Le Vietnam a connu de forts changements, passant du statut d’un pays en pénurie récurrente de riz à celui de premier exportateur mondial. L’économie nationale connaît une croissance assez bonne par rapport aux autres pays, même en cette conjoncture économique difficile dans la région comme dans le monde.
Les 30 ans de Renouveau marquent une étape historique importante du développement du Vietnam, montrant une progression sur tous les plans du Parti communiste du Vietnam (PCV), et de l'État et du peuple vietnamiens. Ces années ont la nature et vont dans le sens de la Révolution vietnamienne. Elles sont un processus de conversion complète et approfondie, une grande révolution de l'ensemble du Parti et du peuple dans le but d'"Un peuple riche, un pays puissant, une société démocratique, équitable et civilisée".
Au cours des 30 années de Renouveau, le Vietnam a réalisé de nombreuses performances et obtenu de grands succès. |
De grands acquis obtenus en 30 ans
Globalement, depuis le lancement du Renouveau, le pays a obtenu de grands acquis, d'une portée historique, sur la voie de l'édification du socialisme et de la défense de la Patrie socialiste.
Néanmoins, il demeure beaucoup de problèmes majeurs, complexes, ainsi que des limites et des faiblesses que le pays doit surmonter, afin de s'assurer d’un développement soutenu et durable.
Les réalisations socio-économiques du Vietnam lors de ces 30 ans sont très impressionnantes. Selon le Docteur Trân Dinh Thiên, directeur de l’Institut d’économie du Vietnam, le pays a affiché une croissance moyenne de 7% par an durant cette période, la plus faible étant de 4,8%, et la plus élevée, de 9,5%. Pays de très faible revenu il y a plusieurs décennies, le Vietnam a rejoint en 2010 le groupe des pays de revenu intermédiaire, avec un PIB per capita supérieur à 1.000 dollars américains, soit cinq fois plus que dans les années 1990.
Le taux de pauvreté est passé de 63,7% en 1993 à 4,3% en 2010. La restructuration économique a significativement progressé, les contributions des secteurs de l’industrie et des services ont spectaculairement augmenté, représentant 80% du PIB, alors que celle de l'agriculture a reculé, passant de 40% en 1990 à 18,12% en 2014.
L’économie vietnamienne a effectué sa transition, d’une économie publique centralisée à une économie de plusieurs composantes. Le secteur privé, entreprises domestiques et entreprises issues de l’investissement direct étranger, représentent les deux tiers du PIB national. Pour Trân Dinh Thiên, «le plus grand succès du Vietnam dans son processus du Renouveau est d’être passé d’une économie de subventions et de production agricole à une économie de marché».
Grâce à son modèle d’économie de marché à orientation socialiste, le Vietnam est parvenu en 30 ans à sortir de la crise et à s’engager dans une nouvelle période de développement marquée par une accélération de l’industrialisation et de la modernisation. L’économie vietnamienne s’industrialise et se modernise à une cadence soutenue. Sa production s’adapte de mieux en mieux aux exigences du marché.
Le pays a réussi à concrétiser une politique de développement économique à composantes multiples, en exploitant les potentiels de chacun de ses secteurs. L’économie socialiste de marché se renforce, et ses données macro-économiques sont relativement stables. Progrès et équité sociale sont assurés, le niveau de vie de la grande majorité de la population s’améliorant nettement. Les décisions prises par le Parti communiste vietnamien (PCV) ont été judicieuses, appropriées et décisives pour asseoir le succès du Renouveau.
Le Vietnam a édifié avec succès une économie de marché à orientation socialiste. |
Trois faiblesses de l’économie nationale
Les spécialistes ont souligné trois faiblesses de l’économie vietnamienne : la croissance de la productivité est lente, le modèle de croissance n’est pas raisonnable et le niveau d’investissement dans le développement des sciences et technologies est faible.
«Le plus grand défi national, c’est l’amélioration des capacités concurrentielles», a estimé le Docteur Luu Bich Hô, ancien directeur de l’Institut des stratégies de développement du ministère du Plan et de l’Investissement. Ce défi, présent depuis deux décennies, est devenu plus prégnant depuis l’adhésion du pays à l’Organisation mondiale du commerce. Cette faible compétitivité s’explique par un taux élevé des entreprises employant des technologies datant des années 1970, bien que le coût de leur renouvellement ne représente que 0,2% à 0,3% de leur chiffre d’affaires, contre 10% en République de Corée et 5% en Inde.
Le taux d’application des sciences et des technologies avancées dans la production au Vietnam n’est que 2%, contre 31% en Thaïlande, 51% en Malaisie, et 73% à Singapour.
Par ailleurs, les dépenses nationales dans la recherche et développement (R & D) sont parmi les faibles dans le monde. En 2011, l’investissement dans la R & D représentait 0,21% du PIB, soit un tiers de la Malaisie (0,7%), et très loin derrière à la République de Corée avec ses 3,4%.
Une réforme profonde, complète et radicale
Sur le plan théorique, le processus du Renouveau doit être conduit en étroite association avec la garantie des intérêts de la population, afin de valoriser son rôle de maître et de renforcer la solidarité nationale. Les intérêts de la nation sont suprêmes, il faut exploiter les forces de la nation pour s’intégrer activement et profondément au monde comme pour édifier et défendre fermement la Patrie.
Il est nécessaire de se renouveler, d’élever les capacités de direction et de combativité du Parti, ainsi que d’édifier et de développer un corps de cadres et de fonctionnaires compétents et professionnels en vue de maintenir un système politique puissant.
Les nouvelles évolutions de la situation nationale et mondiale imposent au Vietnam de redoubler d’efforts pour relever les défis et se développer. L’urgence actuelle du PCV, architecte du Renouveau, est d’analyser, de clarifier et de synchroniser la politique et l’économie. Il faut être parfaitement conscient de ceci : réformer la politique ne signifie pas changer de régime politique ou la nature du PCV et de l’État. Loin s’en faut. Il s’agit de réformer les mécanismes, les politiques et la structure, d’améliorer les capacités des cadres, de renouveler les méthodes de travail, de réformer l’administration publique, ainsi que de combattre la bureaucratie, le gaspillage et la corruption.
Il s’agit aussi d’élever l’efficacité des organes du système politique, de répondre aux exigences du développement socio-économique, de renforcer la défense et la sécurité, et de maintenir avec fermeté l’indépendance et la souveraineté nationales.
Historique et révolutionnaire, le processus du Renouveau consiste en une réforme profonde, complète et radicale entreprise autant par le Parti que par le peuple. D’un point de vue général, en 30 ans, le pays a réalisé des performances historiques, qui devraient lui permettre d’atteindre des objectifs beaucoup plus ambitieux.
Texte et photos : Thê Linh/CVN