Ebook et livre papier, une harmonie ?

À l’ère du numérique, l’ebook (livre numérique) est en plein développement, mais la plupart des Vietnamiens préfèrent toujours les livres imprimés. Le marché les accueille tous deux, le but principal étant d’encourager la lecture.

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L’ebook a connu dans maints pays une forte montée en puissance ces dernières années avant que la courbe ne s’inverse.

La majorité des lecteurs vietnamiens continuant de préférer les livres imprimés, de nombreux éditeurs ont du mal à susciter l’achat d’ebooks. «L’ebook est une tendance certaine, mais il ne peut pas remplacer le livre papier. Ils vont coexister», a souligné Dô Ngoc Anh, ancien directeur de l’Université de la culture de Hô Chi Minh-Ville, lors d’un atelier sur les livres électroniques au Vietnam organisé en octobre dans la mégapole du Sud.

La sensation du livre dans les mains Trân Ngoc Mai, étudiante de 1re année de l’Université d’économie et de droit de Hô Chi Minh-Ville, est une lectrice assidue qui achète des livres chaque mois. «Je préfère les livres. J’achète rarement un ebook sur Internet bien que ce soit pratique et qu’il puisse être stocké sur un téléphone portable ou une tablette pour le lire partout», a-t-elle partagé. «J’aime lire un vrai livre, le sentir dans mes mains, plutôt que sur un écran. En outre, c’est difficile pour moi d’acheter des ebooks alors que je n’ai pas de compte bancaire», a-t-elle expliqué.

«Bien que le prix d’un ebook soit de 10% à 40% moins cher qu’un livre imprimé, beaucoup de personnes préfèrent un ouvrage traditionnel, car on le sent dans les mains, on peut sentir son odeur, ce qui n’est pas le cas avec un ebook», a informé Trân Nhât Hoàng Phuong, chargé des affaires pour les ebooks de la société Van hoá phuong Nam (Culture du Sud). «Les sociétés d’ebook ont garanti que les clients étaient propriétaires des livres électroniques achetés, en cas de perte de leur appareil ou de disparition de l’éditeur, mais cela n’a pas suffi pour attirer la clientèle».

L’auteur et traducteur Nguyên Minh Tiên a partagé que de nombreux lecteurs avaient demandé une version imprimée après avoir lu des ebooks. «Je pense que l’ebook ne peut pas remplacer le livre papier. Quand je lis un bon ouvrage dans sa version électronique, je vais ensuite essayer d’obtenir une version imprimée par tous les moyens».

En outre, afin d’accéder aux livres électroniques de différents éditeurs, il faut télécharger diverses applications pour les lire.

Un segment toujours en difficulté

Il y a quelques années, plusieurs éditeurs étaient très optimistes sur l’essor des livres électroniques, au point de penser qu’ils remplaceraient les livres en papier dans un avenir proche grâce, notamment, au développement rapide d’Internet. Mais aujourd’hui encore, le segment ebook des éditeurs reste peu rentable.

Les livres imprimés font de la résistance et conservent toujours la préférence
des lecteurs.

L’ebook est arrivé au Vietnam au début de 2014, mais le chiffre d’affaires de ce segment demeure désespérément inférieur au segment traditionnel, selon Hoàng Phuong. «Curieusement, l’investissement nécessaire est très élevé au Vietnam : coût du développement des applications, des dispositifs de protection électronique des droits d’auteur, de maintenance des systèmes informatiques...», a-t-il expliqué.

Autre défi, le nombre important d’auteurs qui hésitent à autoriser leurs éditeurs à publier sur support électronique. «Si le développement des applications pour ebooks est difficile, la promotion des ventes l’est encore plus. Et les ebooks sont souvent piratés, d’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre !», a-t-il ajouté.

«En fait, les copies illégales ou l’utilisation d’œuvres sans l’autorisation des ayants droit sont très élevées», a avoué un représentant du ministère de l’Information et de la Communication.

«Les reproductions illégales ont de lourdes conséquences pour les éditeurs comme pour les auteurs et, à terme, elles remettent en cause toute l’industrie de l’édition et portent atteinte à la culture», a souligné Hoàng Phuong.

D’après Huynh Mân Dat, un employé de la bibliothèque de l’Université de la culture de Hô Chi Minh-Ville, les procédures administratives complexes de protection des droits d’auteur des livres électroniques sont également un des problèmes que les bibliothèques rencontrent. «La protection des ebooks demeure le problème majeur pour de nombreux éditeurs, au point que la majorité ne publient que des œuvres anciennes, déjà rentabilisées».

Encourager les jeunes à lire

La plupart des distributeurs ont subi de grandes pertes dans le commerce d’ebooks, et certains ont même cessé toute activité dans ce segment. «Nous nous sommes rendus compte que si nous poursuivions dans ce segment, nous subirions des pertes plus importantes que celles constatées après les gros investissements réalisés», a confié un représentant de la Société de la culture Huong Trang.

Néanmoins, plusieurs éditeurs ont poursuivi dans ce segment, mais comme moyen de pousser le développement de celui des livres traditionnels. «Sur le site de ces éditeurs, le public peut prévisualiser une partie de l’ouvrage pour se décider à l’acquérir, mais sur support papier», a affirmé Nguyên Thi Diêm Phuong, chargée des livres électroniques des Éditions de Hô Chi Minh-Ville.

Bien que les livres électroniques représentent une part infime de l’industrie de l’édition, la société Van hoá phuong Nam offre des réductions intéressantes sur les ebooks pour attirer la clientèle : «Les ebooks et les livres vont coexis-ter et se promouvoir mutuellement», selon Hoàng Phuong.

«Les ebooks ne peuvent pas remplacer les livres imprimés. L’important, c’est d’encourager les jeunes à lire, et donc le développement des livres électroniques en tant que moyen de promotion de la lecture», a conclu Dô Ngoc Anh, de l’Université de la culture de Hô Chi Minh-Ville.


Thúy Hà/CVN

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