Le téléphérique urbain prend timidement son envol en Île-de-France

L'Île-de-France se lance dans l'aventure du téléphérique urbain avec une première ligne qui pourrait ouvrir dans quelques années entre Créteil et Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), mais la plupart des autres projets devraient rester dans les cartons.

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Le téléphérique de Grenoble, en 2014.
Photo: AFP/VNA/CVN

Officiellement baptisé "Câble A", le premier téléphérique de la région devrait relier sur 4,5 kilomètres le terminus du métro à Créteil-Pointe du Lac à Bois-Matar, un quartier de Villeneuve-Saint-Georges, avec trois stations intermédiaires à Valenton et Limeil-Brévannes.

L'enquête publique est ouverte jusqu'au 11 mai (le dossier étant consultable sur le site www.cable-a-televal.fr).

Porté depuis une dizaine d'années -sous le nom de "Téléval"- par le conseil général du Val-de-Marne qui avançait un devis de 60 millions d'euros pour un trajet plus court, le projet a été repris et rallongé par Ile-de-France Mobilités (IDFM, ex-Stif), l'autorité régionale des transports. Celle-ci annonce un temps de parcours de 17 minutes avec des cabines se succédant toutes les 30 secondes aux heures de pointe, jusqu'à 40 mètres de hauteur. Et un coût réévalué à 132 millions d'euros.

"Ce projet a une bonne rentabilité socio-économique, de 12%", remarque Laurent Probst, le directeur général d'IDFM, pour qui un dossier devient intéressant "au-dessus de 8%". "Si on avait voulu faire un bus en site propre à cet endroit-là, (...) ça aurait coûté beaucoup plus cher", juge-t-il.

Il faut en effet franchir plusieurs obstacles, dont une voie rapide, un gros faisceau ferroviaire et une coulée verte, avant de monter sur le plateau où sont situées Limeil-Brévannes, Valenton et Villeneuve-Saint-Georges. Le but du jeu est donc de désenclaver ces communes mal desservies du Sud-Est de Paris.

IDFM se refuse à donner une date d'ouverture pour son "Câble A" qui devrait transporter environ 10.000 personnes par jour, soit "l'équivalent d'une grosse ligne de bus".

L'autorité régionale espère lancer un appel d'offres d'ici la fin de l'année, une fois obtenue la déclaration d'utilité publique du projet, pour un "marché global" comprenant la conception, la réalisation et la maintenance du futur téléphérique. L'exploitation pourrait faire partie de ce paquet ou faire l'objet d'un marché séparé, selon M. Probst.

Oppositions

Ensuite, une fois le contrat signé si tout va bien vers la mi-2021, il faudrait "entre trois et cinq ans" pour construire le téléphérique, hasarde-t-il.

Le téléphérique urbain à Brest, en 2016.
Photo: AFP/VNA/CVN

Dans le paysage des transports en commun, le périphérique urbain -souvent une télécabine, dans les faits- revient périodiquement comme "la" solution permettant notamment de franchir des obstacles et/ou de grimper des pentes, pour un prix raisonnable.

Si des exemples sont régulièrement cités en Amérique latine, de La Paz à Rio-de-Janeiro, Bogota et Medellin, les villes françaises sont plus timides, et de nombreux projets ont été abandonnés.

Brest a franchi le pas, avec une ligne traversant le port depuis fin 2016. Devraient suivre Ajaccio, Grenoble, Orléans, Saint-Denis (Réunion) et Toulouse.

En Île-de-France, IDFM a étudié pas moins de 13 projets, permettant potentiellement d'aller jusqu'à un "Câble M".

"C'est compliqué", résume Laurent Probst. Pour certains d'entre eux, un bus ferait l'affaire, tandis que la faisabilité technique d'autres pose problème.

"La grosse difficulté qu'on a est aussi d'ordre politique", note le responsable. "C'est l'acceptabilité d'avoir un câble qui passe devant les immeubles ou au-dessus des maisons. Il y a beaucoup d'élus qui rechignent, parce qu'il y a tout de suite des riverains qui s'opposent au projet" -y compris d'ailleurs à Créteil pour le "Câble A".

Il faut donc approfondir les études pour changer les tracés, le cas échéant. Et attendre des évolutions technologiques: le téléphérique ne sait encore aller que tout droit, si bien qu'il faut construire de coûteuses stations intermédiaires aux virages si on veut le faire tourner.

"Sur un certain nombre de liaisons, le téléphérique semblait assez séduisant au départ mais était finalement une fausse bonne idée", car compliqué à construire, plutôt cher, assez lent et peu capacitaire, remarque Elodie Hanen, directrice générale adjointe en charge du développement chez IDFM.

Du coup, la ligne de Créteil à Villeneuve-Saint-Georges sera-t-elle la seule dans la région capitale? Laurent Probst reste prudent: "On a un +Câble A+, je pense qu'on aura un +Câble B+, mais on n'ira sans doute pas jusqu'au +Câble F+!"


AFP/VNA/CVN

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