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La capture d'écran du film documentaire +Chuyên di cuôi cùng cua chi Phung+ (2014) de la réalisatrice indépendante Nguyên Thi Tham. |
Photo : Internet |
C’est un vent neuf qui souffle sur le documentaire vietnamien. Cette nouvelle génération de réalisateurs ose innover, bousculer le monde de la production tout en captant avec justesse la demande du public.
Deux compagnies de production sont des pionniers dans le domaine. Tout d’abord les Ateliers Varan à Hô Chi Minh-Ville, une filiale de l’entreprise française spécialisée et leader dans les documentaires. Et de l’autre, le Centre pour le développement des talents cinématographiques (TPD) qui mise sur les projets de films indépendants.
Avec leur accès aux techniques et technologies venues de l’Ouest, toutes deux organisent de cours pour ceux intéressés au genre. Toutes présentent des points communs : l’absence de narration, et pas de scénario écrit à l’avance. Les réalisateurs prennent contact et rencontrent les «acteurs» des mois en avance pour supprimer toutes les distances entre les membres de l’équipe.
Le public, exigeant, attend toujours des documentaires en haute qualité, mais leur production reste limitée. Les producteurs n’ont pas accès à des fonds illimités, de sorte que le TPD favorise plutôt les réalisateurs indépendants. Et c’est sans compte qu’un documentaire projeté au cinéma est très loin d’être rentable, si l'on compare avec des films commerciaux.
Huit films sont sortis des cours dispensés au centre Varan, dont cinq ont été projetés à l’Université du théâtre et du cinéma de Hanoï. Les spectateurs ont apparemment été surpris de la qualité des œuvres, qui avaient à peine nécessité trois mois de formation.
Duoi chân dai lô (Au-dessous des ponts) retrace la vie d’une personne qui transporte des personnes avec sa pirogue au-dessous des ponts du centre de Hô Chi Minh-Ville. Autre exemple est le film Giuong xinh (Jolis lits) qui parle des journées de travail de menuisiers produisant les lits, avec toutes les joies, tristesses et pressions que cela peut engendrer.
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Trân Van Thuy, réalisateur du film documentaire +Chuyên tu tê+ (1987). |
Photo : Internet |
En 1987, le fameux Chuyên tu tê (Les bienfaisants) avait fait grand bruit au niveau mondial en raflant le deuxième prix au Festival international des films documentaires et du film d’animation de Leipzig. Abordant la pauvreté du peuple vietnamien avant la période de Dôi moi (1986), ce film restera toujours dans la mémoire du cinéma vietnamien, même si à l’époque, il avait été interdit à la projection.
En 2014, Chuyên di cuôi cùng cua chi Phung (Le dernier voyage de Phung) de la réalisatrice indépendante Nguyên Thi Tham est devenu le premier film documentaire au Vietnam qui a été diffusé dans les salles de cinéma au niveau national. Les 86 minutes du film abordent l’histoire d’un transsexuel, enceinte, et à la tête d’une petite troupe de théâtre. Le film a gagné le cœur du public grâce à sa narration simple et «nature», tout en abordant les aspects inconnus de la vie à Hô Chi Minh-Ville.
En 2015, le film Lua Thiên Nhân (Le feu de Thiên Nhân) est aussi sorti du lot en abordant le quotidien d’un petit orphelin, à la jambe nécrosée, et qui a fini par être adopté par une famille. Le réalisateur Dang Hông Giang est en fait journaliste, et il a noué une collaboration avec l’écrivain Doàn Tuân et le compositeur Phu Quang. L’accueil très positif du public lui a donné des ailes pour continuer avec Dang sông (Mériter de vivre) qui revient sur la vie de trois personnes différentes. Il y a tout d’abord une femme qui vit avec son fils né d’une fécondation in vitro à partir du sperme de son défunt mari ; un cancéreux qui décide de quitter sa vie quotidienne pour réaliser des photos d’oiseaux dans les grandes forêts du Vietnam ; et enfin, un courageux vétéran qui débusque et ramasse des bombes encore intactes dans le but de protéger les autres. Le film est sorti sur les écrans le 18 novembre.