Le prix du cobalt flambe avec l'essor des véhicules électriques

Les investisseurs parient sur le cobalt, crucial à la confection des batteries des voitures électriques, provoquant une flambée des prix de ce métal rare dont la chaîne de production reste fragile.

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Une voiture électrique est rechargée à Londres le 19 décembre 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

Sur le marché du London Metal Exchange (LME), le prix de la tonne de cobalt a grimpé à 82.000 dollars mi-février, à son plus haut niveau depuis que le LME a commencé à suivre ce métal en 2010.

Pourtant, même si les besoins en cobalt ont été dopés ces dernières années par les smartphones et tablettes, la production reste supérieure à la demande alors que les ventes de véhicules électriques ne représentent encore qu'une part mineure dans l'industrie automobile.

"Les batteries électriques utilisées pour des produits électroniques grand public ont encore représenté 72% de la demande de cobalt pour des batteries", détaillent les analystes de Darton Commodities, spécialistes des échanges de cobalt, dans leur rapport annuel.

"Le marché devrait rester en surplus d'offre jusqu'à ce que les prévisions de croissance exponentielle des ventes de véhicules électriques se matérialisent, autour de 2020", préviennent-ils.

Démarrage électrique

"Les véhicules électriques sont entrés dans l'âge adulte en 2017, avec une croissance des ventes de 51%" dans le monde, remarquent néanmoins déjà les analystes de Macquarie, même s'ils notent aussi que l'arrêt de subventions d'État à la vente en Chine pourrait légèrement freiner cette croissance en 2018.

De nombreux pays prévoient l'abandon progressif des voitures à essence et diesel, ce qui pousse les constructeurs à se préparer à une hausse de la demande en véhicules électriques.

Pour se faire, un approvisionnement soutenu de cobalt est requis, puisque ce métal permet de produire des batteries plus légères et plus résistantes.

Le géant des matières premières Glencore, basé en Suisse, a ainsi affirmé en décembre discuter avec Volkswagen et Tesla pour leur fournir du cobalt, selon des propos du directeur général Ivan Glasenberg rapportés par Bloomberg. Glencore compte produire 63.000 tonnes de cobalt en 2020, contre 27.000 tonnes en 2017.

Dépendance au cuivre

Autre raison de l'excitation des marchés, le cobalt provient très peu d'exploitations de ce seul métal, mais est en grande majorité extrait comme produit secondaire de mines de cuivre et de nickel.

"Résultat, les réserves prouvées de cobalt sont dépendantes de la viabilité économique des mines de nickel et de cuivre", avertissent les analystes de Natixis.

Un morceau de cobalt après une première transformation dans une usine de Lubumbashi, en RDC, le 16 février.

Une baisse des prix de ces métaux pourrait donc entraver les exploitations existantes de cobalt, même si la hausse des prix du minerai motive des projets de mines dédiées uniquement au cobalt.

Par ailleurs, plus de la moitié de la production minière de cobalt est provenue de la République démocratique du Congo en 2017. Devant l'envol de la demande, le pays prévoit de multiplier par cinq sa taxe sur le métal, ce qui a provoqué l'émoi du secteur minier.

Surchauffe du marché ?

Le prix fixé chaque jour par le LME pourrait cependant avoir déjà dépassé les perspectives du cobalt. Dans ce petit marché, où de nombreux échanges industriels se font dans des termes confidentiels, le poids des investisseurs financiers semble avoir pris des proportions demesurées.

Si d'autres métaux, comme le nickel, sont également nécessaires à la fabrication de batteries électriques, ces marchés nettement plus larges répondent à des critères variés. Les investisseurs ont donc choisi de parier sur le cobalt comme actif financier symbole de la révolution verte, ce qui a dopé son prix.

"Les gains des prix sont dus à la fois à la hausse de la demande des consommateurs et à une demande accrue des investisseurs sur un marché ouvert réduit", résume ainsi l'institut géologique américain, l'USGS.

AFP/VNA/CVN

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