20 ans et nous avons maintenant 181 pays de l’UNESCO qui l’ont ratifiée. C’est un taux remarquable d’adhésion. Ce qui démontre bien que cette convention a un sens pour tout le monde. Je peux dire que les impacts sont énormes. Il y a 20 ans, il y avait très peu de pays qui avaient des politiques ou programmes pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Mais aujourd’hui, pratiquement tous les 181 pays ont au moins un programme de reconnaissance du patrimoine culturel immatériel. Au début de la mise en œuvre de cette Convention en 2003, un de ses objectifs était de faire connaître et faire savoir l’importance du patrimoine culturel immatériel.

Aujourd’hui, je peux dire que cet objectif a été atteint, parce maintenant, quand on parle de patrimoine culturel, on ne peut plus parler uniquement des monuments ou des sites, mais on parle aussi forcément du patrimoine culturel immatériel. Donc cela veut dire que la convention a bien atteint ses objectifs. Et on a une convention presque universelle. Presque tous les pays membres de l’UNESCO en sont membres. C’est un grand succès. Je pense, après 20 ans, qu’ il y a eu beaucoup de changements. Et cela a changé la notion de ce que c’est le patrimoine culturel.

Le Vietnam est un des premiers signataires de cette convention. Pourriez-vous évaluer les efforts et réalisations du pays dans la mise en œuvre de cet engagement de l’UNESCO ?

Le Vietnam a joué un rôle très actif dans cette convention. Il a été deux fois membre du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Le Vietnam a une quinzaine d’éléments inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel et il a été le premier pays à faire un transfert de la liste des éléments du sauvegarde urgente vers la liste des représentatifs. Donc le Vietnam joue un rôle très actif au niveau international, dans le cadre de la convention, mais aussi je crois au niveau du pays.

Le Vietnam a intégré plusieurs politiques culturelles nouvelles qui ont reconnu le patrimoine culturel immatériel et je pense aussi à la politique de 2009 (Loi sur le patrimoine culturel complétée et amendée en 2009 - ndlr). Il y a aussi une reconnaissance dans la politique du pays sur le patrimoine culturel immatériel, du fait de la richesse ethnique du pays. Donc, on voit que le Vietnam est un pays qui s’est engagé très fortement dans ce domaine, avec une richesse qu’on connaît tous. Je pense que le Vietnam reconnaît fondamentalement le rôle de la culture dans son développement durable, donc il la place à un rang très élevé dans sa politique nationale. C'est pour nous un message très important.

Cité impériale de Huê, patrimoine culturel mondial reconnu en 1993.
Photo : VNA/CVN

D’après vous, qu’est-ce que le Vietnam doit faire pour mener à bien la préservation de ses patrimoines culturels immatériels dans les temps à venir ?

On est toujours en train d’apprendre ce que c’est la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Puisqu’une sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, elle se passe par la transmission intergénérationnelle, donc de la transmission d’une génération à l’autre et dans ce sens-là, ce travail n’est jamais fini, il est continu. Il faut toujours continuer à faire des efforts et à s’adapter. Il faut penser à de nouveaux mécanismes, travailler avec les communautés et le secteur de l’éducation, intégrer le savoir dans l’éducation et continuer à travailler avec les jeunes parce que ce sont eux qui vont continuer à transmettre le savoir.

Il s’agit non seulement de sauvegarder le patrimoine culturel immatériel, mais de l’utiliser pour atteindre les objectifs du développement durable que ce soit dans l’agriculture, l’éducation, la réduction de la pauvreté… Le rôle du patrimoine culturel immatériel est très important. Il faut d’abord le sauvegarder, mais aussi l’intégrer dans les politiques du développement. Le Vietnam est en train de le faire, donc il vous faut continuer dans ce sens-là.

Propos recueillis par Nguyên Thu Hà/CVN

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