Le Têt du 3e jour de la 3e lune

Les Vietnamiens fêtent le Têt du «manger froid» au 3e jour de la 3e lune chaque année. Ce jour-là, toute la famille se régale de deux sortes de gâteaux de riz sucrés en forme de boulettes.

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Préparer des banh trôi et banh chay, deux sortes de gâteaux que les Vietnamiens mangent pendant le Têt du manger froid.

Le Grand Larousse définit ainsi le Têt : «Au Vietnam, célébration premier jour de l’année du calendrier lunaire». Cette définition s’applique en réalité au principal Têt vietnamien (Têt Nguyên Dan ou Fête du premier matin de l’An), car les Vietnamiens célèbrent plusieurs Têt au cours de l’année. Le Têt est sans doute la déformation phonétique du mot sino-vietnamien Tiêt qui signifie : nœud de bambou, partie de l’année (saison). L’année est divisée en 24 périodes météorologiques (Tiêt) qui déterminent souvent le calendrier agricole : Lâp xuân (Début du printemps), Côc vu (Pluie des céréales), Thanh minh (Pure clarté), etc. Le passage d’une période météorologique à la suivante constitue un nœud crucial introduisant des conditions météorologiques nouvelles, parfois troublantes, qu’il convient de marquer parfois par des fêtes rituelles du Tiêt (Têt).

Six de ces Têt (fêtes) sont célébrées par beaucoup de familles : le Têt Nouvel An (Têt Ca : Grand Têt), du 3e jour de la 3e lune, du 5e jour de la 5e lune, du 15e jour de la 7e lune (Fête des morts), du 15e jour de la 8e lune (Fête des enfants) et le Têt du 23e jour de la 12e lune (Départ des divinités du foyer).

Présenter des offrandes dont deux sortes de boulettes de riz à l’autel des ancêtres au 3e jour du 3e mois lunaire.

En cette année 2016, le Têt du 3e jour de la 3e lune tombe le 9 avril. Ce Têt du «manger froid» commémore un fait historique de l’Antiquité chinoise. Pendant l’époque Printemps-Automne (770-475 av. J.-C), le roi de la principauté Jing a fait incendier une forêt dans laquelle s’était réfugié Jie Zicui qui l’avait servi avec un esprit de sacrifice exemplaire pendant son exil. Il voulait ainsi obliger son sujet fidèle à se montrer et accepter une récompense un peu tardive. Jie Zicui refusa de sortir, se laissant brûler. On rend hommage à sa mémoire en interdisant de faire du feu pendant trois jours. De là est née la coutume de manger froid le 3e jour de la 3e lune.

Deux sortes de boulettes de riz

Au Vietnam, les gens oublient en général l’origine de cette fête qui offre simplement une occasion de sacrifier à leurs propres ancêtres. On confectionne pour la circonstance deux sortes de gâteaux. Les «gâteaux maigres» (banh chay en vietnamien) en farine de riz gluant sont farcis de dolique vert et de confiture, saupoudrés de sésame. Ils sont servis dans un bol d’eau sucrée parfumée d’essence de fleur de pamplemoussier. Les «gâteaux flottants» (banh trôi en vietnamien) sont formés d’un noyau de sucre enrobé dans une pâte de riz. Ronds comme de grosses billes, ils flottent dans une assiette d’eau.

Les banh trôi (gauche) et banh chay. Photo : Truong Trân/CVN

À propos de ce type de boulettes de riz, Hô Xuân Huong, poétesse érotique du XVIIIe siècle, leur dédie ce poème très connu :

Bánh trôi nước
Thân em vừa trắng lại vừa tròn,
Bảy nổi ba chìm với nước non.
Rắn nát mặc dầu tay kẻ nặn
Mà em vẫn giữ tấm lòng son.

Les gâteaux flottants

Un corps tout blanc,  et ma condition est d’être ronde

Maintes fois, je flotte, je sombre avec les eaux.

La main qui m’a pétrie, me fait dure ou molle,

Mais je garde toujours un corps vermeil.

Honni soit qui mal y pense.


Huu Ngoc/CVN

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